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C'est si banal ?

Par Miredo12

Bonjour,
J'en ai parlé un peu sur un autre fil : mon fils de 18 ans consomme des stupéfiants. La liste est longue : ecstasy, lsd, ketamine, champignons.... Au moins toutes les 3 semaines, peut-être davantage, je piste mais des choses m'échappent sûrement. Il a perdu au moins 10 kilos en 4-5 mois, saigne fréquemment du nez, chope pas mal de virus. Nous ment sur les endroits où il sort, les personnes avec qui il est, ce qui crée des tensions entre nous et a ruiné notre confiance. Aurait pu tuer quelqu'un en conduisant au moins une fois sous emprise, défoncé à l'ecstasy. Malgré tout ça, il banalise complètement la prise de drogue. D'après lui tout le monde consomme, ce n'est pas dangereux, on peut consommer et avoir une vie normale. "Si c'était de la merde tout le monde ne consommerait pas". "C'est jeunesse qui se passe" (celle là combien de fois je l'ai entendue...!) Les parents de Machin s'en fichent, les parents de Truc font semblant de rien voir (comprendre que nous, on est trop emmerdants par rapport à ces parents si cools). J'en arrive à douter et me dis parfois que c'est moi qui dramatise. C'est le bazar dans ma tête en ce moment.

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50 réponses


Pepite - 20/10/2021 à 21h29

Bonsoir,

Ce n'est pas dans votre tête que c'est le bazar.
Je comprends ce que vous vivez. Je l'ai traversé avec mon fils. Lui ce ne serait que le cannabis.

En revanche mon beau-frère en est mort, il avait 35 ans, voici 7 ans. Il a fait une rupture d'anévrisme alors qu'il venait de réintégrer la maison familiale après une rupture sentimentale.

Il a grandi dans une niche familiale très dure : violence conjuguale, père paranoïaque et jaloux. Mère soumise et culpabilisable à souhait. Brave femme.

Ma belle-mère n'a jamais ouvert les yeux, ni le père d'ailleurs. Ils minimisaient sa conso de cannabis malgré les 14 pieds dans son ancien jardin. Ils ont découvert le cocktail de drogues en lisant l'autopsie. Bien entendu, on en parle pas. Pour moi c'est insupportable. Depuis mon beau-père est décédé d'un accident malheureux. Désormais ma belle-mère se met "à vivre" malgré le chagrin.

Mon beau-frère était imbuvable et rejetait le système. Il passait une partie de l'année en Thailande : sexe et défonce.
Dans les derniers temps, il faisait une dépression. Je pense que son corps n'en pouvait plus de lui. Il l'a finalement abandonné dans son dernier délire.

Que du gâchis et du temps perdu. Pourtant c'est si bon d'aimer, de s'attacher et de se mettre à l'épreuve.

La souffrance nous permet de comprendre ou d'avoir un autre point de vue. Mais à quoi sert elle lorsqu'elle s'installe durablement ?
Quel est le le sens de tout cela ?

Prenez soin de vous Miredo12. Ça c'est de votre ressort.

Bien à vous,

Pépite



Miredo12 - 21/10/2021 à 13h23

Ce qu'il est compliqué d'appréhender, quand on est spectateur, c'est de savoir où ils en sont. Le mien fait tout pour cacher les prises, alors même que le dialogue est ouvert. Les mensonges me rendent dingue, renforcent mon sentiment d'impuissance et me donnent à penser que c'est plus grave que ce qu'il dit. Mais comment s'en assurer...

Pepite - 21/10/2021 à 16h06

Miredo12,

Vous rentrez dans un cercle vicieux.

Imaginez que vous sachiez tout, qu'est ce que cela changerait ?

Concernant ses certitudes sur les consommations, demandez lui de lire à voix haute les articles de drogue info service sur les risques, notamment sur sa santé. Le site est très documenté.

Ne vous laissez pas déstabiliser, faites vous confiance et accrochez vous à votre cadre.
Mettez lui des limites et prenez soin de vous.

Avec toute ma compassion,

Pépite

Miredo12 - 23/10/2021 à 16h42

Encore une conversation compliquée hier mais nécessaire pour lui montrer qu'on lâche rien.
On lui a demandé, encore, d'arrêter de nous mentir, car ça nous permet d'adapter notre réponse à la situation réelle : il veut arrêter de consommer, alors on met ensemble en place des stratégies pour le protéger d'éventuelles consommations. Il n'en est pas capable ou n'a pas envie pour l'heure ? Alors comme on n'a pas le pouvoir de l'empêcher on s'organise pour qu'il ne conduise plus, déjà dans un premier temps et pour que les prises soient le + sécurisées.
Son discours avait changé. La semaine dernière au retour d'une soirée passée au milieu de consommateurs, et où je le soupçonne d'avoir consommé, tout le monde en prenait et ça n'avait pas d'incidence sur la vie. Hier finalement c'était le discours inverse. Il a reconnu que tout le monde n'en prend pas et que oui, ça a des effets sur la vie de tous les jours.
Aujourd'hui soirée en famille, ça va être reposant, faut profiter de ces moments là !
Bon week-end à toutes et tous

Pepite - 27/10/2021 à 22h56

Bonsoir Miredo12,

Je vous plains.

