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Je pense que mon conjoint est alcoolique..

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Bonjour, Mon conjoint boit tous les jours ou presque. Sa préférence va au whisky mais comme il se sent un peu surveillé, il attend des occasions "particulières" pour s'acheter une bouteille (il en faut peu, une journée au travail dite éprouvante peut faire partie de ces occasions..). Le reste du temps, il s'agit de vin, de bières. Pour le vin, comme nous sommes plutôt des gourmets, nous aimons en boire lors d'un bon repas. Mais quand moi je ne bois que durant le repas, lui continue sans problème jusqu'au bout de la nuit. Et puis soyons honnête, il faut dire maintenant que même sans bon repas, il a pris l'habitude d'en acheter régulièrement et peut boire 1 ou 2 bouteilles par soir dès que je suis couchée.. Pour la bière, son rapport est beaucoup plus simple, il considère tout simplement que ce n'est pas de l'alcool et là encore, il peut en boire une douzaine comme il boirait du sirop. Je retrouve de temps en temps des bouteilles vides cachées dans ses affaires. Je ne lui ai jamais dit.. J'ai bien trop peur de sa réaction. Alors je les laisse là et je les regarde s'empiler. Il a développé une sorte d'accoutumance, qui fait qu'il est très rare qu'il soit ivre et perde ses moyens. Il y a 2 ans de cela, il est devenu agressif à mon sujet(verbalement, et j'avoue avoir eu peur qu'il lève la main sur moi). Nous avons bien discuté le lendemain, et cela ne s'est plus jamais reproduit. Il faut dire que maintenant j'ai tendance à m’éclipser et à fermer les yeux, car la moindre insinuation à sa consommation risque de l’énerver.. Il me rétorque qu'il n'est pas bourré, qu'il gère etc. J'ai beau lui expliquer qu'on peut avoir un problème avec l'alcool sans avoir l'apparence d'une personne ivre morte, il ne comprends pas. Pour lui sa logique est implacable et tout dialogue est impossible. Tant qu'il n'est pas agressif avec moi ou que cela n'affecte ni sa vie sociale ni son travail, cela ne me concerne pas. Que répondre à cela?.. Il prétend n'avoir aucun problème et que je ne suis qu'une "rabat-joie". Quand il est de mauvaise humeur, il remet toute notre vie en question, en disant que je ne suis pas une personne pour lui car je le bride et qu'à 35 ans il a passé l'age d'avoir quelqu'un sur son dos..Il est persuadé d'être meilleur que les autres, qu'un accident en voiture, une cirrhose, que sais-je, que tout cela n'arrive qu'aux imprudents, qu'aux imbéciles...jusqu'à quand? Le lendemain en effet, il est toujours à l'heure au travail et assume ses fonctions comme n'importe quelle autre journée. Famille et amis ne se doutent de rien, je suis seule témoin de cela. Je n'ai aucune emprise sur lui. Je sais que si je lui fais le moindre chantage, il préférera partir plutôt que se remettre en question. Nous devons nous marier en juin prochain. Et nous avons prévu d'avoir des enfants ensuite. Quasiment tout est prêt. J'ai fermé les yeux car c'est un garçon intelligent. Mais intelligence de l'esprit, n'est pas forcément celle du cœur.. Je pensais qu'il avait compris ce que j'attendais de lui, je commence à penser que je me suis trompée. Surtout qu'au final, il ne m'a jamais rien promis. Je me suis mise toute seule dans cette situation, en m'engageant avec lui, alors que j'ai toujours connu ses problèmes. C'est à prendre ou à laisser. J'ai le sentiment que nous sommes comme deux parallèles, qui s'aiment mais ne se rejoignent jamais. Aujourd'hui j'ai très peur de m'engager.. Je ne sais plus quoi penser, ni espérer. J'ai l'impression d'avoir tout essayé. La dernière chose que je n'ai pas faite, c'est de me tourner vers des professionnels. Sans grand espoir pourtant car trop orgueilleux, je sais qu'il refuserait tout aide. Mais je suis désespérée, je pensais que le mariage et tous nos beaux projets pourraient changer quelque chose.. Il faut savoir que mon père a sombré dans l'alcoolisme quand j'avais 10 ans, suite à un licenciement. Après des mois de souffrance, de peur, à chercher les bouteilles vides cachées dans la niche du chien, jusqu'au soir où il a cherché à tuer ma mère.. il s'est fait hospitalisé. Ma mère est partie quelques années après sa sortie, mais depuis tout va beaucoup mieux... Dernière chose, je pense que son penchant va vers l'alcool pour des raisons très pragmatiques. Facile à trouver, peu cher. S'il pouvait il snifferait encore de la colle comme quand il avait 15 ans.. Mais dès que de la drogue passe sous son nez, impossible pour lui de se limiter. Et là les quantités sont assez impressionnantes. Dieu me garde j'ai envie de dire, même sans être croyante, il a plus beaucoup d'amis qui fréquentent ce milieu alors les occasions se font plus rares. Désolée pour ce long message, c'est la première fois que j'ai l'occasion d'en parler à quelqu'un alors sans doute fallait-il que ça sorte.. Je vous remercie d'avance du fond du cœur pour l'attention que vous porterez à mon message.

