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Vos questions / nos réponsesBonjour, je ne sais pas par quoi commencer tellement les idées se bousculent dans ma tête... Les années 90 dans le nord ont été les plus noires pour bon nombres de familles, la mienne y compris. L'ouverture des frontières, l'arrivée de l'héroïne et la coke... Comme beaucoups je ne me suis pas méfié suffisamment, pour mon plus grand malheur. Ado on croit qu'on va "assurer", qu'on arrêtera demain, surtout après après avoir pris un rail qui vous refait croire au père noel. Aujourd'hui c'est bientôt 2010 et c'est loin d'être finit pour moi. Je me fais toujours l'impression d'être un toxico, bien que je ne fréquente plus ce milieu même quand je suis dans le nord (il m'arrive d'être à paris pour bosser), je ne prends plus d'héroïne, à vrai dire j'y pense à peine. Mais un autre truc auquel je pense tout les jours : ce satané subutex ! Ca fait de nombreuses années maintenant, j'ose à peine les compter, je m'y refuse en vérité mais je sais que ça fait bien 10 ans aujourd'hui. 10 ans où quotidiennement, je pense au "subu", délivré facilement par un médecin généraliste, qui connait à peine le problème, l'ordonnance est faites vite fait, à peine on s'échange quelques mots, et pas la peine d'espérer un jour l'entendre vous mettre au pied du mur : "dis donc il serait temps de penser à diminuer, commence à te préparer, ce sera pour le mois prochain". C'est un peu comme ça que je voyais les choses, en plus je prend mon traitement en comprimés de 2mg, il serait facile de diminuer, par exemple, en commencant par enlever 1mg (sur les 6 à 8mg quotidiens que je prends, en deux prises en plus, c'est pas conseillé m'a-t-on dit). Sans une aide extérieure je n'y arriverai pas, c'est sûr. D'ailleurs tout le monde s'en fout, tu prends "ton traitement", tu fais chier personne, tu vole pas, tu reste chez toi, bref tu n'est plus une menace pour la société, t'est propre, tu présente bien, peu savent (ou personne) que tu prend cette saloperie, sauf ta famille qui s'en doute mais qui ne t'en parle pas, dommage, ça aurait pu aidé mais c'est pas dans notre culture de parler avec ses parents de ce genre de choses, trop la honte d'avouer qu'on a tout foiré... Tu bosse en intérim parce que tu peux pas t'engager sur le long terme, jamais. T'ose pas sortir de France à cause d'un éventuel problème, confiscation du traitement à la douane, se retrouver en manque à l'étranger, même pas la peine d'y penser. Pareil avec une nana avec qui ça pourrait marcher, qui voudrait d'un toxico ? Forcement ça se saurait tôt ou tard, alors tu baisse les yeux, tout le temps. J'en ai ras le bol, ça se terminera jamais, des jours je me dis qu'il vaudrait mieux être mort, pourquoi je chope pas cette grippe tueuse moi... Les démarches sont longues pour un poste de cure, sans compter que se retrouver avec des toxicos qui n'ont pas vraiment envie d'arrêter c'est risqué, on ne sait jamais, la bête rode et elle peut te (re) mordre n'importe quand, même si y a peu de chances que tu te laisse aller. Même au pire de la descente aux enfer je savais que ça ne durerait pas, par amour propre, par fièrté, j'en ai gardé quand même, comparé à plei d'autres qui ne sont plus là pour en parler. J'ai jamais fais de saloperie non plus, pas de vole de ma famille, pas d'arnaques, à peine il m'est arrivé de vendre ou échanger quelques objet perso, bijoux, cd disques, etc, pour de l'héro que je sniffais (uniquement sniff). Pas d'addictologue à 100km à la ronde, pas de véhicule, prendre le train et trois bus pour un entretient quand t'as ni moral ni moyen de payer les transports c'est juste pas faisable, et t'est pas prioritaire comparé à l'état de certains qui vivent dans la rue... T'as un toit, ton subu, demerde toi.............. Vous avez une idée vous ? J'en peux plus... Vraiment.
