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Bonjour
Je n'ai pas tout à fait dit "peu importe les doses". Je me suis référé à votre consommation de "2 à 3 fois par semaine depuis un an". Sachant que pour un consommateur occasionnel le dépistage urinaire sera positif pendant 3 à 5 jours mais que vous consommez régulièrement, c'est-à-dire 2 à 3 fois par semaine, vous ne laissez jamais le temps pour que le dépistage urinaire redevienne négatif. En revanche la police utilise de plus en plus le dépistage salivaire pour lequel le cannabis n'est dépistable que quelques heures. Si c'est cette méthode qui est appliquée au bord de la route lorsque vous êtes contrôlé et que vous n'avez pas fumé depuis suffisamment longtemps (au-delà de "quelques heures" ) alors le dépistage sera négatif et les policiers vous laisseront repartir. Mais vous comprendrez qu'on ne peut pas savoir à l'avance à quelle méthode de dépistage vous allez être soumis !
Dans le sang normalement, pour un consommateur occasionnel on retrouve des traces de delta-9-THC seulement pendant quelques heures. Cependant, les techniques quantitatives utilisées se sont affinées au cours du temps et sont capables de "dépister" des doses de plus en plus petites. Or, depuis 2003 la loi a aboli la notion de "seuil" pour établir l'infraction de conduire en ayant fait usage de stupéfiants. La conséquence en est, et certaines études l'ont démontré, que pour les usagers intensifs de cannabis on a été capable de retrouver, dans le sang, des traces de cannabis jusqu'à 30 jours après l'arrêt. Alors vous n'êtes pas un usager intensif et on ne retrouvera pas, vous concernant, des traces de cannabis aussi longtemps après. Cependant cette possibilité de détection de traces de cannabis dans le sang au-delà des quelques heures auxquelles nous nous référions habituellement souligne le rôle d'un phénomène jusque-là sous-estimé : le relargage du delta-9-THC stocké dans l'organisme. Ce relargage prolonge clairement les possibilités de dépistage du delta-9-THC dans le sang. A partir du moment où vous n'espacez pas suffisamment vos consommations comme c'est votre cas et où par conséquent vous vous assurez de stocker toujours une quantité minimale de cannabis, alors ce phénomène de relargage existe. Je ne saurais vous dire pendant combien de temps on pourrait retrouver du delta-9-THC dans votre sang, sans doute pas très longtemps mais sans doute tout de même au-delà des "quelques heures" habituellement indiquées. De plus la détection peut avoir des "hauts" et des "bas", c'est-à-dire qu'à H+x vous pouvez être indétectable et à H+y, y venant après x, vous pouvez de nouveau être dépistabe pour d'infimes traces.
Mais ne soyons pas victimes d'un "effet loupe" en vous expliquant tout cela : de toute façon la probabilité que vous ne soyez dépisté pour le delta-9-THC dans votre sang que quelques heures reste la plus forte. Il y a tellement de facteurs en jeu qu'on ne saurait dire mieux.
Vous n'êtes pas obligé d'arrêter le cannabis "tout court" pour pouvoir conduire. Mais vous devez vous assurer de laisser un laps de temps conséquent entre le moment où vous fumez et celui où vous allez conduire. Vous devez aussi espacer un peu plus vos prises de cannabis. Compte-tenu de la cinétique du cannabis, 2-3 fois par semaine c'est possiblement "trop" au regard du dépistage des stupéfiants sur le bord de la route (à moins d'être sûr de tomber sur un dépistage salivaire et d'avoir bien plusieurs heures entre le dernier "joint" et la conduite).
Le législateur a voulu sanctionner l'usage de stupéfiants au volant (pas seulement du cannabis je vous le rappelle) pour des raisons de sécurité routière, parce que la plupart de ces usages sont supposés incompatibles avec la conduire automobile. C'est le cas pour l'usage du cannabis au volant, qui modifie les perceptions et ralentit les réflexes. L'étude française SAM réalisée il y a quelques années a démontré un sur-risque d'accident pour le cannabis, bien moindre que l'alcool mais réel et par contre bien plus que l'alcool si alcool et cannabis sont mélangés. Mais le "problème" aussi c'est que l'on ne sait pas reliler précisément, contrairement à ce qu'on sait faire avec l'alcool, une dose précise à un risque donné. C'est pour cela qu'il n'y a pas de notion de "seuil" concernant les stupéfiants et que par conséquent, oui, ce qui est mesuré c'est juste la présence du stupéfiant et que ce n'est pas tout à fait en lien avec son impact réel sur la conduite. Encore une fois c'est parce qu'on ne sait pas mesurer cet impact mais que le législateur a tout de même estimé qu'il fallait sanctionner ces prises de risque pour la conduite automobile.
Les effets "ressentis" du cannabis ne durent que quelques heures en effet. Mais cela ne veut pas dire que le cannabis ne fait plus effet. On sait que le THC qui passe dans le cerveau y reste plus longtemps que celui qui se diffuse dans le reste de l'organisme alors que c'est ce dernier qui est dépisté. Si on pouvait dépister le THC qui est dans votre cerveau les durées de positivités seraient plus longues. Quelle est l'action de ce THC qui est dans le cerveau ? Au-delà des premières heures où les effets ressentis sont manifestes c'est difficile à dire. Mais des usagers actifs ou des usagers qui arrêtent ont certaines performances cognitives (réflexes, mémoire, perceptions...) amoindris ou modifiés par rapport aux non consommateurs et pas seulement pendant les quelques heures pendant lesquels on ressent les effets. Les effets du cannabis sur la conduite vont donc très probablement au-delà des effets "ressentis" même si vous avez peut-être du mal à le croire.
Je ne saurais répondre sur ce qui se passe à l'étranger. Il ne me semble pas que le Colorado ait renoncé à une politique de contrôle des stupéfiants sur le bord de la route. Pour autant d'autres pays n'ont pas de législation en la matière. Chaque pays gère à sa manière en fait, en fonction de ses priorités et des risques qu'il veut prendre en considération ou pas. Vous savez que la France est sur un axe sévère à l'égard des stupéfiants et, comme écrivait Pascal que vous devez peut-être étudier en ce moment : "vérité en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà".
Cordialement,
le modérateur.
Moderateur vendredi 27 novembre 2015 11:12:01
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