Mise en ligne le 20/12/2012

Bonjour,

A la lecture de votre témoignage, nous comprenons votre besoin de parler de la situation que vous vivez.

Votre compagnon boit tous les jours mais refuse absolument de remettre en question cette consommation. Vous avez cru que le temps, le dialogue, la compréhension ainsi que vos sentiments suffiraient à changer les choses. Il est effectivement très important de faire preuve de compréhension et d'essayer au maximum de privilégier le dialogue dans ces situations. Mais lorsque la personne ne reconnaît pas avoir un problème, il est très difficile, voire impossible de la convaincre de quoique ce soit.

Vous prenez conscience de vous être mise "toute seule dans cette situation" puisque vous connaissiez ces problèmes en vous engageant. Bien souvent, la personne proche de celle qui boit pense pouvoir changer les choses, faire prendre conscience à la personne de son problème pour l'aider au mieux. Seulement voilà, pour l'instant, et personne ne peut dire pour combien de temps encore, pour votre compagnon, il n'y a pas de problème ; il n'y a par conséquent aucune raison de vouloir solutionner quoique ce soit. Dans ce cas-là, le risque est grand que le proche s'épuise, se décourage, et aille lui-même de plus en plus mal, se sentant impuissant face à une situation qui pourtant l'inquiète terriblement.

Vous avez le sentiment d'avoir tout essayé, et votre dernier recours est de vous adresser à des professionnels. Nous encourageons votre démarche, en rappelant que ces-derniers seront tout aussi impuissants que vous face à quelqu'un qui ne souhaite pas l'aide qu'on lui propose, ou qui ne reconnaît pas avoir un problème. Par contre, vous pouvez les contacter pour vous, afin d'avoir un lieu où aller parler de tout cela et être soutenue face aux difficultés que vous rencontrez. Les centres de soin, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) accueillent autant les personnes qui consomment un produit, que les membres de l'entourage. Vous pouvez donc vous rapprocher de l'un de ces centres afin d'obtenir conseils et soutien face à ce que vous traversez.

Vous nous dites que "c'est à prendre ou à laisser". Il semble que ce constat vous oblige à vous positionner, vous, par rapport à cet état de fait. Nous vous invitons donc à réfléchir à ce que vous vous sentez de vivre, ce que vous souhaitez vivre, ce que vous vous sentez capable de supporter - ou pas - et avec quelle aide... Les professionnels mentionnés plus haut peuvent vous accompagner dans cette réflexion. Vous êtes "désespérée". Nous vous encourageons à être vigilante à vos propres limites et à prendre soin de vous. Il n'est pas nécessaire que vous vous épuisiez à essayer de le changer, en vain. D'une part, il est fort peu probable que vous arriviez à vos fins, et d'autre part, vous irez vous-même de plus en plus mal, ce qui n'est en rien souhaitable.

Notre site propose des forums permettant aux internautes d'échanger entre eux par rapport aux situations de chacun. Si vous le souhaitez, n'hésitez pas à aller y faire un tour, à lire les textes et pourquoi pas à laisser un message. Le soutien et les conseils de "pairs" sont souvent complémentaires à l'aide que peuvent apporter les professionnels.

Pour obtenir l'adresse d'un centre de soins proche de chez vous, ou pour en parler de vive voix, n'hésitez pas à appeler l'un de nos écoutants au 0800 23 13 13 (Drogues Info Service, appel anonyme et gratuit depuis un poste fixe, tous les jours de 8h à 2h du matin).

Bien cordialement.

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