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Bonsoir,
Je me permets de rebondir aux messages précédents. Je ne suis absolument pas concernée par un problème d'addiction ni mes proches, mais je suis étudiante en médecine et j'ai eu la chance d'effectuer un stage de quelques mois au sein du service d'addictologie de l'hôpital de ma ville et je pense que mon avis pourrait peut être vous aider.
Croyez-moi, la majorité des personnes souffrant d'une addiction à l'alcool, à la cocaïne, à l'héroïne etc que j'ai pu rencontrer en sevrage étaient des pères et mères de famille, avec une "bonne situation", un conjoint, des enfants et une vie stable. Cela m'a ouvert les yeux sur le fait que ça n'arrive pas qu'aux autres et que l'addiction n'atteint pas seulement les personnes en situation précaire.
D'après mon expérience, la """recette""" d'un sevrage réussi est en gros : une hospitalisation de 2 semaines en HP, suivie d'une phase de consolidation du sevrage dans un CSSRA d'une durée variant de 1 à 3 mois selon le besoin + suivi psychiatrique à côté + un éloignement des amis qui consomment + le plus important : LA VOLONTÉ !!!!!
Souvent, lors du jour d'arrivée du patient en sevrage dans le service, une des premières questions que le médecin pose est "pourquoi êtes-vous ici" ou "pourquoi souhaitez-vous arrêter la substance en question". Si le patient répond quelque chose du genre : "je fais trop de mal à ma femme, je le fais pour elle et pour mes enfants" -----> mauvais signe tout de suite. Il faut que la patient soit VOLONTAIRE physiquement et mentalement à entamer son sevrage. Si on le force, ça ne sert à rien ; des mots comme "fais le pour moi" ou "fais le pour nos enfants" ça ne fonctionne pas. Il faut qu'il le fasse pour lui et qu'il en soit convaincu. Et pour ce faire, c'est assez compliqué car cela demande beaucoup de courage, et beaucoup de recul sur la situation. Il faut que l'envie d'arrêter soit assez forte et bien présente. Cela passe par des séances de psy, d'introspection , d'éloignement des fréquentations qui consomment et qui entretiennent ce cycle, et de motivation. Les médecins et les médicaments sont seulement là pour appuyer, accompagner, aider dans cette démarche. Et non pour convaincre. Et pour vous, c'est pareil.
Il ne faut pas oublier que c'est une maladie, et que c'est pas parce que l'on veut arrêter qu'on pourra s'en empêcher. C'est pourquoi il faudra s'épauler des proches, des médecins et des médicaments qui faciliteront le sevrage.
J'espère sincèrement que cela vous aura aidée. Il faut que votre mari s'en aperçoive "tout seul" comme le mari d'Elsa qui a eu une prise de conscience suite à un choc émotionnel. Il faudrait que la prise de conscience se réalise, mais j'ai conscience que ce n'est pas chose simple. S'en sortir seul ce n'est pas possible, il faut qu'il le réalise absolument. En général, les patients qui essayent d'arrêter tous seuls se rendent rapidement compte qu'ils n'y arrivent pas et c'est là où ils commencent à se sortir du déni. L'addiction est une vraie maladie psychiatrique! Un cancer ne se soigne pas tout seul, et bien une addiction c'est pareil. Le cerveau est devenu trop habitué et est en souffrance quasi immédiatement à l'arrêt de la consommation. On se croit plus fort et on croit "gérer" mais en réalité nous sommes totalement dépendants de ces substances qui excitent nos neurones et dysfonctionnent notre cerveau.
Je vous souhaite tout le courage du monde.
Sarah
lepetitchat jeudi 10 octobre 2024 16:43:26