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Bonjour, c'est mon tout premier message. Je me suis inscrit pour répondre à ton témoignage qui me parle beaucoup car même si sur la forme c'est différent de ce que je vis, sur le fond c'est très proche. J'espère que mon témoignage t'aidera à t'en sortir.
Moi c'est le cannabis synthétique, bien plus puissant que le hash ou l'herbe, des "défonces" quasi-paralysantes (physiquement et mentalement) depuis deux ans, je n'ai d'ailleurs pas travaillé depuis et suis au RSA, ce qui limite de fait les quantités que je peux acheter.
Quand je reçois mon sachet, les premiers jours je crois sincèrement qu'il va durer plus d'un mois, puis la tentation d'augmenter la dose s'installe et en une semaine c'est englouti. Semaine pendant laquelle je passe mon temps à dormir à toute heure, souvent couché à la moitié du joint. Ensuite, je patiente difficilement jusqu'au mois prochain, en réutilisant les restes de joints dans de nouveaux joints... et ainsi de suite (j'en ai parfois des vomissements, mais je continue). Finalement en fin de mois je ne vomis plus et les dosages résultants me permettent de vivre de nouveau à peu près correctement, la "défonce" redevient douce et gérable, agréable même. Je commande alors un nouveau sachet, et le même schéma se répète: je crois que le sachet va durer un mois, et en fait je le fume en une semaine, puis je patiente comme je peux jusqu'au mois suivant.
J'ai enfin décidé d'arrêter car le mois dernier j'ai reçu un produit différent, mais je l'ai consommé quand même. Il n'était pas vraiment plus puissant, mais les effets étaient différents et cela a produit un effet "miroir": j'ai fait un constat comme ces gens habituées à la présence de caméras chez eux, qui ont un choc quand on leur montre plus tard des passages de ces enregistrements de leur quotidien. J'ai réalisé que je ne vivais plus que pour être pratiquement paralysé au lit pendant une semaine, puis être saisi d'angoisses profondes quand j'ai fini le sachet à l'idée de passer plus de trois semaines dans un autre état, entre ennui intense et déprime.
Ca fait déjà deux ans que ça dure, Et ça a empiré depuis plus d'un quand un cancer a emporté mon meilleur ami. D'autres circonstances très difficiles se sont accumulées à cette période, j'ai rompu avec la plupart des personnes que je fréquentais et surtout j'ai cessé de composer des musiques, une passion autour de laquelle gravitait toute ma vie depuis vingt ans. Depuis je trouve tout absurde, sans intérêt. J'ai tendance à ne plus rien faire et je n'ai même plus envie d'être heureux.
N'ayant plus que la "défonce" dans ma vie, j'ai fini par me convaincre que je ne pourrai plus jamais vivre sans consommer, que je ne pourrai plus jamais être bien "à jeun" sur le long terme. Et comme ces produits sont tout sauf vivre, le serpent a fini parse mordre la queue... au point que j'avais pris la décision de me suicider après cet été, résigné et avec le souhait ultime qu'il n'y ait pas de vie après la mort, car cela signifierait l'ennui et la tristesse éternelle.
Mais depuis cet "électro-choc" en juillet (j'ai pas mangé pendant 5 jours), j'ai réalisé plusieurs choses. La fuite n'est effectivement pas une solution, et surtout un sentiment d'injustice commence à émerger de tout ce terrible gâchis. Mon meilleur ami aurait tout donné pour vivre quelques années de plus, et s'il me voyait (je lui avais caché) il me verrait m'enfoncer dans des états comparables à ceux qu'il subissait au quotidien, de plus en plus handicapé par sa tumeur au cerveau (paralysies, hallucinations, etc).
J'ai alors décidé de me laisser une chance, et finalement je ne vais pas me suicider, même si j'en ai encore envie de temps en temps. Cela va être un combat qui m'effraie d'avance, mais j'ai choisi de l'engager quand même, car je n'ai plus rien à perdre, et je peux y gagner. Ne serait-ce que pour ma mère, qui a tant souffert dans sa vie. Je voudrais au moins lui épargner la souffrance atroce de perdre son fils. Mieux, je voudrais qu'elle vive le bonheur de me voir heureux pour de bon, et ainsi pouvoir partir l'esprit tranquille quand elle sera en fin de vie.
Il faut d'abord que je retrouve mon énergie qui est entièrement pompée par cette drogue .J'ai donc pris la décision ferme de ne plus jamais commander cette saloperie sur internet. Si je le fais, tout est fini. J'ai aussi consulté un médecin pour avoir une aide médicamenteuse car maintenant je dors trop peu et trop mal sans consommer. L'objectif intermédiaire étant de reprendre un rythme de vie normal, me lever tôt, manger à midi comme tout le monde etc une certaine hygiène de vie, une discipline pour pouvoir reprendre un travail, un vrai travail.
Avant tout ça, j'avais trouvé un équilibre correct: je travaillais tous les jours, je voyais des amis, je me défonçais au hash uniquement le soir en guise de récompense et j'avais de vrais projets pour ma vie. Il me semble que le plus important n'est pas de stopper (risque de rechute) mais de réduire de façon à être à jeun la majeure partie du temps. J'ai cultivé de l'herbe que je vais réserver uniquement pour le soir, parce que j'étais plutôt heureux, je vivais mes passions à fond, et l'envie de fumer n'avait rien à voir avec cette sensation physique de manque que j'éprouve actuellement avec ces drogues synthétiques qui en plus m'épuisent, me font déprimer et procrastiner en permanence jusqu'à me mettre dans une situation impossible. Si déjà je peux retrouver cette vie d'avant ce serait énorme, mais au fond, ce que je voudrais vraiment c'est parvenir à apprécier la vie sans artifice.
Je me suis posé une question: si demain est la dernière journée de ta vie, tu préfères la vivre à jeun ou défoncé? La réponse m'a paru évidente. Maintenant il ne faut pas que je me pose la question pour demain, mais pour aujourd'hui.
J'ai essayé de résumer, c'est pas facile tant il y a dire, mais j'espère surtout que ça t'aidera d'une façon ou d'une autre.
Profil supprimé mercredi 31 juillet 2019 19:59:11