Profil supprimé - 28/11/2016 à 18h10

Bonjour,
Non vous n etes pas egoiste, et seule pour l aider cela peut etre difficile, mais il y a des choses a faire je crois...

Pour vous, pour vous preserver et garder un peu d energie pour l accompagner vers un mieux. Ce site, ce forum peut representer une aide mais aussi des associations du type anpaa ou des centres medicauxavec addictologues qui proposent generalement de l aide a l entourage. Vous y serez entendue et comprise.

Je vais essayer de vous decrire ce qu il peut ressentir.
Non pas pour le defendre mais parce que je pense que,de maniere generale, avoir une forme d empathie ouvre l esprit, change la facon de voir une situation, de pouvoir en prendre de la distance et de pouvoir mieux comprendre l autre. Et mieux comprendre permet souvent de mieux aider ...
Et puis parce ce qu il ne le fera pas lui meme tout de suite.

"Il n'a pas l'air de prendre ça au sérieux"
Souvent devant vous vous avez une personne sous l influence et l effet d une drogue assez puissante. Avec les annees l alcool lisse les personnalites pour donner finalement le meme masque a tous. Au reveil une chose compte, etre sur de se procurer la dose necessaire pour non pas se sentir bien, mais ne pas se sentir mal. Ce n est pas une question de volonte ou autre c est physique. Je vous engage a aller sur un fil ou j ai laissé des idees qui m ont aidé pour y consulter le lien vers un pdf d une etude de neurologues suisses.
Ce moment ou l alcool va nous mettre bien, a l aise avec nous memes et avec les autres, va etre de plus en plus bref pour laisser place a une ivresse terne, avec le recul je pourrais dire un peu morbide. Et les phases de lucidite sont generalement largement teintees de culpabilisation, d une image vraiment degradee de soi, une image que l on ne peut pas voir, que l on fuit. Ou? Ben dans ce qu on connait le mieux pour ca, l alcool.
C est un esclavage physique et mental, fatiguant, usant alors croyez moi je pense qu il prend cela au serieux.



il ne veut visiblement pas se soigner car dès qu'on en parle, il se ferme comme une huître...."

L idee de se soigner est effectivement difficile a aborder. Et ceci pour plusieurs raisons mais peut etre pas par manque de volonte...
L idee de se soigner c est deja admettre notre rapport a l alcool. Ca deja tout seul quand les mains tremblent a cause du manque on zappe vite vite l idee, alors le faire a"haute voix"voila la montagne...
L idee de se soigner c est l idee d etre force a voir ce putain de miroir sans le masque de l alcool. Avec le temps on ne sait meme plus ce qu il y a derriere, c est juste une grande peur. Car souvent elle est la la verite. Pour certain l alcool est venu en reponse d un besoin de ressentir des choses puissantes mais pour d autres il est venu en protection d une peur, d une grande sensibilite, d une honte ou autre. Il desinhibe... Et au fond de nous, nous savons que derriere le masque il y a cette peur initiale, floue, mais dans le ventre, elle est la. Comme si la memoire du corps avait pris le relais de la memoire mentale, endormie par des annees de defonce. Le ventre c est un siege d emotions... Alors oui l idee de se soigner c est vraiment comme un saut dans le vide pour ceux qu ont le vertige, dans un grand lac sans fond pour ceux qu ont peur de l eau, dans une toute petite boite pour les claustros, enfin ca fait vraiment flipper...
L idee de se soigner c est l idee d arreter. Et ca le peu d heures ou on a du le faire ben ca donne vraiment pas envie d essayer plus.
Physiquement c est hard. Pas bien, les mains tremblent, tout febrile, c est particulier de voir son corps bouger sans qu on ne lui demande, de se voir comme ceux qu avant on traitait de pochetrons... Je rappelle que cela reste le seul sevrage non encadré medicalement potentiellement mortel a cause des crises d epilepsie et delirium tremens.
Mentalement... Alcool et identite perçue ne font plus qu un. C est un peu comme si on allait se perdre. C est un gouffre, une somme de peurs, de douleurs.

Alors oui, un peu a cause de tout ca il fait l huitre...

Mais l idee de se soigner c est aussi l idee d aller vers un mieux, de revivre, pour lui de vous retrouver, vous, vos enfants. Ca aussi nous l avons au fond de nous. Nous le savons. Malheureusement dans l addiction ( et non pas la dependance) il faut souvent un mur pour permettre a cette idee de vivre, pour fissurer, casser le masque.
Ce truc qui nous fait lacher, nous rendre pour la premiere fois pleinement a l evidence. Et la un peu a chacun de decouvrir le sien. Mur medicaux, familiaux. Je dis mur mais en fait c est plus une petite baffe d une main grandement salvatrice.

Je crois que pour l aider il ne faut pas que vous soyez d une quelconque maniere une victime de ses consommations. Vous proteger vous permettra de rester aimante. Vous proteger vous permettra de ne pas juger, de ne pas faire de marque sur les bouteilles, de ne pas amener une culpabilisation qui souvent fait retrouver trop vite la bouteille. Et pour apprendre a vous proteger du mieux possible, pour vous et lui, le mieux est vraiment de ne pas rester seule face a ca.

Ce n est pas facile mais il y a vraiment des possibilites de s en sortir. En plus maintenant l arret definitif n est pas l unique solution, dans un premier temps ca peut eviter cette impression de saut dans l inconnu, faire faire le pas vers les toubibs plus vite. Apres pour moi l idee de lacher une addiction pour retrouver une dependance medicamenteuse ne me plaisait pas trop, alors vu que de toute facon il fallait que je saute, j ai saute. Vous pouvez lui dire que ca va, c est pas dans le vide que l on saute, c est dans la vie et vers nous memes...C est sur ca fait un peu mal, mais globalement c est plutot bon