Mon sevrage cannabique : Un enfer long... trop long (+ d'1 mois)
31 réponses
Vous lire m'a fait du bien, c'est bon de ne pas se sentir seul dans ce genre de moment, et comme vous le savez, notre "maladie" nous pousse souvent à nous isoler. Un beau matin on se reveille, et on se rend compte qu'on est passé a coté de tout, qu'on est seul..
Ca fait maintenant a peut pres 20 ans que je fume (j'ai 36 ans), tout comme vous ça a commencé avec des potes, ça m'a donné sensation d'appartenir à un groupe, une famille, la ou la vie de merde qu'a été mon enfance laissait un trou béant, un enorme manque de confiance en moi.
J'ai grandi un peu partout dans le sud, mes parents ont divorcé tres tot, quand j'avais 5 ans, mon père lui bossait comme un dingue, c'etait un dur, meme s'il nous aimait mes freres et soeurs et moi. Ma mère elle etait plutot baba cool, mais peu connectée a son rôle de mere. Parfois, souvent, on etait completement livré à nous meme. Mes freres et soeurs et moi, on faisait la balle de ping-pong entre vivre un an ou 2 chez papa, un coup chez maman, un coup en foyer. Mes parents etaient tres pauvre, chez mon père ça impliquait vivre dans une cité pourrav pleine de racailles, qui vous cassait la gueule à 15 contre un parceque vous etiez blanc, chretien, ou meme pour moins que ça. Ajoutez à ça une belle mère horrible qui ne voulais qu'une chose : que vous vous cassiez à nouveau à la DASS ou chez votre mère.
Vivre chez ma mere c'etait à la baba cool, mon beau père etait alcoolique, fumait, mais ils etaient tres gentil, bien que des esclandres, bagarre, et autres entre eux, avec mon frere, on devait souvent les separer. Les gens appelaient ma mere "la folle". Meme si elle nous aimait plus que tout, avoir eu 4 enfants c'etait beaucoup pour elle.
Je vous epargne toutes les horreurs que mes freres et soeurs et moi avons vecus.
C'est donc a 15 ans que je suis arrivé chez elle, en Cevennes. Pour moi decouvrir cette beauté, cette nature à été un vrai changement, je vivais à nouveau, loin de la jungle de béton, de la violence. Pourtant, j'etais deja completement brisé. Vous faire des amis apres ce genre d'enfance, c'est tres dur. Vous avez l'impression d'appartenir a rien, vous voyez les autres avec cet enorme complexe d'inferiorité. Eux ont des parents, de beau habits, une maison, un chien. On se fout de votre gueule parceque vous etes sappé comme un pauvre. Quand on vous demande "d'ou tu viens?", vous ne savez pas quoi repondre, vous vous etes tellement habitué à tout recommencer à chaque fois. Ca en deviens presque epuisant. Les gens vous regardent comme une ame en peine, seul.
Puis je me suis fait des potes, mon 1er joint. Etre avec ces pseudo hippy new-age m'a fait du bien à l'epoque, on faisait des soirées, on picolais, fumait.
Le reste de mon enfance a été chaotique, j'avais passé 15 ans de ma vie à en avoir marre d'etre trimballé comme un sac, à subir la vie, à subir les decisions de tout le monde à votre encontre, la violence, etre livré à soit meme.
Je n'avais rien envie de faire au lycée. Tout mes profs me disait : "Mais Sebastien, tu as des capacités, tu pourrait etre 1er de la classe si tu le voulais". Comment expliquer à votre prof une enfance de merde qui vous parrait interminable? Tout ce que je voulais c'est qu'on me foute la paix. Jusque la, les joints pour moi restaient recreatif, mais plus le temps passait, plus mes activités ne tournaient qu'autour de ça, je ne voyais plus que des potes liés à ça ou presque. (tout comme vous)
A mes 18 ans, ma mère m'a foutu dehors. Et etre livré a soit meme à 18 ans en Cevennes c'est pas facile. Y'a rien pour les jeunes. J'avais à peine de quoi m'habiller. J'ai été accueilli dans une communauté, le travail physique m'a fait du bien. J'etais livré à moi-meme finnancierement donc obligé de me taper les pires jobs que personne ne voulait faire : de la maçonnerie, bucheronnage, travaux saisonniers dans les champs, etc.
Avec les premiers salaires, le choix de pouvoir fumer "open bar", ce à quoi je n'ai pas manqué. C'est donc a partir de 18 ans que je me suis mis à fumer plein pot, tout les jours, pourtant j'etais à peu pres heureux.
