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Sunti - 07/08/2024 03:36:38

Tout d’abord merci à tous pour vos témoignages, cela fait quelques jours que j’ai entamé mon sevrage et que je lis plusieurs posts, c’est d’une grande aide pour comprendre ce que l’on peut ressentir.

Ayden91 : comment vas-tu ? Ton sevrage est encore en cours ?
Tu as tout mon soutien.

Pour ma part, j’ai envie de vous proposer mon témoignage afin de pouvoir, je l’espère, en aider certains, mais aussi et surtout, sans vous mentir, m’aider moi-même avant tout.

Ma femme me dit souvent que j’ai du mal à confier mes sentiments et mon anxiété, il est vrai, je vais donc tenter cet exercice avec vous par l’exposé de ma vie et de ce qui m’a conduit à vous la raconter brièvement, sans jugement je l’espère.

Mon histoire problématique avec le cannabis a commencé fin 2019 avec le décès de mon grand-père qui était l’exemple que j’avais de la réussite simple.

D’abord, je dois vous avouer que je pense tout de même avoir un terreau fertile à mon anxiété et ma dépendance : père alcoolique et drogué mais aimant / mère distante et ayant du mal à dire ses sentiments.

Un divorce (9 ans) très conflictuel (prononcé à 16 ans) qui m’a renfermé sur moi-même et les jeux vidéos afin d’éviter le conflit.
Un départ de chez ma mère (11 ans) défaillante vers chez mon père, aimant, mais défaillant aussi dans des conditions de vie/logement compliquées (local commercial sans cuisine ni douche).

Première cigarette/joint/bad trip l’année de ma 5eme avec un décrochage scolaire commençant doucement à cause du harcèlement (1 pantalon et 2 t-shirt pour la semaine ce n’est pas suffisant en collège privé) - début de la consommation croissante de tabac - consommation occasionnelle de cannabis - aussi subi l’ablation d’un testicule me renfermant davantage sur moi-même.

Première grosse cuite en 4eme et décrochage scolaire encore + important suite à un changement d’établissement avec encore du harcèlement (être un petit blond aux yeux bleus ce n’est pas suffisant en collège public)
Je passais mon temps dehors avec de mauvaises fréquentations de 5-10 ans mes aînées.

Pas de redoublement grâce à une compréhension de mon principal et validation du brevet des collèges.
S’ensuit une conseillère d’orientation qui me bazarde en lycée professionnel dans lequel je ne me sentais pas à ma place - j’ai subi ce cursus en me renfermant encore plus sur les jeux vidéos et les écrans avec peu de relations sociales.

Puis, je ne savais pas quoi faire mais, ayant toujours eu la certitude d’avoir un cerveau bien formé, je me suis dirigé vers une licence en droit.

Le fin du premier semestre de ma troisième année, 2 jours avant les examens, mon téléphone sonne et j’apprends que mon grand-père, inconscient, est hospitalisé et qu’il m’est impossible de me rentre à son chevet en Corse sous peine d’être défaillant à mes examens, que je compose donc.
La veille de la fin des examens, je sors de ma composition et un proche m’avait laissé un message, je le rappelle et il m’annonce le décès : là tout s’écroule et j’ai l’impression de chuter sur moi-même, de m’effondrer intérieurement.

Les funérailles et les fêtes de fin d’année ont lieu puis il faut retourner à la normalité, reprendre la fac et ce quotidien mais sans ce phare pour me guider.

C’est là que fumer du cannabis a eu, je pense, un tout autre sens pour moi. Il ne s’agissait plus de se défoncer, d’oublier les problèmes quotidiens, légers ou tracasseries, mais de maquiller le départ subi d’un proche, d’atténuer les sentiments douloureux.

2 semaines après, ma consommation n’a cessé de croître, de 1 à 2 joints occasionnels le week-end j’étais passé à 1-2 journaliers sans m’en rendre vraiment compte, pris par la continuité de ma vie et mon déni sur le décès subi.

2 mois après, j’ai subi un accident de la route non responsable à moto qui m’a laissé un traumatisme à la jambe

1 mois après l’accident : mars 2020, 1er confinement Covid alors que je devais reprendre la faculté, voilà 3 mois que je ne sors quasiment plus que pour aller chercher ma consommation, je m’isole à l’extrême, m’enfermant avec ma mélancolie, mon ordinateur et Marie-Jeanne.

