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e.martin - 28/06/2012 18:58:44

Bonjour loulette,

Je suis le modérateur de ces forums. C'est avec une immense tristesse que j'ai lu, le jour où vous nous l'avez proposé, le long récit que vous nous faites de l'alcoolisme de vos parents et des tentatives que vous avez faites pour les en sortir. Vous dites beaucoup de choses qui amèneraient un commentaire mais cet espace est trop restreint pour en discuter vraiment avec vous. En tout cas je tenais en premier lieu à vous remercier pour votre témoignage. Cela n'a pas dû être facile d'écrire tout cela, de revenir ainsi sur le passé, mais j'espère que cela vous a soulagé un petit peu !

Ce que j'ai lu à ma manière dans votre récit, ce que j'ai ressenti, c'est combien VOUS aviez un problème, depuis longtemps, avec vos parents. Je crois que cela a beaucoup contribué à mon ressenti de tristesse. Je crois que je me suis dit, ma relecture d'aujourd'hui le reconfirme, que très tôt vous aviez pris une place qui n'était pas la vôtre, celle de "parent" de vos parents. Pouvez-vous lire, comme moi, combien vous avez essayé depuis longtemps de les aider et de les... excuser ? Vous dites à la fin {"j'ai toujours essayé de les soutenir, de les comprendre. Je ne les ai jamais jugés, n'y fait aucun reproche. Je respecte le fait que ce soit une maladie difficile à soigner, je veux garder espoir pour une guérison..."}Mais vous nous dites cela aussi après avoir expliqué que vous aviez eu une enfance qui manquait d'amour et de repères, que vos parents vous ont abandonnés d'une certaine manière depuis longtemps, que votre mère même n'hésite pas à vous critiquer pour tout et à vous humilier publiquement. Quand est-ce que vous direz {{"stop, ça suffit !"}}, loulette ? De quoi vous responsabilisez-vous pour supporter tout cela ? Au nom de quoi seriez-vous responsable du devenir de vos parents après tout ce que vous avez fait pour eux ? Sont-ce vraiment eux les enfants qu'il ne faut pas abandonner ? Sont-ce eux, les enfants en mal d'amour ?

J'ai tendance à croire le contraire. Je crois que vous vous rattachez à vos parents beaucoup pour l'amour qu'ils ne vous ont pas donné. Que se passerait-il si vous arriviez à les "sauver" une bonne fois pour toute ? Imaginez-vous qu'ils vous en seraient éternellement reconnaissants et qu'alors ils vous donneraient tout leur amour que jusque là ils vous ont refusé ? Imaginez-vous que c'est à l'alcool au lieu d'à votre frère et vous qu'ils ont donné leur préférence et que du coup en le combattant, en le chassant de la maison, vous leur permettez de vous aimer ?
Entendons-nous bien : je ne suis pas à votre place Loulette, je ne sais pas ce que vous avez dans la tête non plus. Je constate par contre qu'en dépit d'un certain "bon sens" vous supportez beaucoup, vous leur pardonnez tout, vous ne vous autorisez pas à ressentir vis-à-vis d'eux ce que vous devriez, vous écrivez aussi que s'il leur arrivait quelque chose {"je m'en voudrai toute ma vie de n'avoir rien fait"}... après avoir pourtant tant essayé de faire déjà ! Je veux bien que vous répondiez que ce sont vos parents, que vous les aimez... et c'est bien. Ce que je veux interroger avec vous, par ces paroles que j'espère vous ne recevrez pas trop durement, c'est de quoi est fait cet "amour" qui vous lie à eux et si vous êtes sûre d'être à la bonne place. Car pour tout vous dire, à vous lire, on se dit aussi que vous avez plein de bonnes raisons d'être en colère contre vos parents voire, dans une certaine proportion, de les haïr. L'alcool et l'alcoolisme ont en tout cas bon dos pour excuser leur comportement. Il serait pourtant temps de rendre vos parents enfin responsables de leurs actes ! Mais je comprends tout à fait cependant que cela puisse engendrer beaucoup de souffrance chez vous si vous réussissez à l'admettre. Si vos parents sont responsables de leurs actes c'est qu'aussi ils sont responsables de leur égoïsme, de leur désamour à votre égard et à l'égard de votre frère, de leurs faiblesses, de leur alcoolisme... et je crois que personne ne veut avoir des parents comme cela. Malheureusement on ne choisit pas.

