Moderateur - 20/11/2018 à 12h29

Bonjour Minabzh,

Merci pour votre message et votre question.

L'utilité de notre ligne d'écoute est relative à ce que vous demandez. Ce que je peux vous dire c'est que vous aurez un interlocuteur anonyme pour parler de votre problème. Il peut vous renseigner sur les centres de soins et peut-être vous rassurer sur le fait que les professionnels spécialisés dans les addictions, même s'ils n'ont pas été dépendants, connaissent en général assez bien ce que cela fait d'être dépendant et savent aider.

Notre ligne fonctionne sur un principe d'appel "unique", même si vous pouvez appeler plusieurs fois bien entendu. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de "suivi" et que vous n'aurez pas, sauf hasard, les mêmes interlocuteurs au bout du fil lorsque vous appelez. Cela n'empêche pas que cela peut servir ponctuellement pour un conseil, une écoute, faire passer un moment difficile...

Concernant votre problème il y a deux aspects : un aspect "technique" et un aspect lié à vos "peurs".

Sur le plan de votre traitement si vous tapez encore de l'héroïne c'est bien d'une part parce que vous avez un accès facilité à cette drogue et d'autre part certainement parce que vous êtes sous-dosée par rapport à votre besoin réel de méthadone. Deux pistes à suivre pour vous seraient de demander à remonter votre dosage et, effectivement, de couper les ponts avec ceux et celles qui vous permettent de consommer. Vous allez déménager, c'est déjà une opportunité. Mais au-delà de ça changez de numéro, ne fréquentez plus vos lieux d'achat et de consommation, coupez avec les personnes avec lesquelles vous consommez. Dans un état de dépendance on a peu de volonté et plus vous éloignerez les possibilités de vous fournir plus facile cela sera de passer le cap du sevrage de l'héroïne.

Vous avez aussi certaines "peurs", légitimes, qui vous conduisent à avoir des obstacles à ce que vous soyez aidée. Vous ne voulez pas en parler à votre médecin parce que vous lui mentez depuis longtemps, vous ne voulez pas vous faire aider par un centre parce que vous n'acceptez pas d'être aidée par des personnes qui ne connaissent pas votre accoutumance.
Si je résume en fait vous avez peur d'être jugée et pas comprise par des gens qui n'ont pas traversé ce que vous avez traversé ou auxquels vous avez menti jusqu'à présent.
C'est sûr que si vous en parlez c'est un risque que vous prenez mais en fait ce risque est assez faible si vous vous adressez à des professionnels des addictions, par exemple les professionnels du centre Douarnevez.

Il me semble que le sens de votre message, la question que vous posez, est donc finalement celle de la confiance que vous pouvez accorder aux services qui aident les personnes dépendantes aux opiacés, que ce soit Drogues info service ou un centre de soins. Votre méfiance est légitime mais si vous n'essayez pas vous ne saurez pas. La confiance en fait se construit pas à pas et les professionnels doivent chercher avant tout à l'instaurer avec vous s'ils veulent pouvoir vous aider.
Mais vous de votre côté pourrez-vous y aller avec sincérité ? Il y a un moment où il faudra vous jeter dans le bain, franchir le cap de demander de l'aide. Cela demande du courage car avoir des interlocuteurs peut aussi souligner parfois vos propres contradictions. Mais l'un dans l'autre vous aurez un objectif commun : celui au moins que vous cessiez d'en avoir marre de cette vie là. J'espère que vous trouverez la bonne "alliance" pour y arriver. Vous ne pourrez le faire qu'en prenant le risque (relatif) de vous exposer à des personnes différentes mais professionnelles.

Bien cordialement,

le modérateur.