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Bonjour EDS,
Vous êtes, c'est tout à fait compréhensible, sous le choc de cette annonce. Cela vous fait voir les choses autrement, cela vous donne l'envie de le contrôler et cela vous ôte de la confiance en lui. Vous n'êtes plus sûre de pouvoir compter sur lui.
De son côté il semble s'être soulagé d'un poids en vous avouant son problème mais, loin de le réfréner, cet aveu semble faire empirer les choses. En ne se cachant plus il est plus libre de consommer. Mais aussi il constate cela avec "honte" et peut avoir des réactions paradoxales de vouloir que vous le quittiez parce qu'il est incapable de se contrôler. C'est le propre des addictions de ne pas pouvoir se contrôler. Cela ne fait pas de lui une mauvaise personne mais cela souligne aussi son besoin d'aide. Sa réaction, son aveu initial et sa démarche actuelle d'aller bientôt en cure et postcure montrent qu'il n'est pas en accord avec ce qu'il fait et qu'il a la volonté d'arrêter. C'est plutôt un bon signe.
En fait il arrive assez souvent qu'avant de rentrer en "cure" une personne augmente sa consommation, comme un dernier "baroud d'honneur" avant de devoir tout arrêter. Alors cette hausse et son comportement peuvent être inquiétants, en effet, mais ils peuvent aussi être le signe qu'il sait que c'est bientôt fini. Ceci dit cela ne doit pas vous empêcher de le questionner pour savoir s'il n'a pas peur que cela complique choses pour lui de fumer plus de crack avant la cure ou encore pour savoir s'il envisage toujours réellement de faire cette cure.
S'il fait cette cure et cette postcure c'est très positif. Cependant ce n'est pas la garantie absolue que cela fonctionne du premier coup. Je dois vous mettre en garde contre l'éventualité d'une rechute. L'addiction au crack est une addiction puissante et la rechute est toujours possible. Ce qui est peut être déterminant cependant c'est qu'il coupe réellement les ponts avec ceux avec qui il consomme et ceux qui lui fournissent et qu'il ait des projets et activités qui occupent son temps et lui permettent de s'épanouir une fois de retour à la maison.
S'il y a une rechute ne vous découragez pas et encouragez-le à reprendre un processus de cure le plus vite possible. Autant de fois que cela sera nécessaire. Chaque tentative est différente de la précédente et normalement les chances d'y arriver vont en augmentant au fil des tentatives parce que la personne se connaît de mieux en mieux.
J'ai aussi senti un signal d'alerte du côté de son travail. Vous dites qu'il a fait un burn out. Cela signifie qu'il a été lessivé par son travail et vous dites qu'il travaille toujours beaucoup. Le crack peut justement, dans ce contexte, paraître comme un produit "miracle" dans la mesure ou cela donne l'énergie nécessaire pour tenir le rythme de travail que l'on s'impose. Ce qui peut alimenter sa consommation c'est aussi son travail, les conditions de son travail. Peut-être faut-il donc changer des choses de côté-là ou du moins que tout le monde en prenne conscience. Car les rechutes sont plus probables si les conditions qui favorisent la consommation sont toujours-là au retour de postcure.
Enfin, vous semblez ne plus vouloir lui confier certaines tâches - par exemple la garde des enfants - de peur qu'il ne puisse pas les remplir et que cela soit risqué. Vous avez peut-être raison cependant je vous invite a faire le tri entre les tâches que vous ne pouvez pas lui confier et celles où tout de même il pourrait le faire. En effet, il doit continuer à être investi dans la vie de votre ménage et son temps ne peut pas se partager uniquement entre son travail et ses consommations. Un biais que l'on rencontre souvent dans l'entourage des personnes qui se droguent est de faire les choses "à leur place". C'est assez naturel de faire comme cela quand quelque chose doit être fait et qu'on estime qu'on ne peut pas compter sur l'autre pour le faire. Cependant ce n'est pas non plus une très bonne "politique" dans la mesure où cela désinvestit l'autre de ses rôles et tâches. Ce désinvestissement laisse plus de place aux consommations et affaibli ce lien à la famille et au conjoint qui joue pourtant un grand rôle dans la volonté de s'en sortir. Cela ne sera pas facile tous les jours, cela ne sera pas toujours fait mais essayez de lui faire faire des choses que normalement il devrait faire si le fait qu'il prenne cette drogue n'est pas totalement contre-indiqué avec l'activité en question.
Cordialement,
le modérateur.
Moderateur lundi 12 mars 2018 13:48:40
Modéré par: webmestre