Bluenaranja vous conseille d'aller voir un psychothérapeute. Je ne peux qu'appuyer son conseil car je crois que vous avez besoin d'aide pour vous sortir de ce guêpier, de votre culpabilité injuste, pour faire face à vos vraies émotions aussi et pour, au final, pouvoir aussi leur pardonner et passer à autre chose pour vous-même. Sans vouloir aller trop loin dans l'interprétation - mais en disant cela je le fais tout de même un petit peu - je constate combien le consommation d'alcool, dans l'histoire de vos parents, semble justement avoir été le substitut bien pratique aux émotions : refuge artificiel pour les émotions négatives, il a été aussi l'initiateur artificiel des émotions positives. A tel point que vous commencez votre récit par dire encore qu'ils souffrent "d'alcoolisme mondain". J'ai pourtant l'impression qu'aujourd'hui leur alcoolisme n'a plus rien de mondain. En tout cas, dans votre famille, faire face à ses émotions, les comprendre, les accepter, semble particulièrement difficile et en cela un bon thérapeute pourrait vous aider à comprendre et à les gérer.

Vous avez désormais une enfant à la santé fragile à élever, consacrez-vous à elle ! Si votre mère vous critique devant elle et dans tout ce que vous faites pour elle, si vos parents sont peu sûrs pour elle, ne la leur confiez pas. C'est vous en tout cas, et votre compagnon, qui décidez pour elle, pas vos parents ! Le fait de leur renvoyer qu'ils ne sont pas "fiables" pour s'occuper d'elle peut être peut-être dur mais c'est aussi un miroir que vous leur tendez sur leur situation. A eux d'en tirer - ou non - les conclusions mais en tout cas, quoi que vous en pensiez, il sont assez "grands" pour choisir ce qu'il convient de faire.

J'espère encore une fois que vous ne prendrez pas trop durement ma prise de position. Je ne parle pas de vos parents mais bien sûr ils ont un immense besoin d'aide. Cependant ils sont ensemble dans une relation qui les entraîne bien plus loin que leur individualité ne le voudrait. Vous nous avez beaucoup parlé de votre mère mais je crois que votre père est en très grande souffrance aussi, plus silencieuse encore. Lui aussi, il y a sans doute des choses qu'il ne s'autorise pas à dire, à ressentir, et qu'il essaye d'enterrer avec l'alcool. En tout cas on ne peut pas les aider sans qu'ils le veuillent vraiment et apparemment il faudra que cela soit soit ensemble, soit lorsqu'ils seront séparés s'ils se séparent un jour mais pas en "décalé".

Je vous souhaite un bon, immense, courage. Pour vous aider notre ligne Drogues Info Service (0 800 23 13 13) peut vous écouter si vous en ressentez le besoin. Des associations pour l'entourage des personnes alcooliques existent, notamment al-anon (site web : [http://al-anon-alateen.fr/->http://al-anon-alateen.fr/]) et une association comme Alcool Assistance a aussi des groupes "entourage" (site web : [http://www.alcoolassistance.net/->http://www.alcoolassistance.net/]). Les centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) reçoivent aussi les proches des personnes alcooliques. Leurs coordonnées sont dans notre annuaire, que vous trouverez dans la rubrique ["S'orienter"->http://www.drogues-info-service.fr/?-Adresses-utiles-].

Cordialement,

le modérateur.

Profil supprimé jeudi 28 juin 2012 16:58:44