Je finis ma licence dans le bordel global que tout le monde a pu connaître du premier confinement, mes sorties ne se limitent qu’à aller chercher ma consommation avec le stress de la fausse attestation.
Une fois la besogne faite, je m’enferme jusqu’à ce que je sois à court.

Passant l’été à travailler en saison en Corse, je loge chez ma grand-mère endeuillée, l’on s’épaule et je ne consomme quasi pas.

A la rentrée 2020, je démarre un master droit en alternance dans la finance, nouvelle année dans une nouvelle ville, l’été avec ma grand-mère m’ayant reboosté j’ai de nouveaux des rêves et je les place dans mes études inespérées quelques années plus tôt.

En octobre, le second confinement. Je me retrouve isolé, loin de mes proches, dans une ville que je ne connais pas. Je me fournis pensant, après quelques semaines d’arrêt, que cela allait être anodin.

Les semaines suivantes, ma consommation devient vraiment incontrôlable, j’enchaîne les joints de trop pour éviter de me réveiller et d’avoir à penser, à réfléchir, à subir les assauts de mon cerveau.
À côté de ça, ma défonce me donne de grosses fringales, je commence à développer des troubles alimentaires en me nourrissant quasiment que de (trop) de junk food ; j’ai complètement arrêté le sport et j’allume mon premier de la journée, dans mon lit, avant même que mon premier cours en distanciel est commencé ; les jours de travail, je rentre vite pour arrêter de penser et fumer, je fume du tabac la journée.

J’ai des douleurs chroniques à l’estomac, vais à la selle 10x/jour et n’arrive pas à m’alimenter sans substance.
Ma jambe me fait mal car je ne peux pas convenablement réaliser ma rééducation dans l’état mental dans lequel je suis.

Lors de l’été 2021, je tente d’arrêter en compensant avec une consommation excessive d’alcool, de CBD et de tabac, j’ai l’impression de voir mon père, je craque et ne tient que quelques semaines avant de replonger dans le THC.

Fin 2021, je rencontre ma compagne, elle sait que je suis fumeur, ne désire pas que j’arrête pour l’instant mais que j’y réfléchisse pour l’avenir, je note.

Je finalise mes études, ne trouve pas d’emploi me convenant et me tourne vers une formation certifiante dans mon secteur d’activité que je valide début 2024
Pendant ce temps, ma consommation fait le yoyo, les moments où je suis à sec, je me tourne vers le CBD ou le tabac pour compenser mais mes barrières cèdent, seul le THC me permet de maintenir ce semblant de bonheur.

Les moments où je m’arrête de consommer ? Je suis détestable, dépressif, ailleurs, chaque phrase de ma compagne est prise comme un reproche, j’ai l’impression qu’elle ne comprend pas ce que je vis même si je suis responsable de ma dépendance.

Quand je suis seul, mes larmes coulent lorsque je me perds dans mes pensées sans pouvoir les accrocher ou, a contrario, je suis capable de déconnecter des heures sans bouger et ne rien faire, comme si mon esprit était ailleurs, végétant.

Mi-juillet, j’ai connu un bad trip m’ayant laissé mal et fait réalisé que je ne pouvais plus continuer sur cette pente descendante, j’ai donc arrêté le THC depuis, en compensant avec un peu de CBD (arrêt il y a une semaine) et du tabac (arrêt hier )

À ce jour, j’ai repris la cigarette électronique avec un taux de nicotine moyen.

Je n’ai pas d’appétit, des tremblements, une libido inexistante, des migraines, des envies de vomissement, des douleurs abdominales, l’impression d’être déshydratée et des selles fréquentes comme à chaque moment où j’ai tenté de me sevrer ; mais je pense qu’il est nécessaire d’affronter cela pour éviter de redémarrer ce cercle vicieux de la dépendance.

Je n’ai toujours pas trouvé d’emploi et mes droits expirent le mois prochain, j’ai peur de l’avenir et de retomber dans mes travers.

Merci de m’avoir lu, en espérant que mon témoignage puisse aider certains d’entre vous, comme j’ai pu l’être.

Sunti mercredi 07 août 2024 01:36:38