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e.martin - 08/08/2012 15:59:22

Bonjour,

Je suis le modérateur de ces forums et je vais profiter de la torpeur estivale pour essayer de vous donner quelques éléments de réponse. J'espère néanmoins que d'autres Internautes pourront vous répondre également, à l'aune de leur expérience personnelle.

Il y a des éléments tout à fait positifs dans ce que vous racontez et en premier lieu la qualité de votre relation et de la communication entre votre petit ami et vous. Le fait de pouvoir en parler est un réel atout. Savoir si vous en parlez "trop" ou pas comme vous le demandez est une vraie question à laquelle j'aurais tendance à répondre qu'il faut que vous fassiez confiance à votre intuition sur ce point. Vous avez conscience que cela peut être "trop" parfois - et il ne faut d'ailleurs pas que cela vous obsède complètement - mais d'un autre côté il est important et même essentiel que vous continuiez à en parler entre vous aussi librement que vous semblez le faire.
Il montre en plus qu'il veut faire des efforts et qu'il vous écoute et là aussi c'est un bon signe. Ne vous turlupinez pas trop de savoir si c'est pour vous ou pour lui qu'il le fait. C'est vrai qu'il vaut mieux que cela vienne de lui mais j'ai l'impression que votre relation est suffisamment qualitative pour qu'il n'y ait finalement pas tellement de différences entre ce que vous voulez et ce qu'il veut.

Il a donc appelé un CSAPA mais l'option "traitement", c'est-à-dire prendre rendez-vous avec un médecin, ne semble pas avoir abouti. Il est vrai qu'aujourd'hui la réponse "médicale" à un usage d'héroïne est normalement le traitement de substitution et, parfois encore, le sevrage. Mais si votre petit ami ne prend de l'héroïne "que" de temps en temps nous ne sommes pas dans la configuration d'une dépendance "physique" qui nécessiterait une telle réponse médicale. Il est notamment clair qu'il n'a pas intérêt à prendre un traitement de substitution qui ne ferait que renforcer sa dépendance aux opiacés !
Il serait donc probablement plus utile de viser le soutien "psychologique" (sans parler de psychothérapie) sur le moyen terme que le soutien médical. En effet, le fait d'avoir très envie d'en reprendre signale que s'il n'en n'est pas (encore) dépendant sur le plan physique, l'héroïne l'obsède néanmoins et il a commencé à être psychologiquement dépendant. En théorie les CSAPA assurent également un tel soutien et il pourrait rappeler celui des Sables d'Olonne pour demander et prendre rendez-vous avec un psychologue. S'il demande à ce que vous l'accompagniez, n'hésitez pas : ce n'est pas vous qui vous imposez mais bien lui qui en éprouve le besoin. Il est possible qu'il soit un peu "nerveux" à l'idée d'aller dans un CSAPA et qu'il ait besoin que vous soyez là. Encore une fois c'est un signe d'une bonne santé de votre relation.

Maintenant que faut-il espérer de tout cela ?
Il est clair que le soutien psychologique est une aide qui permet d'étayer l'arrêt mais que ce n'est pas une solution miracle. Arrêter nécessite de sa part une réelle motivation à le faire et un engagement personnel dans cette démarche. Au-delà du soutien par un CSAPA, cela va nécessiter également qu'il coupe les ponts avec ceux avec lesquels il consomme ou auprès desquels il se fournit en héroïne. Il ne faudra plus qu'il les voit ou même qu'il leur parle au téléphone. Est-il prêt à faire cela et est-ce possible ?
Vous pouvez aussi vous attendre éventuellement à des phases de rémission, c'est-à-dire des phases où effectivement il ne consomme plus, suivies de phases de reprise de la consommation. Cela signifie pour vous que vous devez vous attendre à ce qu'il ne réussisse pas forcément à faire le deuil de l'héroïne du premier coup. L'essentiel est déjà qu'il essaye. Les rechutes, très communes avec les addictions, sont en fait aussi des phases où l'usager apprend à se connaître et qui, s'il sait en tirer les enseignements, le renforcent pour sa prochaine tentative d'arrêt.

Pour conclure, et en espérant que ces informations vous auront aidées, j'insisterais surtout sur le fait que la meilleure aide que vous pouvez lui apporter c'est de continuer à avoir une si bonne relation entre vous. Cette relation semble être un moteur positif pour lui. Cela n'est pas la garantie que tout réussira comme vous le voulez mais c'est réellement un atout fort. Prenez soin de lui sans oublier de prendre soin de vous et il y a de bonnes chances pour que vous finissiez par réussir à surmonter cette addiction.

Cordialement,

le modérateur.

Profil supprimé mercredi 08 août 2012 13:59:22