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Modérateur_990 - 10/01/2011 13:21:18

Bonjour,
Je suis le modérateur du forum. 15 jours après avoir posté votre message vous n'avez pas eu de réponse de la part d'autres internautes. Je me permets donc de vous apporter quelques informations, en espérant qu'elles vous aident. Ce n'est pas un "partage d'expérience" mais plus une réponse de professionnel.

Dans votre message vous décrivez bien que le problème d'alcool de votre père touche beaucoup votre mère. Vous manifestez en fait qu'elle a besoin elle-même d'aide. Cette aide ne consiste pas seulement à "sauver" votre père mais bien à lui apporter un soutien psychologique personnalisé à elle. Votre mère est dans une grande souffrance à cause de cette situation. Dans le contexte de son foyer elle s'est plus ou moins adaptée et a mis en place des stratégies "d'évitement" qui lui permettent de ne pas trop craquer. Le changement de contexte a cependant grandement révélé son désarroi, son "ras-le-bol" (et le vôtre) comme vous dites. C'est un phénomène très connu des professionnels qui prennent en charge les alcooliques ainsi que des associations de soutien aux familles. C'est la raison pour laquelle il existe des aides aussi pour les proches des personnes alcooliques. Nous ne saurions que trop vous recommander d'en parler avec votre mère et de rechercher des adresses de centres de soin spécialisés en alcoologie aussi dans l'idée qu'elle s'y rende, éventuellement en votre compagnie. La maladie alcoolique génère beaucoup de frustrations, d'incompréhension et de colère qui, s'ils ne sont pas "dits" et entendus, si un effort d'explication de la maladie n'est pas entrepris, finissent par miner le moral du conjoint et brisent la vie de couple pour ne pas dire la vie tout court. A nouveau nous vous réaffirmons que quelque chose doit être tenté du côté de votre mère aussi. Pour trouver des adresses proches de chez elle vous pouvez utiliser la rubrique "s'orienter" de notre site ou nous appeler au 0 800 23 13 13. Nous vous signalons aussi en particulier que les associations Al-Anon (http://al-anon-alateen.fr/) et Alcool Assistance (http://www.alcoolassistance.net/) apportent une attention et un soutien tout particulier aux proches des personnes alcooliques. En espérant qu'ils soient présents dans sa région et la votre, elles pourraient vous être utiles.

En ce qui concerne votre père il est indéniable qu'il va mal et que son alcoolisme fait déjà de gros dommages à sa santé. Néanmoins vous risquez fort de vous heurter à un "mur" et à beaucoup d'incompréhension si vous fonctionnez avec lui sur un mode culpabilisant et par "ultimatums". Votre père souffre d'une véritable maladie, qui le dépasse lui-même. Même si sa volonté sera extrêmement importante pour qu'il s'en sorte, beaucoup de choses peuvent contribuer à ce que la situation perdure, à commencer par sa propre honte à en être là et à ne pouvoir rien faire lui-même alors qu'il fait souffrir sa famille. Dépasser sa honte pour reconnaître que l'on a un problème à régler et que l'on a besoin d'aide pour y arriver nécessite d'une part beaucoup de courage, d'autre part un environnement familial un minimum compréhensif face à la difficulté que cela représente. Même si, techniquement parlant, le sevrage de l'alcool dure une grosse semaine, ce n'est pas du tout une maladie qui s'installe ou qui se règle en quelques jours. L'abstinence de l'alcool est quelque chose qui se construit, qui peut faire l'objet de hauts et de bas (rechutes), qui nécessite un soutien au long cours, une compréhension et une patience importantes de la part de l'entourage. Par conséquent, si vous voulez "sauver votre père", il nous semble de bon conseil de vous suggérer que vous vous donniez les moyens d'être conseillée et d'avoir pris un peu de recul malgré l'urgence de la situation. Certes la situation est urgente - votre mère n'en peut plus, la santé de votre père se dégrade - mais elle ne se règle malheureusement pas dans l'urgence et certainement pas sous le coup de la colère, aussi légitime soit-elle. Allez voir les centres de soin, fréquentez les associations d'anciens buveurs, augmentez vos connaissances et votre compréhension sur la maladie dont souffre votre père....

Commencez par là mais sachez déjà que votre démarche est la bonne : vous avez prononcé le mot "alcoolisme" et vous avez permis qu'un tabou se brise. En brisant le tabou vous permettez que les choses commencent à bouger plutôt qu'elles ne perdurent. La plupart des alcooliques qui, un jour, décident de se faire soigner le font parce que dans leur entourage quelqu'un a pu dire les choses et briser le silence. Certes cela se fait au prix d'une crise et de nombreuses remises en cause mais vous ne pouviez pas vraiment en faire l'économie. C'est comme cela que cela se passe la plupart du temps et il vaut mieux faire la "publicité" du problème, y compris autour de soi, que tacitement accepter un non-dit, une situation qui permettrait qu'il continue à boire sans vergogne. Même si "en parler" n'est pas la garantie absolue qu'il s'en sortira un jour, cela permet au moins à cette option de mieux exister.
Enfin, la seconde chose que vous avez faites et qui va évidemment dans la bonne voie, c'est de demander de l'aide. Continuez... et notamment en vous adressant aux professionnels et aux associations spécialisées.

Bon courage, à vous et à votre famille, dans vos différentes démarches.

Profil supprimé lundi 10 janvier 2011 12:21:18