L'informatique me passionnait. Tout comme vous, lorsque l'on passe autant de temps isolé, generalement on trouve un/des hobbies pour nous occuper le cerveau, moi c'etait la musique, les ordis.
Puis j'ai rencontré une femme. Avec le recul, c'etait la derniere personne avec qui j'aurais du me mettre en couple, mais bon, a cet age, dans cet etat, vous ne faites pas la fine bouche lorsque quelqu'un s'interesse à vous. On est partis de la communauté, avec les années on a eu des enfants.
Plus les années passaient, plus ma compagne devenait reticente avec le petard. Jusqu'a ce que finalement elle arrete. Moi non, j'etais toujours en mode "Open bar". Un beau jour, elle m'a posé un ultimatum : "Soit tu arrete, soit je m'en vais".
J'ai essayé, j'ai arreté 9 mois. Ca a été les pires 9 mois de ma vie, sans nulle doute.
On vous dit souvent que "Ca dure un mois max t'inquietes", a ce moment la je devais avoir quelque chose comme 26 ans, donc 8 ans à fumer comme un chien. Le sevrage à été abominable, je ne dormais presque pas, meme apres 9 mois, le moindre reve vous reveille, parceque ces p****ns de rêves sont absolument horrible, comme vous l'avez si bien dit.
Deja a cette epoque je commençais a me rendre compte que j'etais passé a coté d'un nombre incalculable de choses. J'ai pas fait d'études, j'ai un BEPC... J'ai mis de la distance avec enormement de monde, tant sur la famille que sur les amis, et puis, vous vous rendez compte que vous etes papa, alors que vous meme, trainez le poids de cette enfance, comme une blessure beante. Mais j'aimais, j'aime mes enfants plus que tout au monde. Et, pour garder ma compagne et mes enfants, mon foyer, j'etais pret a tout, y compris arreter cette saloperie.
Mais ce n'etait pas suffisant pour ma compagne, j'etais deprimé, anxieux, angoissé. Et puis ma compagne est finalement partie avec mes enfants. C'etait la derniere chose que je voulais, et ça m'a foutu un enorme coup. Moi qui ne voulait surtout pas reproduire le schema d'enfance que j'avais vecu, je voulais garder un foyer pour mes enfants, qu'ils se sentent heureux, qu'ils aient des parents sur qui compter.
Cette angoisse, qui vous prend aux trippes ne me quittait plus, j'etais seul. J'avais passé 3 ans a ne faire que m'occuper de mes enfants, sans voir presque personne de mes amis, famille. Apres ça, vous retrouver seul est comme un coup de couteau que vous recevez droit dans le bide. Vous voyez votre compagne se remettre en couple, vos enfants cottoyer un autre homme.… Je n'ai pas de mots pour dire la detresse dans laquelle j'etais. J'avais envie de crever, litterallement.
Puis, pour m'appaiser je piccolait, tout ce que je voulais c'etait arreter de penser à tout ça. Puis un beau jour vous allez a une soirée, puis on vous propose de fumer.. Je me suis dit "bon allez, juste un peu", puis le "juste un peu" s'est transformé en "allez j'en fume qu'un par ci par la", pour au final reprendre "pleine balle". Avec mon ex compagne c'etait la guerre, les avocats, les procedures, ne pas voir mes enfants aussi souvent que je le voudrait. J'etais completement brisé, je le suis toujours finalement.
Petit à petit, en travaillant sur soit, vous comprenez que la fume et ses effets indesirables sont devastateurs, comme vous l'avez si bien dit, ce n'est qu'une bulle temporelle dans laquelle vous laissez votre esprit en suspens, sans reparer tout ce qui est cassé. Aujourd'hui, depuis 6 mois, ma compagne m'empeche de voir mes enfants, pretextants des trucs degueulasse, alors que j'ai toujours tout donné a mes enfants, leurs faire de beaux anniversaires, Noël, leurs faire passer de belles vacances, a la riviere, piscine, dans la nature, leurs faire faire du vélo, aller au parc, la bibliotheque, au café..
Et je me reveille a 36 ans, je me rend compte que je suis completement brisé, que tout ce que j'ai fait jusque la n'a été que mettre un pansement sur une jambe de bois. Les seules choses constructives que j'ai fait ont été de me passionner pour l'informatique, apprendre plein de choses jusqu'en devenir depanneur informatique (au black) pour pas mal de gens, ce qui arrondissait les fins de mois, et elever mes enfants.
