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Sauron - 18/06/2025 19:10:52

Bonjour Antoine,
J'ai lu avec beaucoup d'émotion tes messages sur Drogues-info-service et j'aimerai t'écrire pour un peu te réconforter et te dire que tu n'es pas seul.
Je commence mon histoire, et je suis honnête en te disant que j'ai 62 ans, que je fume du cannabis depuis 40 ans, mais ma consommation est devenue régulière (tous les jours) depuis au moins 25 ans. 3-4 petits joints le soir qui sont devenus plus "dosés" depuis 4 ou 5 ans. Je suis célibataire depuis 11 ans, après une rupture avec mon partenaire pour des incompatibilités (il est très croyant et moi je ne le suis pas du tout). C'est bête, mais c'est comme ça.
J'ai un petit cercle d'amis proches et je vivais une petite vie, avec un boulot de fonctionnaire (administratif) et tout allait bien, bien intégré, impression d'être utile, des hobbies.
Mais depuis une demi-douzaine d'années, le boulot (à cause des restrictions de postes (de moins en moins de gens, un travail de plus en plus compliqué), une sorte de stress permanent s'est installé. Et les 5 dernières années, ce qui était une vie normale d'employé qui fait son boulot de manière naturelle et agréable, est devenu très dur à supporter. Je partais le matin la boule au ventre, en me disant quelle galère de plus va être ma journée. Ma collègue de travail a senti ce changement chez moi et maintenant, avec le recul, je me dis que j'aurai du réagir, changer de poste, essayer de trouver dans mon administration quelque chose de plus adapté afin de ne plus subir le travail, mais de retrouver de nouvelles pratiques, apprendre à faire d'autres choses, se remettre en question. Je ne l'ai pas fait et sûrement je m'en veux.
En début d'année 2022, j'ai fait un burn-out. 3 mois d'arrêt de travail. Ca allait mieux et je suis retourné sur le même poste de travail. Et, bien sûr, la galère a recommencé. Je ne voulais pas me l'avouer, mais le stress est revenu encore plus fort, j'essayais de trouver des sortes de trucs pour supporter, prendre des congés quand j'en avais besoin, une demi-journée par-ci, une journée par là. Tout ça jusqu'à janvier dernier où j'ai re-craqué. Je suis en congé maladie depuis et n'ai plus qu'un demi-salaire. Donc financièrement c'est pas la gloire. J'aimerai vraiment reprendre le boulot, mais pour l'instant je ne peux pas. En octobre prochain, il faudra que j'y retourne sinon c'est soit plus de fric, soit mise en retraite d'office pour raison de santé.
Début du mois de mai dernier, je fais un examen de routine et l'examen révèle du sang dans mes selles. Là, tout s'écroule, je flippe comme un malade, j'imagine le pire, cancer du colon, mourir à 62 ans, je commence à plus pouvoir manger (donc je perds du poids) j'ai des palpitations, de l'anxiété permanente et je sentais que j'avais déjà tous les symptômes d'un cancer généralisé.
Je dois réaliser une coloscopie en début juillet qui dira ce qu'il en est vraiment.
C'est là où j'ai compris qu'il fallait que j'arrête le hashish. Dès que je fumais même un tout petit joint dosé de rien du tout quasiment, les crises de panique devenaient monumentales, ingérables, palpitations, tout le temps en angoisse profonde.
J'ai maintenant tout arrêté depuis une semaine (j'essaie aussi de baisser ma consommation de tabac). Ca a été infernal et ça a fait que j'ai tout craché à mon médecin traitant, la vérité, toute la vérité. Il m'a prescrit des anxiolytiques pour les angoisses (j'essaie de les prendre avec prudence) et des bétabloquants pour calmer les palpitations. Ca n'a pas tout réglé par magie, mais j'en avais besoin sinon je crois que j'aurai même pas survécu. J'arrive à manger à peu près correctement, et cela aide quand même pour dormir.
Mes amis viennent me voir quand ils peuvent, donc environ 3 fois par semaine, le soir, une petite visite, mais le reste du temps je suis seul, et je crois que tu devrais comme moi, t'obliger à sortir quand même dès que tu le peux.
J'ai la chance d'avoir dans mon quartier, un petit café brasserie sympathique où je vais boire un diabolo presque chaque après-midi. J'y passe 2 heures au milieu des gens, à lire, parfois à discuter avec des gens que je connais tout juste, il y a surtout un serveur très bien, à qui j'ai tout dit, donc qui est vraiment gentil et se soucie de moi.
J'essaie aussi quand je le peux, de me balader un peu, surtout maintenant que l'été est là et qu'il fait beau. Je suis pas un grand sportif, mais rien que marcher t'obliger à bouger, à te sentir au milieu des gens, à voir autre chose... Moi qui était très télé (séries, science-fiction), même ça c'est plus comme avant. Heureusement que j'arrive encore à lire comme dit...
Les nuits sont difficiles, rêves bizarres, difficultés à s'endormir.
J'ai aussi décidé de prendre rendez-vous chez une psychologue que je vois fin du mois la première fois en espérant que cela va aider.
Comme toi, le sevrage est difficile, je le sens dans tout mon corps qui souffre. Sur YouTube, j'ai trouvé des séances d'hypnose contre le stress et l'anxiété et ça aide aussi un peu, c'est pas miraculeux, mais c'est un autre petit plus qui vaut la peine d'être tenté.
Dans tous les cas, même si les symptômes du sevrage sont vraiment pires que ce que je pensais, terribles, mais vu aussi que c'était 1000 fois plus craignos les derniers pétards que j'ai fumé il y a une semaine, je m'accroche, parce que le shit j'en ai pas envie, je n'en veux plus, il faut passer par là, par ce sevrage qui rend malade, qui est terrifiant, qui vous fait souffrir dans tout le corps et le mental. Je veux en finir avec ce produit que tout le monde dédramatise, qu'on appelle drogue "douce" mais qui est tout sauf doux...
Accroche-toi, moi je me dis qu'un moment ça finira bien par devenir plus supportable, puis par s'estomper et disparaître, j'y crois... Il faut du temps, et le temps semble ne pas passer assez vite. Il faut aussi pas trop projeter vers l'avant (ni vers l'arrière, quand "c'était mieux"blunk. Il faut prendre chaque moment comme il est, et payer le mal qu'on s'est fait avec ce produit. C'est pas du fatalisme, c'est un effort d'acceptation, un effort de tous les jours, mais qui je l'espère, finit par en valoir la peine.
Je ne peux que t'encourager à lutter, la bataille est dure, et on a parfois l'impression de perdre, essaie de ne pas te juger, essaie de ne pas avoir de regret, j'ai "une grande gueule", mais je lutte de toutes mes forces, fais le aussi... Fais le pour toi, pour redevenir fort, pour aller mieux, la vie est belle, ça je l'ai compris et on dois pas la gâcher, pour soi, pour les autres... Tiens le coup !

Sauron mercredi 18 juin 2025 19:10:52