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e.martin - 28/08/2012 11:55:31

Bonjour Doline,

Merci d'avoir laissé ici, dans notre forum, votre témoignage, vos doutes, vos questionnements. Je vois déjà qu'entre le premier message et le second vous avez "évolué", vous êtes un peu moins perdue. Je ne peux que remercier (encore une fois !) Bluenaranja d'avoir bien voulu prendre le temps de vous répondre et j'abonde tout à fait à tout ce qu'elle a bien pu vous dire. Elle a une riche expérience et nous avons la chance qu'elle la partage avec nous dans ces forums régulièrement.

Pour en revenir à vous, car pour moi c'est de vous dont il s'agit avant tout, voici ce que je retiens. Vous vous débattez aujourd'hui entre le doute qu'il y arrive et qu'il décroche enfin pour de bon et l'espoir que cela soit réellement le cas. Quelle peut être votre place entre ces deux sentiments contradictoires ? Comment trouver encore les ressources pour y croire ?

Lorsque le problème était présent vous étiez comme "folle" et "à bout", sans doute très suspicieuse et à fouiller peut-être ses affaires pour savoir. C'est après tout un (maigre) moyen pour essayer de contourner les mensonges. Mais lorsqu'il est revenu sevré, vous avez constaté que la suspicion et le manque de confiance étaient toujours présents, quoique peut-être heureusement un peu moins intenses : vous le laissez sortir seul mais dès que c'est le cas vous ne pouvez pas vous empêcher d'avoir des doutes en vous disant que cela va être l'occasion pour lui de rechuter. Et cela peut arriver effectivement puisqu'il a pris un shoot de Sub. Mais il peut aussi dire non puisqu'il a su résister à un shoot d'héroïne. Il est notoire, et c'est normal en cette période post-sevrage, qu'il soit traversé par des conflits, qu'il ait des tentations. Il est donc tout à fait légitime que vous ayez des doutes, ils sont justifiés, mais ces doutes ne sont d'aucune utilité ni pour l'aider à dire non, ni pour vous aider vous-même à vous positionner.

La constante de vos messages est celle-ci : vous aimez cet homme, vous avez une relation forte avec lui et je ne crois pas me tromper en pensant que vous comptez beaucoup pour lui et qu'il s'appuie sur vous aussi. Je crois que cela doit continuer à être le moteur principal de vos actions. Je suis persuadé que c'est précisément ce qui peut l'aider justement à dire un jour définitivement non à la came. Bien sûr ce n'est pas la seule motivation puisque dans vos messages respectifs, Blue et vous, évoquiez aussi ses enfants et aussi l'importance d'avoir des projets, ce qui est le cas ici apparemment. Mais puisque c'est de vous dont il s'agit aussi j'ai envie de vous dire "allez-y, vivez votre amour comme vous l'avez en fait toujours fait jusqu'à présent, y compris dans l'adversité". C'est vraiment une force pour lui et si vous l'aimez tant c'est certainement que vous voyez ses qualités qu'il ne voit peut-être pas toujours. Il a alors besoin de votre regard pour s'en souvenir ou le découvrir.

Cependant il faut borner les choses car il n'est pas question non plus que vous vous "sacrifiez" totalement à sa cause. Le ras-le-bol que vous avez eu, la souffrance qui est la vôtre en tant que conjointe sont là pour nous rappeler qu'il y a des limites qu'il faut savoir écouter et prendre en compte.

Je note dans ce que vous écrivez que vous avez beaucoup de responsabilités mais que vous avez pris conscience aussi que cela a pu aller peut-être un peu trop loin, au point peut-être {"qu'il a eu le sentiment d'être dépendant de moi"} écrivez-vous. Votre réaction a été, dites-vous, de le {"laisser prendre ses responsabilités"}. Je crois que c'est tout à fait la voie qu'il faut suivre. En effet, un arrêt d'héroïne doit amener progressivement, au fur et à mesure qu'il redevient capable d'assumer, une redistribution des rôles. Cela prendra du temps mais c'est important aussi - et c'est largement thérapeutique - qu'il puisse retrouver une place où il se sente valorisé et responsable. Bluenaranja nous montre par exemple que la responsabilité induite par sa maternité et le fait d'élever son fils a été un moteur essentiel à sa "guérison".

Blue nous explique aussi, et je crois que c'est important à entendre pour vous, qu'on ne sait jamais à l'avance ce qui va vraiment marcher et qu'il peut y avoir des ajustements nécessaires à certains moments. Ces ajustements seront largement dictés par comment il se sent. Il est à ce sujet très important qu'il puisse exprimer les tensions qui l'habitent et qu'il puisse lui-même accepter éventuellement qu'il ait besoin d'aide si elles deviennent obsessionnelles, trop fortes. Il peut donc éventuellement y avoir des retours en arrière par rapport à la situation d'aujourd'hui où il ne prend rien, c'est-à-dire des prises de médications en fonction de ce qui est nécessaire pour rétablir sa qualité de vie. Ce n'est pas forcément "grave" si l'essentiel, c'est-à-dire sa motivation à tourner le dos à la came, à se reconstruire et à assumer de nouvelles responsabilité, restent acquis. A nouveau, c'est largement la qualité de votre relation et la présence de fortes motivations pour lui qui vont contribuer à ce que cela se passe comme cela plutôt que vers une rechute totale.

De votre côté je voudrais rajouter enfin qu'il est important que vous preniez soin de vous par moment. 80 heures de travail par semaine sans congé depuis 2 ans c'est trop. Même si j'imagine que cela peut être aussi un soutien ou un refuge, vous risquez d'atteindre vos limites, de vous épuiser. Cet épuisement contribue à vos doutes et est de nature à ne plus vous donner l'énergie de le soutenir. Vous avez le droit de souffler de temps en temps, avec ou sans lui comme vous le souhaitez, mais c'est très important sans doute pour lui aussi. Vous n'avez pas à tout tenir, toute seule, 24h sur 24. Vous le savez déjà mais si vous en faite "trop" vous allez là aussi rencontrer vos limites...

Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter un bon courage et bonne chance pour vous, pour lui. Vous pouvez avoir largement confiance en vous car vous avez montré votre capacité à savoir dire votre ras-le-bol quand le moment était venu de le dire, à prendre conseil, à prendre du recul, à analyser la situation et déjà à avoir certaines initiatives positives. Cet espace a ses limites mais néanmoins, comme vous l'a dit Blue, "je reste dans le coin", forcément. Notre ligne téléphonique Drogues Info Service (0 800 23 13 13) peut aussi vous offrir un espace de parole ponctuel pour faire le point. Parce que "parler" cela fait déjà beaucoup de bien et être entendue encore plus happy

Cordialement,

le modérateur.

Profil supprimé mardi 28 août 2012 09:55:31