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e.martin - 07/03/2013 13:31:57

Bonjour Pauline,

Merci pour vos précisions qui éclairent bien la situation je pense. Ce que je note c'est que votre frère essaye tout de même des choses pour s'en sortir, même si c'est désorganisé, sans aide et que cela n'aboutit pas. Cela signifie au moins que son désir le plus profond n'est pas de se défoncer ou de se détruire complètement.

Je reviens sur le thème du traumatisme qu'a vécu votre frère. Si vous arrivez à mettre la main sur le livre dont je vous ai parlé la dernière fois, vous comprendrez que les personnes qui, comme lui, ont subi un accident brutal dont elles se sont sorties mais qui aurait pu les faire mourir, ont l'impression qu'elles ont vécu une expérience unique, que personne ne peut comprendre. C'est comme si, tout d'un coup, il y avait un mur entre elles et les autres. Et l'une des conséquences de cela et qu'elles s'enferment sur elles-mêmes et s'isolent.

Et effectivement personne ne peut être à leur place et elles ont vécu une expérience unique. En revanche on peut, si on a la capacité ou la compétence pour le faire, se mettre à leur service pour écouter ce qu'elles ont à dire et essayer de l'entendre. Il faut pouvoir accueillir "l'inimaginable", l'effroi et la culpabilité qu'elles éprouvent (à s'en être sorti, à être désormais "différent"blunk, sans jugement mais avec bienveillance et empathie.

Vous êtes infirmière, peut-être avez-vous eu l'occasion d'avoir des formations à l'écoute empathique ? Peut-être votre lieu de travail peut vous former à cela ?

J'ai l'impression en tout cas qu'avant de pouvoir en passer par une aide structurée pour se sortir de la drogue, votre frère a besoin d'un préalable, celui d'être entendu, accueilli dans sa souffrance. Il ne s'agit pas forcément d'aller voir un "psy" - là où il en est aujourd'hui cela semble être un trop gros mot pour lui - mais de faire en sorte que quelqu'un autour de lui, sans doute vous, arrive à se mettre suffisamment à sa disposition pour qu'il lâche quelque chose de ce qu'il vit. En comprenant et en "ressentant" même qu'elles peuvent être réellement entendues, les personnes qui ont vécu un traumatisme peuvent renouer des fils autour d'elles et remonter progressivement la pente. Cela prend du temps et c'est difficile mais la résilience est possible. Votre frère a la chance de vous avoir à ses côtés. Cela n'est peut-être pas forcément suffisant pour qu'il s'en sorte - et il ne faut pas que vous-même vous mettiez à porter la "responsabilité" de son éventuelle guérison - mais c'est réellement un atout. Essayez non seulement d'écouter mais aussi "d'entendre" votre frère lorsque l'opportunité de se confier se présentera de nouveau pour lui. Dans un premier temps ne vous focalisez pas sur l'aide à lui apporter mais sur l'accueil de sa souffrance et sur le renforcement des liens avec lui.

En tout cas je n'ai pas l'impression que votre frère soit dans une démarche d'auto-destruction totale. J'ai plus le sentiment que son mal-être se situe du côté de sa rupture au réel, au monde, qui fait qu'il ne sait plus trop où il habite, qui il est et quel sens tout cela peut avoir.

Cordialement,

le modérateur.

Profil supprimé jeudi 07 mars 2013 12:31:57