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Pepite - 04/01/2022 15:32:05

Dis,

Je suis certaine que vous avez fait tout ce qu'il fallait.

Mon fils pratiquait du tennis, s'est éclaté au hand-ball, il jouait du piano. Cependant il était incapable de se concentrer à l'école. Il a tenu jusqu'en 4ème avec ses acquis et sa bonne capacité de mémorisation visuelle et auditive. Lorsqu'il a fallu se concentrer, produire des efforts, les difficultés sont apparues. Je me demande s'il n'a pas un trouble type TDAH.

Je lis et j'écoute B Cyrulnik qui raconte qu'1 jeune sur 3 rencontrera des relations conflictuelles avec ses parents à cause de la puberté qui est un phénomène physiologique propre à tous les mammifères auxquels nous appartenons. Il la distingue de l'adolescence qui pour lui est un phénomène psychosocial qui caractérise la condition humaine.

Il dit que pendant cette période, le cerveau fonctionne moins que le cerveau des bébés car il y a un élagage des synapses. Le cerveau fonctionne à l'économie et qu'il apprend à apprendre. Malheureusement le contexte sanitaire retarde ce virage d'apprentissage et le milieu qu'il perçoit sculpte le cerveau de l'ado.

Il raconte que certains jeunes ont acquis des facteurs de vulnérabilité lorsqu'il étaient enfants (précarité sociale, malheur et/ou stress de la mère, pauvreté, violence...) et que pour 12% d'entre eux la résilience sera difficile. Mon fils est concerné et j'en parle avec lui pour qu'il entende que la résilience est possible.

La juvénilisation est prolongée puisque les jeunes font des études plus longues mais la culture ne permet pas à ces jeunes de se développer favorablement puisque leur désir d'autonomie et d'indépendance est retardé.

La fonction de l'adolescence est de quitter sa famille à cause du surgissement des désirs sexuels, à cause du besoin de la fierté de devenir indépendant. Le scoutisme ou structure dédiée est délaissé et la carence institutionnelle sociale n'offre donc pas au jeune la possibilité de se mettre à l'épreuve.

En Europe du Nord, on propose 1 année sabbatique après le bac où le jeune part dans un projet à l'étranger, encadré et il revient fier de lui, mûri. Ensuite on constate que ces jeunes réussissent mieux leurs études parce qu'ils ont développé leur estime.

Tout cela pour vous dire que ni vous ni moi ne pouvons aller à l'encontre de ce processus qui est périlleux pour le jeune. Encore plus dans un milieu délétère comme avec la drogue.

L'an dernier, j'ai orienté mon fils vers un foyer jeune travailleur pour qu'il soit sécurisé et qu'il se confronte (enfin) à la société.
Je viens de passer une heure avec lui et nous arrivons mieux à communiquer. Je lui parle de ce que je ressens et de mon anxiété face à ces choix qui n'ont pas de sens à mes yeux. Je lui demande ce qu'il aimerait faire. Il n'a ni vision ni capacité d'anticipation. Mais ce n'est plus de ma responsabilité. Je lui mets des limites dans ses demandes et je lui parle de ce qui m'anime car finalement il ne me connait pas en tant que femme. Il ne voit qu'une mère.

Je ne connais pas votre champ d'actions mais sortez votre fils de ce milieu. Il est capable d'affronter des épreuves et il doit l'entendre. Pourriez-vous faire appel à un Erasmus ou une association avec projet ?

Il y a 20 ans, j'étais restauratrice et j'employais des jeunes pour les dégourdir parce que certains à 18 ans n'avaient jamais lavé leur bol de petit déjeuner.
Cela a fonctionné pour la majorité mais ceux avec qui c'était compliqué, c'était avec les junkies. Ils ont besoin d'une structure solide et capable de rebondir face à leurs états d'âmes et crises de craving.
Si vous saviez par quoi je suis passée, vous seriez surprise. J'ai même lié une amitié avec un dealer qui manageait une équipe de 20 vendeurs. Un monde parallèle sans pitié où l'argent décide, pas l'humain.

Mon voisin de commerce, de conviction catholique, avait 8 enfants dont un qui s'égarait. Il l'a envoyé 1 mois au Burkina Fasso en voyage solidaire. A son retour, le jeune était transformé.

Lorsque je repense à mon vécu, j'en garde un bon souvenir. Pour moi il n'y a pas de gens de qualités. Il y a juste des égarements, des chemins sombres. Certes ils ne sont pas sans dommages mais il y a toujours une lueur d'espoir dans le coeur de chacun.

Je vous raconte tout cela pour que vous compreniez que votre rôle est fait et que c'est à l'environnement extérieur de le sculpter. Votre fils choisit ses expériences même si celles-ci sont sombres ou dangereuses.
Qu'est ce qui le pousse à fonctionner ainsi ? seul un professionnel peut le découvrir avec lui.

En attendant prenez soin de vous, faites vous aider moralement.

Avec toute ma sollicitude,

Pépite

Pepite mardi 04 janvier 2022 14:32:05