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Bonjour Cécile et Lemouvement
Je vous remercie toutes les deux de chercher après moi, cela me fait énormément chaud au coeur.
J'avais le sentiment de ne plus avoir vraiment de légitimité à intervenir dans le fil de discussion. Je suis là à m'épancher sur une situation de laquelle je me suis libérée, alors que vous êtes en plein dedans. Et vos histoires me touchent tellement, ainsi que l'amour que vous portez en vous. Je crains parfois d'être de mauvais conseils et de dire des choses à côté de la plaque, comme penser que vos compagnons ne vous méritent pas alors qu'objectivement, ils sont malades et ne font pas de mal sciemment.
Ce sont vraiment des situations très difficiles. Et je pense souvent à vous.
Tant que le conjoint est malade, aucune solution ne semble idéale. Rester alors qu'il n'arrive pas ou ne veut pas s'en sortir, c'est laisser beaucoup de plumes, beaucoup de regrets, beaucoup de force et se sentir seul. Partir règle le problème, mais on n'en sort pas indemne, j'en suis la preuve.
Un toxicomane malheureusement détruit tout sur son passage, il se détruit lui même jour après jour et son entourage à petits feux entre désolation, colère, dégoût, tristesse, amour, impuissance.
Le processus de guérison est long et difficile.
Oui, de la drogue (et toutes les drogues), il y en a partout. La consommation de drogue dans les petits villages a explosé. Et il y a de plus en plus de consommateurs de manière générale. On n'en parle pas assez d'ailleurs. La couverture médiatique sur le sujet est vraiment anecdotique par rapport à l'ampleur de la situation.
Quelqu'un qui souhaite consommer de la drogue arrivera toujours à s'en procurer malheureusement.
Les anciens héroïnomanes ont tendance à toucher au crack quand ils rechutent. Souvent, ils ne veulent pas retomber dans l'héroïne car pour eux c'était très douloureux d'en sortir et aussi, ils ne veulent plus se piquer. Le crack apporte des sensations aussi fortes et puissantes que l'héroïne, mais comme cela se fume, ça paraît pas très grave. Sauf que c'est de la cocaïne peu diluée, elle est très peu coupée, c'est une vraie balle dans la tête. L'addiction est totale, les effets très courts, il faut fumer en permanence pour être ''bien'' et en fin de compte, ils ne vivent que pour le produit. Cela crée des situations comme les collines du Crack à Paris où les toxicomanes vivent carrément sur place.
La trajectoire de mon ex ressemble beaucoup à celle de ton compagnon Cécile. Il était accro à l'héroïne, il s'est soigné, a suivi un traitement de substitution à base de subutex. Il se sentait bien et ne consommait plus pendant longtemps. Il a arrêté son traitement. Il a retrouvé ses anciennes mauvaises fréquentations à un mauvais où il était en conflit avec ses parents, et bam, il découvre le crack. Ca coûte cher, l'effet dure peu, il bascule alors vers la cocaïne en sniff associée à l'alcool, alors qu'il ne buvait pas.
Souvent dans les rechutes, il s'agit pour eux de compenser une addiction par une autre. Ils se transforment même parfois en apprenti chimistes en mélangeant des substances.
Après ce passage fait de polyconsommation, il est finalement retombé dans l'héroïne par injection, et il en est encore là à l'heure actuelle.
@cécile
J'espère de tout coeur que ce séjour à la montagne te fera du bien, à toi et tes enfants. Tu as besoin de grand air au sens propre et figuré.
Comme je te le dis depuis le début, tu dois penser à toi en 1er et ne pas ressentir de culpabilité avec ça. Tu n'es responsable que de toi et de tes enfants. Toute personne adulte est responsable de ses choix et de sa vie.
Si tu as envie de passer du temps sans ton compagnon pour te reposer, suis ton envie sans te soucier des conséquences que cela aurait sur les consommations ou le mental de ton conjoint. Actuellement, rien ne le fait réagir. Tu ne peux pas te battre contre le vent. Tout ce que tu peux faire, c'est de te protéger, d'essayer une nouvelle communication avec lui lorsque cela sera possible (s'il est constamment sous produit, cela ne servira à rien) et ensuite voir comment cela se passe.
@Lemouvement
Merci de m'avoir répondu.
Je vois que tu es parvenue à te positionner avec une certaine distance face à la maladie de ton conjoint afin de ne pas subir et de ne pas non plus te torturer avec des sentiments comme la peur. Il faut beaucoup de travail sur soi et de force aussi.
C'est un peu comme si tu prenais chaque jour l'un après l'autre et tu apprécies ce qu'il peut te donner quand il est là.
Au sujet de ma relation, je n'avais pas tout à fait un rôle infirmier dans le sens où je suis naturellement maternante quand j'aime.
Bien sûr que cela m'a marqué. C'est un tout qui m'a profondément blessé. L'histoire en elle-même, l'annulation d'un mariage, le manque de soutien de mon entourage, l'indifférence de mon ex vis à vis de tout ce que j'ai pu ressentir en terme de déception et de trahison, la découverte de cet univers qui est profondément violent, le fait qu'il ait été le 1er homme avec qui j'ai partagé une intimité et il le savait.
Tu utilises le mot "brimée", et c'est bien cela dont il est question.
Tout s'est passé dans les non dit. Même la façon dont j'ai découvert qu'il se droguait de nouveau. Son meilleur ami s'était décidé à me l'avouer. Il avait de l'estime pour moi et il préférait que je sache tout avant de me marier. Il l'avait pris en photos avec son portable pendant qu'il fumait du crack et il me les a montrées. Cela ne pouvait pas correspondre à une époque lointaine car il portait une chemise que je lui avais offerte. Il me supplia de ne jamais lui parler de ça car c'était vraiment son meilleur ami et il ne voulait pas qu'il sache qu'il l'avait "trahi'' en quelque sorte. J'ai tenu ma promesse, je n'ai jamais dit comment j'ai su.
Je me souviens du choc en voyant ces images. Quand on est loin de tout cela, c'est très violent de voir quelqu'un se droguer, d'autant plus quand on aime cette personne.
C'était donc des secrets, des tabous, des non-dits....
Ne plus en parler et oublier.
Je pense que c'était possible, peut être que je ne suis pas assez forte tout simplement et que je laisse trop de place aux souvenirs.
Tout cela m'a marqué, mais cela ne m'a pas changé en fait. J'ai gardé ma capacité à aimer, à faire confiance, à donner mon coeur, et à pardonner. Cela n'a aucune incidence par exemple sur ma relation de couple actuelle.
C'est une douleur intime que je porte en moi et qui prend plus de temps que prévu pour cicatriser.
Le fait de parler avec vous m'a déjà fait un bien immense.
Je vous embrasse avec toute mon affection.
Allegra vendredi 04 août 2023 10:10:55