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Bonjour, je ne vous répond pas dans le cadre de l'héroine, car heureusement pour moi je me suis toujours interdit d'essayer cette "saloperie" (dixit un ancien camarade de classe hélas toxicomane), mais dans celui de la drogue en général.
Je suis un homme de 43 ans, et voici 15 ans j'ai fait subir ce que vous décrivez à une femme que j'aimais pourtant vraiment, pendant un an et demi et malgré une rupture.
Je ne voudrais pas influencer des vies avec mes propos, mais partager mon expérience. Aujourd'hui encore je pense que c'était la femme de ma vie, mais je ne concevais pas d'arrêter la drogue pour autant. Elle avait été très claire dès le début: elle ne voulait pas faire sa vie avec moi tant que je consommerais. J'étais donc dans un dilemme coincé entre la dépendance aux drogues et la perspective de perdre cette femme.
Avec le recul, j'ai compris qu'inconsciemment je provoquais des disputes pour pouvoir continuer de consommer pendant le temps de la réconciliation, et ainsi de suite. Je le vivais encore plus mal car je l'aimais et elle en souffrait.
Un matin j'ai carrément provoqué une dispute insensée jusqu'à ce qu'on rompe définitivement. Quand je l'ai recontactée elle m'a annoncé avoir tourné la page et que c'était vraiment terminé. J'aurais pu insister mais un éclair de lucidité m'a traversé l'esprit: "Laisse-lui une chance d'être heureuse, de trouver quelqu'un qui la mérite vraiment".
L'argument "il "me culpabilise car je ne "l'aime pas comme il est" et que je ne le fais plus rentrer dans ma vie. (je tiens bon pour mes enfants)" ne tient pas et est surtout très dangereux. En effet:
- quand on aime vraiment quelqu'un, on fait naturellement passer cette personne avant soi (sinon c'est de la passion, passion qui détruit soi-même et les autres)
- il n'est pas comme il est puisqu'il est sous l'effet de la drogue
- dangereux pour lui mais aussi pour vous (par exemple demandez-lui s'il préfèrerait que vous consommiez aussi)
- au fond il sait très bien qu'il se ment, mais l'idée d'arrêter l'effraie trop (et à un tel stade c'est tout-à-fait compréhensible: le cerveau est gravement perturbé au niveau chimique, ses ressources naturelles sont désactivées et dépendent donc de la prise de substance pour "retrouver" un état qui s'apparente à un équilibre, sauf que celui-ci s'estompe quand les effets se dissipent... Et donc il faut reconsommer, et ainsi de suite).
Les sentiments ont beau être là, les drogues peuvent avoir une telle emprise qu'on se ment à soi-même, on ne retient que le bon côté, etc... Ainsi tant qu'il n'aura pas un "déclic" à l'intérieur qui le conduira seul (ou pas) à arrêter, de lui-même, je crains que ce soit sans issue.
Arrêter la drogue par amour ça ne marche pas, ou plutôt ça ne marche pas longtemps, et après c'est encore pire.
Préservez-vous, vous et vos enfants qui s'attachent aussi à lui tant que vous maintenez cette relation. Si j'étais à sa place, je serais furieux qu'un inconnu se permettent d'écrire ce genre de message, mais honnêtement, je crois que c'est peut-être ce qui reste pour le "sauver". C'est à dire que rompre lui montrerait que vous l'aimez au point de ne plus supporter de le voir ainsi détruire sa vie, que vous n'avez plus le choix et qu'au contraire, si vous acceptiez de continuer ainsi cela signifierait que vos sentiments ne sont pas si forts en fait. Il faut une sorte d'électro-choc qui puisse le faire réagir. Si vous tenez vraiment à lui, vous pouvez lui expliquer et lui assurer que vous serez là pour l'aider dans les moments difficiles, mais aussi que le temps passe et que votre patience n'est pas infinie (ce qui est bien normal). Electro-choc: "Réagis et agis aujourd'hui, demain il sera vraiment trop tard et nous serons tous les deux malheureux, tout ça pour cette merde qui te fait croire que tout va bien!"
Dans tous les cas ne lui demandez pas d'arrêter pour vous, mais pour lui. Mieux, ne lui demandez rien (à cause du réflexe de contradiction il pourrait seulement se braquer au lieu de réfléchir pour de bon) mais expliquez-lui où vous en êtes, de façon non pas à lui imposer un choix, mais à lui faire comprendre qu'honnêtement, il va bien falloir en faire un.
Et j'insiste, préservez-vous car s'il ne réagit pas sérieusement, il finira probablement par vous rendre encore plus malheureuse, et ce même malgré lui.
Profil supprimé vendredi 02 août 2019 19:18:03