Mise en ligne le 04/12/2009
Bonjour,
Nous tenons tout d'abord à souligner le courage dont vous faites preuve en nous écrivant. Vous évoquez en effet un vécu particulièrement douloureux qu'il n'est jamais aisé de livrer.
Vous dites en avoir "ras le bol", vous vous décrivez isolé, géographiquement d'une part, n'ayant pas de moyen de locomotion personnel, et d'autre part concernant la question de votre traitement dont très peu de personnes connaissent l'existence. Vous semblez également insatisfait de la prise en charge médicale de ce traitement de substitution et exprimez clairement votre volonté de vous en passer car il a des répercutions sur tous les domaines de votre existence.
Sans connaître précisemment votre parcours de soins en toxicomanie, le fait que vous ayez mis à distance les différents produits que vous consommiez est un point positif majeur. De plus, vous dites "à peine y penser" et ne plus fréquenter "ce milieu". Ces éléments montrent bien que vous êtes parvenu à changer votre mode de vie de manière efficace.
Néanmoins, le fait de vous sentir bloqué dans votre parcours est tout à fait compréhensible. C'est un sentiment que d'autres personnes sous traitement de substitution évoquent. Il est souvent d'autant plus fort que l'on se sent seul face à ses problèmes. En parler avec votre entourage familial proche pourrait vous permettre de partager vos difficultés et d'obtenir un soutien dont vous manquez à l'heure actuelle. Ceci permettrait également de mettre des mots sur quelque chose dont ils "se doutent mais ne parlent pas", de libérer la parole et de vous soulager de ce poids les uns et les autres.
Concernant votre traitement à proprement parler, il paraît clair que la prise en charge dont vous bénéficiez est insuffisante. Mais il est tout aussi clair qu'au regard de la détermination dont vous avez fait preuve jusqu'à aujourd'hui, le changement est possible. Ainsi, votre médecin généraliste est en capacité d'entendre votre lassitude et votre souhait de diminuer le traitement progressivement. Il s'agit bien de votre traitement et de votre vie.
En lien avec celà, vous nous dites qu'il n'existe pas d'addictologue à moins de 100 kms de chez vous et que vous souhaitez être soutenu par une aide extérieure. Sachez qu'il existe des centres spécialisés de soins en toxicomanie qui sont tout à fait compétents pour vous accompagner dans votre décision, et ceci en collaboration avec votre médecin généraliste. Dans ces centres, des éducateurs spécialisés, des assistantes-sociales, des psychologues et des médecins sont formés pour vous écouter, vous aider à choisir la stratégie de soins la plus adaptée pour vous. Ces personnes sont également compétentes pour vous indiquer comment aller à l'étranger en toute tranquilité. Le centre "Etapes", basé à Maubeuge, propose une consultation avancée à Jeumont les jeudis de 14h à 17h avec un éducateur spécialisé à qui vous pouvez exprimer vos sentiments et frustrations, être aidé à les surmonter et être accompagné dans vos différentes démarches. Les rendez vous se prennent par téléphone au numéro que vous trouverez dans le lien ci dessous.
Vous pouvez également nous joindre par téléphone au 0 800 23 13 13 (de 8h à 2h, 7jrs/7, anonyme et gratuit depuis un poste fixe) afin d'y trouver une écoute et des réponses à d'autres de vos questions.
Nous vous assurons de notre soutien et vous souhaitons bon courage.
Bien à vous.
32, boulevard Pasteur
59600
MAUBEUGE
Tél :
03 27 62 34 44
Site web :
www.lasauvegardedunord.fr/etablissements/etapes/
Accueil du public :
Du lundi au vendredi de 9h00 à 12h30 et de 13h30 à 17h
Substitution :
Centre méthadone du lundi au vendredi de 11h à 12h30 et de 16h à 17h.