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e.martin - 08/08/2011 11:54:32

Bonjour Let,

Je suis le modérateur de ce forum. Témoignage très intéressant que le votre ainsi que la réponse de Bluenaranja, que j'appuie.

Tout d'abord effectivement il ne faut pas donner trop d'importance au point de vue de cette formatrice. C'est un point de vue qui n'est pas forcément faux mais il faut savoir peser aussi le contre. En l’occurrence, dans un contexte familial "normal" (c'est-à-dire dans un contexte où les relations familiales ne sont pas toxiques pour l'un des membres de la famille), la persistance, a minima, de liens familiaux et d'une solidarité familiale est ce qui fait aussi bouger, sur le long terme, les choses et qui contribue à motiver les toxicomanes à s'en sortir. Ni vos parents, ni vous, tous déçus et en colère ce qui est normal, n'avez je crois fondamentalement envie de le "lâcher" complètement. Cependant cette crise doit vous aider à remettre en cause aussi vos propres attentes et exigences à son égard. Il est sans doute très important pour votre frère que vous croyiez vous-même en son avenir et en sa capacité à s'en sortir... {{sur le long terme}}. C'est-à-dire qu'il ne faut pas forcément espérer qu'il soit "normal" en peu de temps, ni qu'il redevienne complètement le frère ou le fils que vous avez connu un jour et aimé. Il est sans doute également important que la famille ne croie pas qu'elle doive être tout le temps derrière lui pour "éviter le pire" ni récupérer ses bêtises. Il a tout à fait sa part de responsabilité dans ce qu'il fait - dans ce qu'il est - et toute solution passe avant tout par lui, par ce qu'il est prêt à faire ou non.

Votre frère doit affronter ses propres ambivalences, ses propres peurs - par exemple la peur d'y arriver, de réussir. Il est probable aussi qu'il lui faille du temps pour pouvoir accepter la relative banalité d'une vie "normale". Et ici, comme le souligne Bluenaranja, une décision très importante qu'il doit prendre pour lui est d'aller voir un psy. Une difficulté ensuite est de trouver le "bon" pour lui, qui ne sera pas forcément le premier venu. S'il prenait cette décision (qui lui appartient et qu'il ne faut pas lui imposer), vous pourriez l'aider en "débriefant" avec lui ses impressions lors des premiers rendez-vous qu'il aurait. Il est important qu'il se sente réellement écouté et qu'il sente la bienveillance de son "psy" à son égard. Il est également important qu'il ne se voie pas proposer un rendez-vous tous les mois mais bien toutes les semaines au moins. Lisez, si ce n'est déjà fait, le témoignage laissé par Bluenaranja dans le forum libre et intitulé {"Aller voir un psy : pourquoi ?"}, il est éclairant sur l'importance que cela peut recouvrir pour réussir à s'en sortir.

Mais ce dont je vous parle là n'est peut-être que pure fiction actuellement. Il est possible qu'il soit dans une phase de rechute où il n'est pas question d'entendre parler de prise en charge et d'aide. Il vous faut l'accepter, ce qui est difficile, mais lui faire comprendre que vous ne perdez pas espoir. Il est important que vous puissiez appuyer sa réussite antérieure - il a quand même arrêté pendant quelques temps et il a su monter un projet qui au début l'a motivé - pour lui montrer qu'il est capable aussi du mieux. Les toxicomanes retirent souvent de leur rechute, en tout cas dans un premier temps, que décidément la drogue est plus forte qu'eux et qu'ils ne s'en sortiront jamais, qu'ils sont trop "faibles" pour y arriver. Aidez votre frère à combattre ce cliché en lui communiquant tout d'abord votre foi en lui, en lui montrant aussi que son échec est au contraire riche d'enseignements car il lui montre ses faiblesses et l'aide à savoir ce qu'il faut éviter de faire et/ou renforcer chez lui pour avoir plus de chances de réussir à la prochaine tentative. Nous sommes tous des humains, avec nos moments de faiblesse mais surtout avec notre capacité d'apprentissage (du pire comme du meilleur) ET de résilience. Mais il faut savoir se pardonner ses faiblesses (sans tomber dans la facilité de les excuser et de continuer dans le mauvais comportement) et si l'entourage sait le faire "par amour" alors c'est beaucoup plus facile de le faire pour soi-même.

J'espère donc que votre famille saura retrouver son équilibre et que vous arrivez à trouver avec lui un modus vivendi qui d'un côté ne vous déstabilise pas trop, de l'autre l'encourage à ne pas perdre de vue son objectif d'arrêt de la drogue et à réessayer, encore et encore s'il le faut, à chaque fois un peu plus fort et mieux armé pour y arriver.

Cordialement,

Le modérateur.

Profil supprimé lundi 08 août 2011 09:54:32