Moderateur - 17/09/2020 18:07:32

Bonjour Elia7 et Cheyenne,

@Elia7
Pour information les tests urinaires standards qui dépistent l'héroïne réagissent en fait à la morphine. La morphine est présente dans de nombreux médicaments antalgiques. Donc l'affirmation de votre ami selon laquelle il n'a pas consommé d'héroïne malgré le test positif est plausible s'il a consommé un tel médicament. Je ne dis pas qu'il n'a pas consommé d'héroïne mais en l'occurrence le test que vous avez utilisé ne dépiste pas que cette drogue.

Mais je comprends bien que vous êtes dans une position où vous ne lui faites plus confiance, où vous doutez de lui et où, parfois, vos doutes sont confirmés. Ainsi en est-il avec cet épisode où il a consommé parce que son frère avait consommé devant lui.

Si l'un des critères du "bon" dosage de la méthadone est de ne pas être en manque, l'autre critère c'est aussi que ce dosage permette de ne plus ressentir l'envie de consommer. @Cheyenne visiblement votre compagnon, qui vous avoue y penser tout le temps, n'a peut-être pas encore en effet le bon dosage si l'on s'en réfère à ce second critère. En revanche @Elia7 c'est un peu moins sûr pour vous. Le discours n'est pas tout à fait pareil, il semble exprimer du dégoût à craquer et il l'a fait dans une situation et avec quelqu'un de très particulier, son frère.

Il est difficile pour une personne extérieure de se figurer l'attraction que peut représenter l'héroïne pour une personne qui y a goûté. S'en détacher est difficile et personne ne vous dira que l'arrêt est linéaire. Il y a des rechutes, des micro-consommations dans la plupart des cas. Ce n'est pas forcément le moment et l'incident qu'il faut regarder mais la trajectoire générale : y a-t-il des progrès ? va-t-il aux rendez-vous ? est-ce que cela se passe mieux entre vous ? est-ce que vous arrivez à dialoguer ? est-ce qu'il arrive à dire lorsqu'il est en difficulté, qu'il a envie ?

Il y a certes beaucoup d'ambivalences et de mensonges chez une personne toxicomane qui essaie de s'en sortir. Et cela prend du temps d'y arriver. Mais il y a aussi des qualités, des choses que vous aimez, sinon vous ne seriez pas avec eux.

Si je puis me permettre ce conseil : essayez de regarder les choses globalement et de vous attacher à votre relation avec lui plutôt qu'à ce qu'il fait précisément. S'il est avec vous c'est qu'il vous aime aussi, du moins on peut le supposer. Si votre relation se détend et se passe bien il trouvera peut-être la force qui lui manque encore pour vraiment tourner le dos à sa drogue. Encore une fois c'est extrêmement difficile de ne pas être tenté quand on y a goûté. En revanche, si vous le pistez sans arrêt, si vous essayez de le prendre en défaut demandez-vous quel type de relation vous êtes en train d'avoir avec lui ? Que cherchez-vous à contrôler et vérifier ? S'il ment sur sa consommation est-ce que pour autant il ment sur votre relation et ses sentiments à votre égard ?

Il y a plusieurs manières d'être avec une personne toxicomane. Celle qui serait basée sur le contrôle, une exigence de transparence totale et le dépistage ne peut que vous procurer de la frustration et de la colère. Cependant, pour éviter d'être au contraire "naïf" face aux mensonges, ce qui peut vous aider c'est de rechercher l'écoute, le dialogue et la compréhension mutuelle de vos besoins. Les besoins de l'autre ne sont pas toujours ceux que l'on voudrait mais lorsque l'on réussit à vivre dans un couple qui se fait confiance pour se parler sans se juger, alors les besoins mutuels tendent à se rapprocher. Si vous avez besoin d'eux, ils ont besoin de vous aussi.

En espérant avoir pu vous aider.

Cordialement,

le modérateur.