Ce soir j'ai eu une boule dans la gorge lorsque j'ai reçu son Sms : j'ai besoin de pâtes et de beurre.

Je suis au resto, au Puy du Fou avec mon mari et mon petit. On y était venus avec lui il y a 12 ans. Un heureux souvenir.

Je lui ai répondu qu'il n'avait qu'à contacter son père et accepter l'aide alimentaire du foyer.

Toujours pareil. Je ne le supporte plus. J'ai aimé ce bébé, l'enfant qu'il était et je déteste le jeune adulte qu'il est.
Je dois faire le deuil de mon enfant.

Les larmes viennent, je vous laisse.

Pépite







Miredo12 - 11/11/2021 à 22h36

Coucou à tous, Pépite blunk
Un petit moment que je n'ai pas posté, mais je passe tous les jours.
Ici on parle, on s'écrit, mais de son côté le discours est toujours à la banalisation. Il est sorti plusieurs fois depuis mon dernier message mais est rentré clean il me semble, bien que je me méfie. Du moins il n'était pas complétement défoncé. Je reste prudente, vu les discours de banalisation c'est impossible qu'il soit dans l'optique d'arrêter. Ses sorties sont pour moi une source inimaginable d'angoisse, j'en vomis de stress toute la soirée. Peur qu'on m'appelle pour me dire qu'il a fait un malaise, peur qu'on frappe à la porte pour me dire qu'il est mort. Ses sœurs souffrent de me voir si angoissée mais je n'arrive pas à me raisonner. Il est revenu plusieurs fois mal en point, le visage déformé par l'ecstasy, et je n'arrive pas à m'enlever ces images de la tête. Il a 3 ans avant d'avoir son diplôme et n'aura pas de difficulté à trouver un emploi vu le secteur dans lequel il est. Je lui ai déjà dit qu'il me tardait qu'il prenne son envol dans 3 ans, que je ne serai plus spectatrice impuissante de tout ça. Il l'a mal pris, mais j'ai aussi des limites, et deux filles dont je veux m'occuper sereinement. Certains moments sont extrêmement difficiles à supporter. Si notre cadre ne lui convient pas, si son mode de vie ne nous correspond pas, à partir du moment où il a un travail, il peut faire sa vie comme il l'entend.
Je n'en reviens toujours pas de vivre tout ça. Jamais je ne l'aurais imaginé. C'est un mélange de déception, de stupeur et d'angoisse depuis cet été.
La seule chose positive que j'espère en tirer, c'est la prévention vis-à-vis de ses sœurs. On en parle beaucoup toutes les 3.
Bon courage à toutes et tous

Pepite - 15/11/2021 à 17h10

Bonjour Miredo12,

Je comprends ce que vous traversez et vous décrivez parfaitement votre ressenti que je partage.

Je suis passée moi aussi par tous ces états émotionnels et j'ai un jour compris que le chemin qu'il avait pris pouvait déboucher sur une tragédie. Comme pour mon beau-frère.

Alors que puis je faire pour ne pas sombrer avec lui ? Ce qui ne réglerait rien.

J'ai eu un cancer, je suis en rémission, mon couple a survécu à cette épreuve. Je suis passée à côté de mon developpement personnel, à coté de moments partagés avec lui et en famille parce qu'il choisit de se droguer.
J'ai tout essayé, beaucoup perdu. Je ne veux plus être Sysyphe.

Je crois que nos limites s'imposent, que nous devons prendre soin de nous et que nous avons le droit et le devoir de dire stop à la maltraitance infligée. Pour nous, pour nos proches.

Non à l'ingratitude, non à l'emprise psychologique, non à la peur chronique, non aux comportements délétères. NON.

Ils veulent se droguer et bien ça les regarde, sans nous.

Je le soutiendrai lorsqu'il prendra un chemin d'épanouissement. Je serai une base affective sécurisante lorsqu'il se soignera.

Avoir un proche addict, c'est très éprouvant, surréaliste, innommable, insupportable. Pourtant qu'est ce que j'ai grandi humainement avec toutes ces souffrances.
C'est peut-être cela aussi la résilience.

Prenez soin de vous, vous n'êtes (malheureusement) pas seule.
Continuons à partager, soutenons nous face à ces fléaux qui saccagent notre jeunesse qui mérite d'autres expériences que celles de se détruire la santé physique et mentale.

Bien à vous,

Pépite

Miredo12 - 16/11/2021 à 13h39

Ça fait quelques jours que je trouve qu'il change, en positif. Au lieu d'être rassurée, mes voyants sont au rouge écarlate et je me demande ce qu'il mijote. Rien peut-être, mais on en vient à se méfier de tout. C'est triste...

Merci Pepite pour vos réponses si bienveillantes. Prenez soin de vous blunk

Pepite - 16/11/2021 à 16h43

Bonjour Miredo12,

J'ai ri en vous lisant. En effet même les bons moments se transforment en suspicion, en questionnement.

Profitez de lui quand il est bien

Au plaisir de vous lire,

Pépite

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