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Bonjour Mauïra,
C'est bien tout ça : vos rendez-vous se suivent et semblent plutôt bien se passer ! La difficulté c'est évidemment que cela remue des choses et que cela vous pose des questions. Mais c'est précisément ce travail qui vous fait avancer même si, à court terme, il peut aussi vous fragiliser.
Votre frère est impliqué et j'ai déjà dit que c'était également une très bonne chose. Il peut dire, par personne interposée, ce qu'il ressent. Vous l'entendez, cela vous choque mais je crois que tous les deux cela vous permet de mieux vous comprendre et vous aide à savoir où il a besoin d'être rassuré.
Lorsqu'il dit qu'on devrait vous empêcher de consommer il dit avec ses mots non qu'il faut absolument vous contraindre mais qu'il a juste peur de l'overdose donc peur de vous perdre. Et cela vous l'avez très bien compris. Il tient à vous mais je ne crois pas du tout qu'il vous tienne responsable du risque que vous prenez. Ce risque est inhérent à la prise d'héroïne mais pas inhérent à Mauïra ! Il ne dit pas que c'est votre faute. Ça c'est votre interprétation, prenez-en conscience.
"Tout est de ma faute !" : je crois que cette phrase vous l'avez souvent écrite. C'est chez vous un prisme très fort pour interpréter ce qui arrive autour de vous. Nous en connaissons la cause et le rôle joué par vos parents là-dedans. Cependant je peux vous dire, de mon point de vue extérieur, que je vous perçois plus comme une victime. Vous avez eu un accident qui a eu des conséquences dramatiques et irréparables. Ensuite vous avez rencontré l'héroïne qui, comme vous l'avez dit, a sauvé votre vie à un moment donné, au moment où la culpabilité et la douleur étaient trop fortes. C'était indispensable pour vous à l'époque d'y avoir recours. Vous avez été prise dans un engrenage vital qui dépasse votre simple volonté et qui a permis de préserver votre élan de vie. Vous voulez vivre Mauïra, vous avez cette envie de retrouver votre équilibre et de tout faire pour y arriver un jour. C'est un premier point que vous pouvez rappeler à l'occasion à votre frère pour le rassurer sur le fait que vous voulez vous aussi à tout prix éviter l'overdose.
Vous vous demandez d'ailleurs comment le rassurer. Mais en fait vous donnez déjà la réponse à donner dans l'immédiat : "j'y pense aussi à l'overdose et je suis prudente". Vous n'avez aucune envie de vous suicider, c'est tout le contraire même il me semble ! Et si vous voulez le rassurer encore plus laissez-moi vous rappeler ou vous donner quelques conseils qui permettent de réduire les risques d'overdose :
- essayez de ne pas consommer seule car si vous faites une overdose les témoins ont le temps d'appeler les secours (15 SAMU ou 18 Pompiers) qui ont un antidote qui vous sauvera ;
- essayez d'éviter autant que faire se peu l'injection, qui est le mode d'usage pour lequel le risque d'overdose est le plus fort ;
- essayez d'éviter les mélanges avec une substance également dépresseur du système nerveux comme l'alcool et les benzodiazépines ;
- en face d'un nouvel échantillon prenez la dose la plus faible possible la première fois pour en connaître les effets car parfois il y a des échantillons d’héroïne fortement dosée qui circulent ;
- évitez les ruptures de consommation. Les reprises de consommation après un sevrage sont les moments où le risque d'overdose est le plus grand. Il vaut mieux consommer régulièrement des doses contrôlées (les plus faibles possibles mais sans excès de "faiblesse" non plus car une dose trop faible peut vous pousser à consommer "plus" la fois suivante) que faire le yo-yo ou encore d'arrêter quelques jours ou semaines et reprendre à des doses identiques à celles que vous utilisiez au moment où vous avez arrêté. En effet le sevrage déshabitue le corps aux opiacés et il le déshabitue plus vite aux effets dépresseurs sur le système respiratoire qu'il ne le déshabitue aux effets de plaisir. Comme les doses prises le sont avant tout pour essayer de ressentir les effets positifs il y a, au moment de la reprise, un risque de surdosage par rapport aux effets sur la fonction respiratoire.
Regardez ces conseils et faites le point sur votre pratique de consommation. Quels sont les situations où vous avez des facteurs de protection et celles où votre mode d'usage favorise plutôt le risque ? Là où vos habitudes ont tendance à vous protéger vous pouvez en parler à votre frère pour essayer de le rassurer. Là où vos habitudes ont tendance à favoriser le risque vous pouvez réfléchir tout d'abord à comment vous pouvez les changer pour plus de protection et ensuite en parler peut-être aussi à votre frère pour lui montrer votre souci d'encore mieux faire.
Cordialement,
le modérateur.
Moderateur vendredi 08 avril 2016 13:02:16
Modéré par: webmestre