Par chat

Chattez avec
Drogues Info Service

Par téléphone

Drogues Info Service répond
à vos appels 7 jours sur 7

Contactez-nous

Adresses utiles

Prévisualisation du message

Aconitum - 27/09/2021 16:28:10

Bonjour Mo,
Je lis ton post comme je lirais un message posté dans une bouteille à la mer et que j’aurais trouvé par hasard.
Ton post me parle, à moi, femme de 52 ans dont 25-30 à fumer du cannabis tous les jours.

D’abord avec mes copains vers mes 25 ans, comme tout le monde, une petite barrette de shit par ci par là et un joint ou 2 chaque soir, notamment parce que grosse et boulimique ça me permettais de ne pas sauter sur la bouffe. Sans doute aussi parce que j’ai toujours été pour les vies « alternatives » et libres, sans attirance pour une vie dite normale avec enfants et mari.

De 30 à 38 ans j’ai multiplié les rencontres, toujours avec cette envie de vivre « pas Comme tout le monde », le cannabis faisant partie du tableau, avec les sorties entre copains et l’alcool, sans jamais rouler sous la table, toujours dans la maîtrise du verre ou du joint de trop.

J’avais ma petite réputation locale de fille cool et open, et je garde un très bon souvenir de ce temps là, j’existais, même avec encore qqs kgs en trop. Je n’ai jamais eu de soucis au boulot, faisais ce qu’il y avait à faire pour toujours passer les examens ou concours nécessaires, même si ma consommation était déjà plus forte, encouragée par le fait de pouvoir acheter facilement dans le milieu dans lequel j’évoluais: tout le monde fumait.

À 38 ans j’ai rencontré l’homme avec lequel je vis aujourd’hui, sur internet. Dès le 1r rdv on fumait un joint ensemble! Il faisait pousser avant de me connaître, on a continué ensemble, et ceci jusqu’à..La semaine dernière!
On est restés ensemble et traversé pas mal d’épreuves dès les 1rs mois (décès de mes parents, lui gros soucis avec sa compagne précédente et ses enfants), mais même si les joints étaient notre quotidien, rien ne le laissait supposer, on était-et sommes encore- complètement insérés dans la vie: on a acheté une maison,l’avons retapée, j’ai repris des cours pour devenir cadre, sans aucun soucis, même en fumant une 10zaine de joints par jour et plus le We. On se faisait aussi assez régulièrement un petit snif de cocaine ou de speed, sans jamais tomber dans les excès, toujours sur un mode récréatif/apéros.

J’ai eu un poste important avec beaucoup de responsabilités, que j’ai assumé sans difficultés majeures, même en fumant et sniffant, comme si ma vie était régulée de cette façon, et toujours sans voir aucun problème à celà. Je n’ai jamais fait partie des gens disant que « sans Alcool la fête est plus folle », j’ai toujours eu envie que la fête soit folle! Je n’ai pas eu d’enfant, mais avant de fumer je n’en souhaitais déjà pas, c’est ainsi, sans que cela ne me pose de questions métaphysiques, et j’ai toujours assumé ce choix sans jamais m’en justifier, chacun choisit sa vie, la mienne est comme ça, c’est tout. Je pense que depuis petite j’ai une soif d’indépendance sans limite, c’est encore le cas.

En 2015 pourtant, après les attentats de Paris, mon conjoint a commencé à faire des crises d’angoisse, à vomir le matin avant d’aller travailler. On a tout mis sur le compte d’un stress lié à ces attentats- même sur nous n’étions pas touchés directement: ça l’a juste marqué énormément pour une raison que nous ignorions mais qui semblait être liée à ça.

Il a vu un psy, je l’ai soutenu, celà à duré 3 ans, avec paroxétine pour lui, et rien pour moi qui me considère comme archi solide face aux difficultés de la vie. On a continué à faire pousser, et fumer sans limite puisqu’aucune contrainte financière ou pour se procurer le produit: nous étions autonomes.

Fin 2018 pourtant, tout me faisait chier. Lui et ses crises d’angoisse perpétuelles, le taf et ses responsabilités H24, même les we « snifette » me laissaient de marbre.
Comme plusieurs fois avant dans ma vie, l’impression de tourner en rond, et que même avec des joints ou une impression de vivre « différemment De tout le monde », j’étais dans une sorte de routine: métro boulot bédo dodo, l’ennui de la répétition et le poids d’un boulot de plus en plus vide de sens. J’ai quitté mon taf pour créer une entreprise. Le temps de tout caller- tout en continuant à fumer, y compris en journée du coup, mais des « légers »(!), et nous étions en 2020: Covid!

Tout ce temps mon conjoint à continué ses crises d’angoisse quasi quotidiennes, mais en continuant d’aller taffer. Il a repris le psy qu’il avait cessé de voir quelques mois, et qui lui disait bien que le cannabis n’était sans doute pas étranger au bordel dans sa tête. Mais bon, impossible de même imaginer arrêter. On a fait pousser du CBD pour voir, mais bon, déçus des effets « pas Assez présents ».. incurables! Du coup, on a refait pousser avec THC, et même avec beaucoup beaucoup de THC (près de 22% pour « notre Candy X »). Et rebelote, près de 20 joints/jours, sans exagérer, enfin, à chaque envie de clope, de la beuh dedans. Les crises d’angoisse ont repris de plus belle pour lui, mais moi,l’impression de ne pas être impactée et de toujours aimer autant mes petits joints..