Sans mes enfants, c'est tres dur. J'essaie d'arreter de fumer pour la enieme fois, mais de ce fait tout remonte, ma vie de merde, ou je me sent comme un esclave à qui on permet de survivre, oui, juste survivre.
Quand vous n'etes qu'un escalve, vous n'avez le controle sur rien. Vous travaillez pour manger, payer vos factures. Et le fait d'avoir jusque la tout fait pour voir mes enfants la moitié des vacances, et une weekend sur 2 ne vous permet par d'avoir un job fixe, vous travaillez quand vous pouvez, parceque personne n'accepte, a juste titre, que vous ne puissiez pas travailler lorsque vous avez vos enfants pendant une semaine de vacances, et personne pour les garder à votre place. J'ai fait tout les sacrifices pendant 10 ans pour ça. J'ai mis la priorité à mes enfants, pour finalement me retrouver seul.
Lorsque j'arrete de fumer, comme maintenant, j'ai cette porte qui s'ouvre, avec toutes ces emmerdes qui m'assaillent. Mon ex compagne qui a monté mes enfants contre moi, et qui ne veulent plus me voir. Les procedures avec mon avocat pour tenter de faire valoire mes droits, les dettes, le manque d'opportunités, la solitude, la depression, l'anxieté, les reves horrible (le moindre bruissement de feuille me reveille), l'envie de crever…
Je suis partagé entre "continue de fumer, meme un peu" pour maintenir le cap, mais implique tout les problemes que vous avez cité. Le bide detruit par la fume, le sommeil irregulier ou vous vous decalez completement, a vivre la nuit, voir personne, vivre dans sa bulle, n'avoir rien a foutre de tout, et, arreter, et etre lucide.. Trop lucide...
J'ai une, une derniere carte en main, je me suis passionné d'intelligence articifielle open-source, le coding en Python, je suis sur un projet qui pourrait deboucher sur quelque chose. Mais vivre en societé est tellement dur :
-Si je suis clean, tout comme vous, je n'arrive a me concentrer sur rien, certainement du fait de la fatigue de dormir mal, et la deprime, la deprime ne vous laisse jamais tranquille, meme la journée si elle est plus calme, cette boule d'anxieté dans le ventre vous empeche de vous concentrer longtemps, d'etre patient, de me rappeler chaque heure, minute, que mes enfants sont loin, que je ne peux pas les voir, plus tout ce que je disais au dessus..
-Si je fume, je suis un gros stonard, je me couche a des heures pas possible, je ne veux voir personne, ça me coute de l'argent que je n'ai pas. Mais je suis a peu pres calme, tout se calme. Le silence, ce qui s'apparente de la "paix". Ca reste une fausse paix, un piege.. Bref..
Merci de vos posts, ça fait du bien de lire qu'on est pas seul dans ce cas.
Hello Sunti et à tous,
J'en suis à 1 mois et 21 jours d'arrêt. Lorsque je postais mon message, j'étais loin de me douter de la suite. Un enfer, pour se référer au titre du fil. Quelques heures plus tard, j'étais aux urgences, pliée en deux, incapable de quoi que ce soit sauf de pleurer et subir le feu dans l'abdomen. À l'hôpital, j'y suis restée toute la nuit à attendre et j'y ai vécu ma première expérience de toxicophobie dans le milieu hospitalier. Jugement sur mon âge et apathie étaient de rigueur pour le personnel apparemment. Je suis repartie avec un tramadol et une prescription de domperidone, ce qui n'a servi à rien puisque je vomissais tout. Je sais pertinemment qu'ils ne savaient rien faire de plus mais peut-être qu'une perfusion n'aurait pas été de trop et peut-être aussi une orientation vers des professionnels pour les addictions, je ne sais pas, peut-être que j'en demandais trop.
Les maux à l'abdomen, les nausées et vomissements ont bien duré une semaine. Je passais mon temps entre mon lit et les douches très chaudes.
Après les symptômes physiques, c'était mental. Je jonglais entre un état d'indifférence totale et des vagues de désespoir intense jusqu'à des stades d'irritabilité extrême. J'ai eu longtemps la sensation que tout le monde me détestait que je peux carrément appeler de la paranoïa. J'ai énormément pleuré pendant plusieurs semaines, moi qui ne le faisait plus depuis longtemps grâce ou à cause du cannabis et des médicaments. Effectivement, j'étais déjà sous Brintellix — j'ai vu qu'il a été mentionné plus tôt dans le fil. Je suis suivi par une psychiatre depuis des années et j'en ai vu des traitements mais je ne pense pas abuser quand je dis que ce médicament m'a sauvé la vie même s'il ne m'a pas empêché de m'enfoncer dans l'addiction. Je pense que c'est grâce à lui que je n'ai pas expérimenté de symptômes autour de la concentration et de la mémoire.
