Par chat
Chattez avec
Drogues Info Service
Vos questions / nos réponses
Drogues Info Service répond à vos questions
Vos questions / nos réponsesChattez avec
Drogues Info Service
Drogues Info Service répond à vos questions
Vos questions / nos réponses
Hello Allegra,
Merci pour ton message!
De mon côté, ça va. Du côté de mon compagnon, chaque jour de cette semaine a donné lieu à des prises de cocaïne en solo (sauf mercredi, car il était ko et il est resté à la maison toute la journée). Ce matin par exemple, il est rentré vers 8h du matin. J appelle cela des "disparitions" et j ai vu que d autres compagnes nomment comme cela aussi, ce qui m a donné le sourire. Dans ces moment-là c est zéro news, de tps en tps sous mon insistance, un petit "ça va" par sms, puis plus rien jusqu au sms qui indique son retour. Bref, grosse dégringolade de son côté cette semaine. Nous allons avoir une discussion dessus (là il dort), je ne sais pas trop comment la mener, mais je souhaite voir où il en est, où il pense en être, ce qu'il peut faire.
Concernant notre "parcours" dans son addiction, j'ai évidemment fait un condensé, mais tout cela a pris énormément de temps, qui se compte littéralementen années. Il ne m en parlais pas sur les premières années, impossible de lui faire sortir un mot dessus. Le déni a duré des années. Et comme j écrivais dans un autre post, je pense que mm en sachant le déni continue (sur l ampleur de son addiction) car au fond c est dur de réaliser ce que ça signifie vraiment surtout quand on n'a pas de solution toute faite. Le déni peut être protecteur (souvent d ailleurs?). Mais c est fatigant et je comprends Cecile, et je te comprends aussi sur ça. Idem sur ma souffrance, il ne disait rien et ne semblait pas se soucier plus que ça. Je ne pense pas qu ils aient de la place pr accueillir la souffrance qu ils font aux personnes qu ils aiment. Je ne souhaite pas savoir ce que c est, mais ça doit être très dur d être en obsession quasi permanente de recherche de drogue, puis en culpabilité après (d ailleurs il y a des temoignages forts sur le forum des consommateurs). Ca doit être dur une fois qu ils réalisent dans quelle situation ils sont, de se rendre compte qu ils n avancent plus dans la vie, qu ils ne maitrisent plus rien, et qu ils détruisent la vie et les personnes qu ils aiment ou ont aimé. Je ne pense pas que ce soit volontaire qd ils semblent nous ignorer, je pense que c est notre interprétation mais pas forcément la réalité. J ai beaucoup verbalisé ce que je lui donne, que je ne suis pas obligée de le prendre "bien" ni de compenser les conséquences, etc. J ai traversé pas mal de remouds en moi-même et j'ai fini par être sûre que je ne souhaite pas être entrainée dans du "down" pour qq chose sur laquelle je n'ai pas de maîtrise ni d'action possible. Et j'ai fini par arrêter d'attendre qu'il me parle ou me répondre. D'abord je ne suis pas psy ni thérapeute, pour avoir les bonnes questions, conclusions etc. Mon compagnon n'est pas qq un de bavard de manière générale, et il n'exprime pas non plus ses emotions etc. Donc j'ai compris que ce sont par les actions que je pouvais voir de quoi il se rend compte et ce qui lui importe. Même si petit à petit, il s est ouvert, ça n est jamais plus que 2 phrases. Ca a l air dur pr lui de parler, on dirait qu il est bloqué. Après il fait trouver le bon moment aussi, à son retour il est trop defoncé pr qu on en parle, et le lendemain au final moi je n ai plus envie de revivre ce qu il s est passé la veille. Puis je me dis que si ça se trouve, ça peut lui redeclencher l envie. Avant je passais bcp de temps à amorcer les discussions etc. Il sait que ça me fait souffrir, mais en mm tps cela ne l'empêche pas de refaire les mms plongées dans la cocaïne. Alors il faut travailler sur soi-même et ne pas attendre trop, ni plus. Donc aujourd'hui, quand il arrive à arrêter sa prise de drogue et qu il rentre à la maison avant minuit, et qu il me laisse le sachet, ça a du sens pour moi, autant que s il parlait. Evidemment c est assez rare que ça se passe comme ça, mais ça arrive et je prends cela pr un succès. C est arrivé ce lundi. Le mardi aussi il est rentré avant mais n a pas laissé de sachet. Hier soir évidemment rien de tout ca.