J’ai attaqué ma ménopause en parallèle, bouffées de chaleur de ouf, fatigue, douleurs articulaires, fièvre, bartholinite, la totale puissance 10 n ‘ayant pas eu de gosses et sans doute aussi à cause du cannabis, je ne sais pas, mais en tous cas.. ça c’est l’enfer! Je n’avais toujours pas d’envie d’arrêter, sauf au regard des risques routiers qui de plus en plus me faisaient flipper: tout risquer sur un contrôle, voire pire, risquer de blesser quelqu’un et de finir ma vie à payer pour cela, cette idée a commencé à me terroriser à chaque sortie en voiture.

Avril 21, il a quitté son boulot, lui aussi, Covid / changement de vie/crise de la 50taine.

Évidemment on s’est dit qu’à 50 et 52 ans ça frôlait les cas sociaux de vivre du chômage comme 2 cons, avec « la Drogue » en fond de tableau, mais comme on a toujours eu envie de pas faire comme tout le monde sans pour autant passer pour des écervelés, on a bossé comme des fous sur le projet et ça y est, la boîte est créée.


Mes économies m’aidaient à être optimiste, c’est vrai, mais je sais (savais) pouvoir tout perdre au moindre accident, et remettre en jeu ma sacro-sainte idée d’indépendance à chaque sortie en voiture (j’avais bien conscience que même en ne fumant jamais avant de prendre la bagnole, il n’y a aucune chance pour passer à côté d’un contrôle positif après autant d’années de cannabis..). Comment monter une boîte qui suppose des déplacements si chacun d’entre-eux peut tourner au cauchemar?

Il y a 10 jours, l’idée s’est imposée, d’un coup et sans réserve. Bizarre, mais on est passé de 20 joints à rien en 24h, alors qu’on en a encore plusieurs pots- de la 22%qui dégomme- à la maison. Mon conjoint ne veut plus de crises d’angoisse, c’est ça qui le mène. Moi je ne veux pas d’accident ou de contrôle, c’est plutôt le bâton qui me mène, et pour autant je suis sure à 200% que c’est fini, d’ailleurs je n’ai aucun « craving » depuis ce jour là, étonnement et contrairement à lui qui s’en ferait bien un petit.

Il faut dire que les 3 premiers jours ont été physiquement délirant: crises de larme, transpiration, tremblements, froid, chaud, insomnies totales, grosse désespérance le soir- pour lui surtout: quoi faire si on ne fume pas? Les clops sont bien fades désormais.
Ses crises d’angoisse ont été plus rebelles, c’est clair, d’ailleurs elles continuent de même que les insomnies et les tremblements. Il prend les matins où c’est chaud un minuscule bout de xanax, ça passe un peu..
Moi je prends mes tisanes à la sauge (pas la psychotrope bien sûr, l’officinale qui,pousse dans le jardin depuis ma ménopause), et en ajoute parfois une feuille dans un faux joint, ça me suffit à changer de la clope, et je sais que c’est transitoire.
Ça va durer encore quelques jours, -déjà ça s’estompe- qqs semaines? Mais le plus dur est fait et rien que pour ça je ne refumerai pas, d’autant que je suis près du « risque-routier= 0 » désormais- en tous cas j’en suis plus près que jamais depuis 25 ans!

Mon écrit est bien trop long pour que j’imagine t’avoir aidée, je crois que c’est moi qui avait besoin de parler, mais en tous cas, je pense que ton idée d’écrire chaque jour où tu en est est la bonne, ça fixe des jalons.

L’important reste de savoir pourquoi on arrête, et nous ça a pris beaucoup, beaucoup de temps, pourtant je n’ai jamais eu, ni avant ni maintenant l’impression d’avoir foutu ma vie en l’air ou être passée à côté de pleins de choses. Non, je crois qu’il y a plusieurs vies dans une vie, celle avec des joints à un moment, et une autre sans joints maintenant que je suis curieuse d’essayer, c’est pas plus compliqué que ça. Du coup je ne le vis pas comme une punition (j’avais fait le tour des jours avec bédo), mais comme une aventure: un nouveau projet, dans lequel je vais exprimer mon désir d’indépendance, avec la tranquillité d’esprit qui me faisait défaut et me pesait.

J’imagine que tu as des projets, je crois que c’est là dessus qu’il faut bâtir, le reste n’est que fioritures et ton corps et ton esprit sauront faire face comme sans doute tu as déjà dû faire face à des situations bien plus complexes. L’envie de fumer se contourne avec par ex ma méthode « sauge« , et peut être que ton médecin pourra aussi te prescrire un truc pour t’aider.(je suis partagée sur le xanax et n’encourage pas mon conjoint à en prendre, il y a bien un risque de dépendance avec, ça doit rester exceptionnel, et du coup pas facile de se le dire quand on est seul- moi je le Drive là dessus). J’écris, j’ai l’impression que toi aussi, ça c’est toujours un truc qui aide et qui permet de voir le chemin parcouru..
merci d’avoir lancé ce post, même si de l’envie de vouloir te répondre, je suis passée à l’envie d’écrire un roman sur ma vie, n’hésite pas de ton côté c’est je crois le rôle de ce genre de forums..



Profil supprimé lundi 27 septembre 2021 14:28:10