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Bonjour Madame,
Je suis le modérateur de ces forums. La situation que vous décrivez a déjà malheureusement connu des développements graves, avec un coma et des atteintes neurologiques dont les conséquences sont heureusement limitées. Votre fils est actuellement dans une phase de conduites à risques dont on se demande ce qui pourra l'aider à y mettre fin.
Paradoxalement il n'y a pas vraiment de dépendance à l'air sec. C'est-à-dire qu'aucune substance dans l'air sec ne va provoquer en soi d'en reprendre. En revanche il peut créer une ivresse passagère qu'une personne peut se mettre à aimer. La consommation d'air sec et autres gaz est d'ailleurs relativement "invisible" dans les médias et même chez les professionnels parce que ce sont des usages épisodiques, qui ne durent pas, bien que cela puisse faire des dégâts comme cela a été le cas pour votre fils.
La première fois que j'ai lu votre message je me suis effectivement demandé si votre fils souffrait d'un trouble psychologique. Apparemment il aurait vu plusieurs spécialistes et il n'est pas évident que cela soit ça, même si cela reste une possibilité. L'autre possibilité que j'envisageais était plus de l'ordre du problème relationnel entre ses parents et lui. Il est probable qu'il y ait un peu de cela.
En effet, ce que je constate à la lecture de votre premier message c'est que de fait sa situation, ce qui s'est passé, vous met dans une situation d'urgence et de coercition à son égard. Il y a comme un impératif à ce qu'il ne recommence pas et vous cherchez à tout contrôler pour qu'il ne puisse pas recommencer. C'est tout à fait normal, en tant que parent, de réagir ainsi au vu des risques importants qu'il prend.
Cependant le problème que cela semble poser c'est aussi, qu'à 19 ans, il semble ne pas pouvoir supporter cette mainmise sur lui. Et je dois dire que paradoxalement, cette injonction à l'arrêt qui lui est opposée est peut-être de nature à renforcer pour lui l'attrait de ce produit, qui devient un enjeu de son indépendance.
Lorsqu'il vous dit que quand il aura son chez lui "il en prendra comme il veut", vous voyez le défi qui vous est lancé et la peur s'empare de vous. Encore une fois, compte tenu de votre position de mère, c'est normal de voir cela et de réagir ainsi. Cependant j'entends aussi dans cette phrase qu'il veut son autonomie : il ne veut pas mourir, il veut pouvoir s'autonomiser, devenir indépendant, "faire ce qu'il veut" pense-t-il. Ce qu'il ne sait pas encore c'est que quand on vit seul, quand on prend son envol, on se prend aussi en charge et on est loin de pouvoir réellement "faire ce qu'on veut" car on devient responsable de soi.
Je crois que dans l'interaction avec lui vous avez là une piste intéressante à suivre. Je sais que vous avez extrêmement peur qu'il "parte" dans tous les sens possibles du terme. Mais je crois aussi qu'il est temps de vous préparer à cela et de commencer à le préparer à cela. Ce n'est pas vous, ce n'est pas un professionnel, qui allez pouvoir contrôler ses impulsions à consommer de l'air sec. Mais cette consommation aura beaucoup moins d'intérêt et d'importance à ses yeux si vous trouvez d'une part le moyen de ne pas tout focaliser là-dessus, d'autre part de commencer à lui dire (en gros) "oui, nous allons réfléchir ensemble à comment tu pourrais prendre ton envol, à ce qu'il faudrait pour y arriver...".
Mieux prendre en charge sa santé peut d'ailleurs être l'un des enjeux de la mise en œuvre de son autonomie. Vous pouvez lui expliquer par exemple que vous voulez lui faire confiance pour prendre soin de lui, que vous n'avez pas la solution à tous ses problèmes et que vous ne pouvez pas contrôler ses faits et gestes donc que c'est à lui, à un moment donné, de savoir s'il veut effectivement faire attention à lui. Vous n'allez pas/plus chercher à lui dire ce qu'il doit faire parce qu'il est bien assez grand pour le savoir. Si vous en avez la force, vous pourriez même prendre le contrepied de ce qu'il vous a dit et lui expliquer qu'effectivement, quand il sera chez lui, il pourra faire strictement ce qu'il veut, y compris prendre de l'air sec si c'est ce qu'il souhaite vraiment. Mais vous lui faites confiance aussi pour savoir faire des choix qui soient plus dans son intérêt car il en connaît les risques, dont vous ne pouvez pas/plus le protéger. Il est important qu'il sente que la responsabilité est mise de son côté. Cela va être beaucoup moins drôle pour lui de commencer à comprendre que pour pouvoir partir il va bien falloir qu'il prenne soin de lui, qu'il trouve de l'argent, un logement, qu'il fasse la cuisine et son linge, qu'il ait un projet de vie...etc et que papa et maman ne seront plus autant là pour faciliter les choses.
Il me semble en tout cas qu'il a besoin aussi que vous lui fassiez "malgré tout" confiance pour qu'il y arrive à terme et qu'il a besoin d'entendre qu'on le laisse prendre son envol même si cela ne se fera sans doute pas tout de suite.
Même si c'est une prise de risque parce qu'il peut tout à fait acheter de l'air sec avec, je vous conseille de lui redonner non de "l'argent de poche", mais un budget avec lequel il est convenu entre lui et vous qu'il sert à payer un certain nombre de ses dépenses que vous ne prendrez plus directement en charge désormais. Pour être "autonome", il faut en effet apprendre à gérer son argent. Au début il y aura des ratés mais si vous ne déviez pas de votre ligne et de votre accord avec lui, si vous ne comblez pas systématiquement le déficit ou n'achetez pas systématiquement ce qu'il aurait dû se payer avec l'argent que vous lui donnez, il y a des chances pour qu'il comprenne comment faire et finisse par mieux gérer ce budget. S'il est "mature" comme semble le dire une personne qui l'a rencontré, alors il est possible qu'il réussisse rapidement à trouver son chemin.
Compte tenu de l'état dans lequel vous met cette situation, ce que je vous suggère est bien sûr beaucoup plus facile à dire qu'à mettre en œuvre. A partir du moment où vous déprimez, ou vous angoissez complètement de cette situation, je vous conseille de vous faire aider par un psychologue si ce n'est pas déjà fait. Un espace tiers et bienveillant, rien que pour vous et éventuellement votre mari, où vous puissiez parler de vos angoisses pourra vous aider à retrouver un peu de souffle et des pistes à suivre. Dites-vous notamment que dans l'état dans lequel vous êtes, vous ne pouvez pas "bien" agir pour l'intérêt de votre fils. Vous êtes trop focalisée sur ce risque de mort imminente pour pouvoir bien lire la situation. C'est tout à fait normal encore une fois, mais réagissez aussi par rapport à cela et essayez de prendre soin de vous. C'est important.
Votre situation étant complexe, des informations manquant certainement à l'appel, je vous conseillerais peut-être aussi d'appeler notre ligne Drogues Info Service pour "en parler" (0 800 23 13 13). Nous pourrons vous y proposer probablement une orientation, dans la mesure où il existe des endroits où les parents peuvent se faire aider face à de telles situations.
En tout cas les internautes de ce forum et moi-même restons à votre écoute et sommes de tout cœur avec vous face à cette situation douloureuse pour vous.
Cordialement,
Le modérateur.
Profil supprimé vendredi 21 octobre 2011 14:30:17