Après, si les choses doivent se passer, elles se passent et ça donne un argument de plus pour lui faire comprendre qu il n a pas la maitrise. Quand il dit qu il n a plus envie de cela, c est un succès aussi. Quand il dit qu il avait eu envie d en prendre mais que passée la 1ère trace ce n est plus un plaisir, et bien je trouve que c est un succès aussi.
Je raconte un peu tout cela pêle-mêle désolée si c est un peu désordonné. Côté psy, c était dans les premières années, après qu il commence à réussir à verbaliser qu il prend de la cocaïne ces soirs où il ne rentre pas. C est sur ma demande qu il a fait les démarches, donc peut-être aussi que c était trop prématuré, puisque ça ne venait pas de lui, mais j etais désorientée, complètement perdue, je pensais que le corps médical pourrait l aider. Tout cela pr dire que ça a dû être 5 consultations max, et plus jamais rien (et nous 2 avec le psy s est priduit 1 seule fois). Ils lui avaient donné des antidépresseurs qu il avait pris, mais au final ça ne lui allait pas, pr lui c était pas ca et il les a arrêté. Je pense qu il a eu raison d arrêter parce que ça le faisait surtout dormir, sans trop d effet positif. En plus cocaïne et antidépresseurs je suis pas sûre que ce soit un bon mélange.
Peur oui, j'ai souvent eu peur pour lui, qu'il lui arrive qq chose en lien, puis j'ai decidé de ne plus avoir peur (de manière générale dans la vie), ça génère trop d'emotions négatives, trop d'anxiété, trop de pensées sur des choses imaginaires pour l'instant. C'est pour cela que j'ai choisi de continuer, que ce qui m'importe c'est de le voir chaque jour, que c'est encore plus précieux ces moments où nous sommes ensemble. Il y a un côté insecurisant à ne pas savoir si je vais le voir au retour de nos journées de taf, mais qui est compensé par son amour en retour aussi. Et puis on a traversé toutes ces années, je souhaite tellement que cela serve à le libérer de son esclavage à la cocaïne. Malheureusement, je pense que pour lui ça devrait être abstinence totale, mais que pour cela il n est pas prêt...
Il faut avancer petit à petit. On a parfois l impression de faire du surplace, mais à l'intérieur du cerveau je pense que des portes s'ouvrent. J'ai décidé que si je ne peux pas changer la situation, je peux au moins changer ma perception de la situation, et la souffrance que j'y mets. J'apprends de nouvelles choses à travers cela.
Tu as vécu un rôle un peu "infirmier" avec ton ancien compagnon, je pense que l'affection est tjs là car tu sais ce qu'il vaut, tu connais une autre nature de lui et ça meurti le coeur de le voir comme cela sans pouvoir le faire changer. Mais je ne pense pas que ce soit de l amour de nature "amoureuse". Tu as été très forte, ça dû être vraiment difficiles comme moments, de le voir demuni physiquement, et peu à peu que l héroïne vous sépare.. J ai envie de te dire que tant qu il est en vie, il est important que tu arrives à trouver la sérénité en toi sur cette histoire, parce que lorsque surgit l irréversible (ce qu evidemment je n espère pas, et que je ne relie pas à son addiction, je dirais pareil si on parlait d une autre histoire), alors on fait face à une multitude de remords dont on ne se doutait mm pas. Tu as tout à fait le droit de ne pas en parler à ton mari, mais ceci fait partie de ton histoire. Ton mari t a connu à un autre moment de vie, mais tu as été marquée par cette histoire, négativement mais avec des apprentissages positifs aussi. En gros, cela a impacté ta personne, et c est cette personne qu il a rencontrée. Ce que je veux dire, c est penses à toi pour traiter cette histoire (parce que tu écris que par respect pr ton mari tu ne souhaites pas reparler à ton ex compagnon de tout cela), tu as déjà été "brimée" (c est un grand mot mais je ne trouve pas l image que je cherche) par tes parents au moment de la séparation puisque la drogue est un tabou, puis tu n as plus pu en parler jusqu à aujourd'hui, et tu te rends compte à quel point cela fait du bien. Moi aussi je m en rends compte en lisant tous vos témoignages poignants, et en vous repondant.
Lemouvement vendredi 28 juillet 2023 19:05:14