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Bonjour Eugenie2004, bonjour Mesdames,
Eugénie vous m'interpelez. Vous avez sans doute vu mes réponses de ce matin dans d'autre fils de ce forum. J'ai hésité à répondre ici aussi. Mais je ne savais pas trop par quel bout prendre vos messages et quelle direction prendre dans ma réponse.
Je ne veux pas vous froisser vous non plus, Mesdames. Je vois que vous souffrez énormément de cette situation et je ne veux pas dévaloriser ce que vous essayez de faire. En tant que mères vous avez les antennes qu'il faut pour voir quand vos fils déraillent et ne prennent pas la "bonne" direction. Mais vous vous retrouvez confrontées à une impuissance qui vous est insupportable. Comme vous le dites très bien vous êtes en colère et vous avez envie de hurler. Vous avez peur aussi. Je ne suis pas à votre place mais je vous comprends.
Là où c'est difficile pour moi c'est que je dois vous dire des choses contradictoires en apparence. Tout d'abord ceci : ne vous coupez pas en deux en faisant semblant de ne rien voir certains jours et en explosant les autres jours. Le problème est là, il est quotidien probablement, vous le voyez et surtout vous en souffrez en continu. Inutile de "faire semblant" pour donner le change ou pour essayer de vous préserver. Raccordez-vous à vous-même pour retrouver de la cohérence.
Mais pourtant je vous conseille aussi de vous préserver - c'est là que cela peut paraître contradictoire. En effet, vous ne pouvez pas tout et surtout pas les "sauver" contre leur gré même si vous, vous voyez qu'ils s'enfoncent. La "solution" au problème passera par vos fils et par les rencontres qu'ils feront. Elle nécessitera qu'ils prennent conscience des illusions qu'ils se font et qu'ils en aient marre de se mettre en difficulté à cause du cannabis. C'est un cheminement qui leur est personnel, qu'ils pourront faire si on les laisse libre de leurs choix et surtout s'ils se sentent responsables d'eux-mêmes. Cela nécessite de votre part que vous ne leur hurliez pas dessus, que vous relâchiez le niveau de pression que vous leur mettez sans pour autant "ne plus en parler". Car oui, il faut en parler, directement ou indirectement, mais surtout de manière à faire circuler la parole et la réflexion des deux côtés. Ceci n'est pas possible quand l'émotion est trop forte.
Inscrivez-vous dans un temps plus long - la solution ne sera pas immédiate - et malheureusement acceptez leurs errements : vous n'avez pas tellement le choix. Cela ne veut pas dire que vous ne pouvez rien faire. Vous restez leurs mamans et vos avis comptent plus que tout. Mais justement parce qu'ils comptent plus que tout et qu'ils sont à des âges où ils doivent aussi faire leurs propres choix sans filets, vous contribuez à cristalliser les choses plus qu'à les résoudre si vous vivez uniquement "pour qu'ils arrêtent". Vous leur ferez du bien si vous les renvoyez à eux-mêmes et si vous continuez à vivre de votre côté - et sincèrement - la vie la plus normale possible. Alors oui, le sujet peut et doit être abordé régulièrement mais pas dans l'optique de leur dire juste "arrête, tu te trompes". Visez le dialogue, la réflexion. Visez aussi de leur renvoyer, en miroirs bienveillants, les problèmes concrets que pose leur consommation de cannabis. Aidez-les à faire le lien entre ce qui se passe et leurs choix. Pour contribuer à déchirer le voile des illusions qu'ils se font. Mais en évitant prudemment de les accuser de faire de mauvais choix. En effet en faisant cela vous les disqualifiez et vous leur envoyez le mauvais message.
Je ne veux pas faire un message plus long aujourd'hui. Je charge déjà bien suffisamment votre barque comme cela. J'espère que vous n'y verrez pas un jugement de valeur. Vous faites comme vous pouvez avec les informations que vous avez alors il n'y a pas de notions de "bien faire" ou "mal faire" ici.
En tout cas vous n'êtes pas seules et si, contrairement à ce que j'ai lu plus haut, vous pouvez être entendues. Vous pouvez aussi être aidée par des professionnels. Par exemple les Consultations jeunes Consommateurs (CJC) s'adressent aussi aux parents mis en difficulté par la consommation de drogues de leur enfant. Notre service peut vous donner des adresses.
Et, Eugénie, pour ce qui est des "pères" oui ils semblent souvent absents. Mais cela recouvre des réalités bien diverses et il y a aussi des pères qui essaient de faire tout pour leur enfant. On ne peut pas généraliser. Mais en tout cas sans conteste c'est bien vous, chères mamans, qui êtes le plus souvent sur le pont pour vous confronter aux problèmes de drogues de vos enfants. J'espère simplement que vous vous sentirez moins seules face à cela à l'avenir.
Bien cordialement,
le modérateur.
Moderateur jeudi 11 mai 2023 16:43:03
Modéré par: webmestre