Par chat

Chattez avec
Drogues Info Service

Par téléphone

Drogues Info Service répond
à vos appels 7 jours sur 7

Contactez-nous

Adresses utiles

Prévisualisation du message

Moderateur - 23/02/2021 11:33:04

Bonjour anonyme24,

Je peux vous dire que vous n'êtes pas dans le jugement. Ne serait-ce que parce que vous doutez de vous. Vous ne dites pas que vous détenez la "vérité", simplement vous savez que ce n'est pas pour vous et que cela ne vous intéresse pas et c'est très clair. Vous laissez aussi aux autres le droit d'être différents. Je vous trouve très lucide et je vous encourage à poursuivre dans VOTRE voie.

Il existe dans certains milieux une forte banalisation de l'usage de drogues. Cependant les jeunes ne consomment pas tous, loin de là. Il y a beaucoup de gens comme vous aussi ! Simplement c'est plus difficile d'en parler ou de s'affirmer en tant que personne sobre ou n'aimant pas cela parce que l'on a très vite fait de passer pour "rabat-joie" dans les moments et lieux de convivialité. Cela change un peu avec l'âge dans la mesure où à un moment donné, à l'âge adulte, celui qui consomme toujours autant est beaucoup plus susceptible d'avoir en fait un problème d'addiction.

Le fait de se réunir autour de la drogue, de se créer des événements exprès pour cela est plutôt inquiétant. Au début on comprend bien que c'est pour la convivialité mais à un moment donné cela devient l'objectif en soi et cela se substitue à cette convivialité. Le lien entre les uns et les autres finit par se réduire à l'activité de consommation de drogues. D'ailleurs, dans les parcours de consommation il y a des usagers qui finissent soit par faire le vide autour d'eux soit pas ne plus fréquenter que des personnes comme eux. Ils s'en aperçoivent le jour où ils décident d'arrêter et cela ajoute une difficulté à leur arrêt : ils sont bien seuls ou doivent se couper de leurs derniers "copains", qui consomment tous, s'ils veulent y arriver.

Si au début, quand on est jeune, le cannabis peut être un liant (il peut être un vecteur d'appartenance à un groupe, il détend, fait rire...), à la longue, c'est-à-dire au fur et à mesure qu'il devient essentiel au fumeur, il devient souvent au contraire un "isolant". Cela n'arrive pas à tous les consommateurs réguliers de cannabis - certains sans sortent très bien avec une vie affective, sociale et professionnelles épanouie - mais à beaucoup quand même.

Concernant votre copain il est peut-être dans un certain contrôle mais ne le croyez pas trop lorsqu'il affirme qu'il n'est pas accro. Je ne sais pas s'il l'est ou pas mais les consommateurs sont les derniers au courant qu'ils sont accro. Parce qu'ils se font beaucoup d'illusions à se sujet. Par exemple ils disent très souvent "j'arrête quand je veux" sans réellement jamais essayer ou le souhaiter. Devenir dépendant est quelque chose de progressif - il n'y a pas un événement particulier pour marquer le franchissement de la ligne - et donc on ne sait pas avant longtemps si on l'est ou pas. Cependant pour être complet "être accro" n'est pas forcément un problème. Cela le devient surtout quand on veut arrêter ou que l'on a des difficultés pour s'approvisionner. On peut même être, dans certains cas, "accro et heureux". Le "vrai" problème c'est plutôt l'impact de la consommation sur le comportement du fumeur et sur ses relations sociales et affectives. L'irritabilité, le repli sur soi, la paranoïa, manquer des événements importants de sa vie, oublier beaucoup de choses, être "absent" sont quelques-unes des conséquences possibles d'un usage régulier du cannabis. C'est peut-être ce qu'il faut lui rapper et, de votre côté peut-être devez-vous évaluer ce que sa consommation enlève à votre relation, si vous l'acceptez ou non, où sont vos limites... Cela ça dépend de vous, contrairement à ses réactions ou à ses prises de conscience. Continuez à en parler avec lui. Le fait que vous ayez un dialogue sur ces sujets est une force.

Cordialement,

le modérateur.

Moderateur mardi 23 février 2021 10:33:05