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Bonjour Mo,
Évidemment que je te lis, et c’est très agréable, très fluide, très sincère aussi. J’étais contente que tu répondes pour tout te dire. On en a même parlé avec mon copain, une sorte de débat entre nous qui ne réagissons pas tout à fait de la même la façon face à l’envie, au sevrage- comme nous ne réagissions pas tout à fait pareil en fumant.
11 jours après il est encore tenté sur certains moments, le soir surtout, mais surtout subit un sevrage plus pénible que le mien : ses crises d’angoisse n’ont pas totalement disparu et comme on a encore quelques tremblements au réveil, insomnies et sueurs, il s’en inquiète alors que moi je les accepte, sachant que c’est « le jeu ma pauv’ Lucette » et que ça va passer. De toutes façons, avec ma ménopause, je suis habituée à me sentir envahie de sensations à la con, mais mon amie la sauge veille sur moi..
Je crois aussi qu’il a été très déçu hier de la réaction d’un de ses copains de 30 ans: en apprenant qu’il arrêtait, sa réaction a été de dire « tu Vieillis », « on en reparle dans un mois », enfin que des trucs négatifs chez ce gars gros fumeur qui ne compte pas s’arrêter et voit le cannabis comme un moyen de rester dans un style de vie alternatif. Je comprends cette réaction, c’est comme si mon mec se détournait de lui d’une certaine façon, la perte d’années fo-folles enfumées à refaire le monde toute la nuit.
Malgré tout, mon point de vue est qu’on peut renoncer à fumer sans changer d’envie de vie alternative, car dans le fond, il me semble que c’est ça le problème: comment exister dans ce monde quand même globalement plutôt de merde.. ????????
Le joint m’a permis bien longtemps de vivre des choses dans des milieux vraiment cool, avec des personnes vraiment chouettes, et oui, ça a fait partie de ma construction comme ça fait partie de la tienne: je ne peux pas te laisser dire que tu as fait 38 ans de merde, ta perception n’est pas la bonne.
Tu as construis une personne qui maintenant ne te convient plus, avec peut être une difficulté à voir encore vers quoi tu veux aller vraiment, et surtout en imaginant que ça va être long, compliqué, pénible, quasiment inatteignable.
Évidemment 15j/3 semaines de sevrage avec tremblements, larmes, suées, ça ne fait pas rêver et c’est compliqué de s’y tenir sans craquer s’il n’y a pas un but au bout, des étapes cool sur le chemin et un peu d’organisation entre les 2.
Je crois que c’est ça qu’il faut que tu décomposes, par écrit pourquoi pas, ça s’ancre mieux. Moi par ex ça m’a aidé d’écrire, pas tant pour arrêter de fumer d’ailleurs que pour fixer ce que je voulais faire de ma vie. J’ai écrit des pages et des pages de merde, de bouillie indigeste de plaintes, de défaitisme, d’idées noires à la con, presque façon écriture automatique.
Et puis je suis allée marcher, sans but mais avec de la musique dans les écouteurs- de la musique triste évidemment ! En me relisant qqs heures plus tard, force à été de constater objectivement que mon état d’esprit avait sensiblement évolué. La dopamine en marchant, la musique ou le fait d’avoir écrit, j’en sais rien, mais je tenais ma petite victoire mesurable en moins de 2h: l’état d’esprit d’un moment n’est pas celui de tout à l’heure.
Je ne sais pas si ça fait mystique, mais depuis j’ai des petits trucs comme ça, et j’ai l’impression que mon cerveau y prend goût petit à petit: je pose par écrit mes emmerdes, je me bouge le cul (c’est ça le plus dur, l’impulsion est compliquée faut le faire sans réfléchir »dans la lancée- et c’est pour ça que j’accompagne en musique) et en revenant je relis. Sauf pour les grosses emmerdes sur lesquelles je n’ai pas de prise, pour les autres, j’ai l’impression qu’elles ne sont pas si insurmontables que ça.
ça n’empèchera peut être pas l’envie de fumer au retour, au pire tu auras gagné 1/2h avant de refumer mais ce sera peut-être aussi une petite victoire, celle d’avoir eu une impulsion positive et d’avoir agit concrètement pour modifier la chimie du craving qui finalement est bien un processus cognitif, faut en être conscient.
On est tous à la tête d’un cerveau malléable, mais capricieux, partisan du moindre effort, sauf s’il a sa dose de plaisir, même s’il faut aller le chercher avec les dents. Cette petite impulsion peut suffire à se rendre compte que c’est faisable, et à initier un rdv chez le médecin ( xanax ou autre), chez l’hypnotiseur ou l’herboristerie- ou les 3 à la fois! (Car le conseil c’est quand même d’avoir une béquille, le sevrage c’est 3 semaines de merde, il faut l’accepter et l’organiser comme un athlète aux JO)
Mon conjoint à plus de mal que moi à voir l’instant présent « se redessiner », même si ça s’améliore. Lui suggère plutôt des méthodes contraignantes: cacher ta beuh dans un endroit galère (un truc à démonter pour y accéder, genre prise, ou derrière le frigo, enfin, tu voies l’idée), et repousser en faisant d’autres choses direct en rentrant chez toi (douche, gym, cuisine..).
De toutes façons, on n’est pas des modèles, à 50 et 52 ans, on aura au bout du compte mis beaucoup plus de temps que toi à admettre que le changement est une bonne idée et qu’il est faisable.
J’ai encore écrit un roman, sans même savoir si ces idées ont un intérêt, mais tiens moi (nous) au jus: ça me (nous) fait plaisir de lire ton cheminement !
A bientôt!
Profil supprimé mardi 28 septembre 2021 16:08:50