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Bonjour Yilamoche, bonjour aux autres contributrices de ce fil et aux lecteurs,
Vous vous posez des questions que beaucoup de conjoint se posent lorsqu'ils vivent avec quelqu'un qui se drogue et qui n'évolue pas : Faut-il rester ? Faut-il rester pour le bien de votre fille ? Faut-il continuer à essayer de changer les choses ?
Il n'y a pas de bonne ou mauvaise réponse et surtout, comme il s'agit de votre relation de couple, la réponse vous appartient.
Ce que nous constatons par contre c'est que les conjoints ou les proches des personnes qui se droguent sont très absorbés par ce problème et souvent s'oublient. C'est vrai que le premier réflexe est de vouloir trouver une solution au problème de son conjoint et donc de vouloir en parler. Mais la personne en face n'est pas toujours prête à en parler, même si elle a pu reconnaître son problème et arrêter pendant un temps. Et souvent aussi, à force de ne parler presque que de cela, la personne qui se drogue est constamment ramenée à cela au détriment du reste. La relation de couple aussi en souffre et finit par se résumer aux tensions qui entourent cette pratique.
C'est bien normal quand on souffre soi-même de l'addiction de l'autre. Cependant il y a peut-être une autre manière de faire, qui met d'abord en avant la qualité de la relation de couple et relègue au second plan le problème de drogue.
Il s'agit, lorsque vous vous adressez à votre conjoint, de parler de vous et de vos besoins avant toute chose. Par exemple vous dites que tout être humain a le droit de vivre pleinement. Nous comprenons que vous voulez pouvoir vous-même vivre pleinement et que ce n'est pas le cas aujourd'hui. Vous souhaiteriez qu'il soit - pour reprendre vos termes à nouveau - moins distant, moins négligeant, plus participatif. En termes de besoins pour vous-même cela pourrait se traduire par "j'ai besoin que tu t'intéresse plus souvent à moi" ou "j'ai besoin que tu me prennes plus souvent dans tes bras" ou encore "j'ai besoin que tu fasses attention à telle ou telles chose de notre quotidien", "que tu fasses telle ou telle chose (concrète du quotidien) pour me sentir soulagée", etc. Il y a plusieurs idées derrière cette approche :
- ne pas le faire se sentir mis sur le "banc des accusés" par une énième discussion sur son "problème" ;
- ne pas employer trop vite le "tu" mais privilégier le "je" car le "tu" est souvent vite suivi de phrases qui peuvent être prises comme des reproches;
- remettre au centre de votre attention vos émotions et vos besoins ainsi que la qualité de votre vie de couple pour reconquérir des espaces de bien-être malgré le problème de drogue de votre conjoint ;
- inverser la perspective sur qui a besoin d'aide : vous avez besoin qu'il vous aide à aller mieux. En disant cela vous affirmez quelque chose de très important aussi : c'est qu'il est capable de vous aider. Vous le rendez "compétent" pour faire quelque chose de positif pour vous, ce qui peut amorcer un rapprochement entre vous ;
- et donc faire jouer une tendance très humaine qui veut que le plus souvent on est plus près à aider l'autre qu'à s'aider soi-même lorsqu'on a des problème que l'on n'arrive pas à affronter (aider l'autre fait du bien à soi).
Néanmoins il y a au moins deux conditions à respecter pour que cela fonctionne :
- exprimer des besoins concrets qu'il peut combler facilement et qui n'engagent pas forcément, comme unique réponse, qu'il arrête ou diminue sa consommation ;
- le laisser libre de sa "réponse" à vos besoins : il faut qu'il ait de l'espace pour qu'il puisse faire des choix et non que ses choix soient téléguidés à l'avance. Il peut choisir d'ignorer vos besoins (ce dont il faudra discuter ensuite ou tirer des conclusions), d'y répondre d'une manière que vous n'aviez pas prévue, d'y répondre peut-être en modifiant certaines de ses habitudes de consommation (diminution, changement d'horaires de consommation), en étant plus attentif à des choses qu'il néglige d'habitude, etc.
Et enfin ce positionnement un peu différent dans le dialogue avec votre conjoint est un véritable apprentissage, avec ses ratés, des impatiences légitimes si les résultats se font attendre. En d'autres termes donnez-vous le temps d'essayer, de comprendre, de tirer les enseignements de certains échecs avant d'être "au point". Pour vous inspirer et vous guider vous pouvez lire des livres parlant de "communication non violente".
Essayez cela bien sûr si vous en avez encore l'énergie et l'envie. Il faut que vous ayez un motivation à vouloir rester encore avec lui et faire durer votre relation pour trouver l'énergie et la patience de le faire. Et si vous ne l'avez pas il n'y a pas de problème. L'important c'est vous, votre équilibre, vos besoins et la manière dont vous souhaitez leur donner toute leurs chances d'être atteint ou satisfaits. Encore une fois, entre partir ou rester, essayer encore ou laisser tomber, il n'y a pas vraiment de "bon" ou "mauvais" choix, cela dépend vraiment de la situation de chacun.
En espérant avoir pu faire avancer votre réflexion.
Bien cordialement,
le modérateur.
Moderateur jeudi 25 juin 2020 08:33:21
Modéré par: webmestre