En parlant d'addiction, je continue de penser que tout le monde banalise le cannabis et beaucoup sont désinformés sur le sujet. Dans mon entourage, tout le monde a été très étonné de mes symptômes de sevrage voir même de mon addiction à la base, et beaucoup pense que c'est "très rare" mais ça ne l'est pas tant.
Je n'ai pas encore parlé des cauchemars mais c'est sans doute le pire dans tout ça (oui, oui). Si tu ne dors pas bien, rien ne peut aller bien, du moins c'est mon avis. Je dormais très très TRÈS peu. Je me réveillais sans cesse toutes les heures et mes cauchemars étaient tous autour soit de la consommation de cannabis soit autour de mes traumatismes de l'enfance et de l'adolescence. Les réveils en sueur, en panique, en pleurs, j'en ai eu plus d'un. L'hypervigilance et les angoisses, notamment en voiture, ce qui ne m'était jamais arrivé, ont surgit de nul part.
Fin août, je n'en pouvais plus des sautes d'humeur et j'avais un besoin viscéral de parler de ce qui m'arrivait alors j'ai contacté un centre thérapeutique spécialisé dans les addictions parce que je ne voulais pas saouler mon entourage avec ça.
Aujourd'hui, je suis une thérapie avec une psychologue analytique, c'est-à-dire qu'elle va creuser et analyser dans le passé les réactions du présent. Je ne suis pas sûre que ça me convienne vraiment, ce n'est évidemment pas ma première fois chez un psy et je n'ai jamais aimé sortir du bureau plus triste que je ne l'étais en rentrant. Mais malheureusement, je crois que c'est la seule réelle solution.
Je me réveille toujours dans la nuit mais je n'ai plus de cauchemars. Les variations d'humeur sont toujours très présentes, c'est pourquoi ma psychiatre m'a prescrit du depakine que je vais commencer demain. Je ne pense plus continuellement à fumer mais ça m'arrive encore régulièrement et j'ai beaucoup de fomo (fear of missing out) si je peux appeler ça comme ça, ou en tout cas, la vive impression de rater quelque chose quand je ne fume pas.
J'essaye de m'occuper et de reconnecter avec ma famille, mes amis et la réalité. J'ai repris les cours aussi, ce que j'avais arrêté à cause de la fumette donc c'est une petite victoire dont je suis fière.
Merci à ceux qui m'auront lu,
Je vous lis tous pour ma part,
Amicalement.
En premier bonjour pour tout le monde!
Je suis tombé sur ce forum car je passe par le même! Après plusieurs années de consomation et 2 retraits de permis le dernier il y 2 jours) en 8 ans je me retrouve mal avec moi mais encore une fois prêt a arrêter! J' ai 35
Bonjour avant tout!
J'ai 35 ans (dont presque 20 de consomation) ça fait plusieurs fois que j'essaye d'arrêter le thc mais a chaque fois c'est le cauchemar ! A chaque fois comme notre ami a l'origine du fil! Je deviens parano, déprimé, je dors pas, j'ai des changement de humeur et j'ai même des troubles gastro et bcp meme! J'ai toujours fait une vie normal! J'ai ma maison, je suis marié et j'ai 2 enfants! J'ai toujours réussi à cacher ça entre la vie jusqu'au moment où les flics mon arrêté! Jamais fumée devant les gens sauf avec de copains dans le même cas! La je me retrouve avec détermination mais les symptômes me démontent, surtout les nuits blanches et les troubles gastro, l'humeur ça dépends de mes interactions, l'anxiété franchement cetais juste pour l'envie de fumer mais, après mon dernier retrait de permis, j'ai franchement pas envie et même pas envie de m'approcher des gens avec j'ai partagé les moments de fumette pour l'instant car c'était son odeur qui m'attire. Mais les autres symptômes me déchirent! Et je peut pas céder car je sais pas quel genre de traitements on va me donner voir même m'arrêter au travail, je peut pas car ça entraînerait des galères encore plus dures et déprimer encore plus! Donc mon ami tu est pas le seul par contre moi je suis qu'au début mais je reste fort car j'ai trop en jeu en plus de devoir récupérer mon permis! Courage les collègues! Restons forts! Car ça c'est le monde où on aurait du jamais rentrer et maintenant la sortie dépend que de nous!



Vous n'êtes pas encore inscrit
Inscrivez-vous
Vous êtes déjà inscrit
x