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Bonjout Daniele, Bonjour Chris.
Je réécrit mon message après 10 jours, cette fois si je le copierai avant de le perdre .
C'est la première fois que je réponds sur un forum, je me suis inscrit exprès pour contribuer à votre discussion, à la base j'étais juste venu chercher des infos de RDR (Réduction des risques) puis je suis tombé sur votre fil de discussion qui m'a interpellé.
Je prends la peine de répondre car ça m'a touché et renvoyé à mon histoire personnel il y a 20 ans et j'espère que mon message pourra vous aider, vous faire garder l'espoir.
Je réponds car il y a 20 ans si ma mère avait pu avoir accès a un témoignage d'expérience de quelqu'un ça nous aurait peut être aidé.
Je vous réponds car je pense que ça peux vous aider d'avoir le regard d'en face, il y a 20 ans j'étais à la place de vos enfants et ma mère à la votre.
Aujourd'hui j'ai 39ans.
Il y a 20 ans, les gens moi y compris, s'imaginaient que je finirai junky sous un pont, que je ne ferai rien de ma vie.
J'essaye de vous faire un résumé bref de mon parcours.
Classe moyenne, mére prof en lycée, pére alternant entre commercial et chômeur.
Parents marié deux fois ensemble divorcé deux fois ( j'avais 3ans, puis 10ans).
Une petite de sœur de 5 ans de moins, même parents mais du second mariage (c'est tordue).
13 ans je découvre la cigarette, 14 ans je découvre l'alcool et le cannabis en même temps que je commence à tomber en dépression, je vis la nuit dors le jour, 15 ans ma consommation n'est plus récréative on commence à m'envoyer voir un psychiatre, qui me médicamente avec des antidépresseurs, mauvaise idée, à l'époque je cherchais juste à me défoncer juste pour supporter mon mal être quotidien, le mélange cannabis, alcool, antidépresseurs était super, bien détonnant comme je cherchai à l'époque mais le psychiatre (sans doute pas trés bon) n'en avait pas pris conscience.
Je commence à tester occasionnellement les amphétamines puis des hallucinogène comme les champignons ou la datura.
16 ans je suis alcoolique, je part au lycée le matin avec mes cannettes de 8.6 dans mon sac,
Je suis violent envers moi même et mes parents quand je ne suis pas d'accord, il y a des trous dans les placo, dans les portes à coup de tête, si on me gifle je gifle en retour, si on m'empêche de passer pour partir je pousse, on me place sous tutelle, dans la salle d'attente pour voir l'éducateur du centre de tutelle une fois par semaine j'y rencontrerai mes dealers de l'époque (qui eu aussi attendent leur rdv avec leur éducateur) .
17 ans je part vivre en squatte tout en continuant mon BEP (inutile aujourd'hui), je joue au chat et à la souris avec les flics car je suis déclaré en fugue, le CPE les appels à chaque fois que je viens en cours (obligation) sauf que tous mes cours sont au RDC et je me poste toujours à côté d'une fenêtre pour me sauver, au bout de 5 fois le CPE (avec qui je m'entendais bien, que j'appréciais) décide de ne plus appeler les flics quand je viens pour me laisser la chance d'avoir mon BEP. je rentre chez moi, en sale état quelque mois plus tard, on m'hospitalise plus ou moins de force, mes parents divorcé m'explique que si je ne me fais pas hospitaliser il ne voudront plus me voir, à contre cœur j'y vais car je les aimes malgré tout mais ce n'est pas mon choix, j'y passerai Noël 2003 et l'anniversaire des mes 18 ans (pas trés bien vécu j'avoue).
La bas on ajoutera à mes antidépresseurs, un anxyolitique, un neuroleptique, un thymorégulateur, un somnifères, un hypnotique. Trop bien le cocktail, surtout quand je continue à boire et fumer.
18 ans passé il me dégage de la clinique car je suis trop un merdier ingérable, je fais rentrer alcool et cannabis dans l'hôpital psy et je partage ça avec les autres patients, j'ai des relations avec des patientes, je me rebelle, il ne veulent plus de moi, c'est une clinique privée ils font bien comme ils veulent (à cette période dans cette clinique c'est le même psychiatre que je vois depuis mes 15 ans qui me médicamente)
Je sort de la je n'ai plus peur des drogue chimique, je découvre le milieu de la musique techno, je me mets à consommer quasiment tous les week end en soirée différentes drogues selon les envies et opportunité, ecstasy, MDMA, kétamine, cocaïne, LSD, amphétamines, puis de l'héroïne en fin de week end pour rendre les descente plus douces.
Je ne me suis jamais piqué, je fumais, snifflais ou gobais.
J'avais dis un bref résumé, désolé ce fut un peu long avec peut-être un peu trop de détails, mais au moins le décors et bien planté et vous avez vu les abysses.
Aujourd'hui j'ai 39 ans, avec ma compagne ça fait 16 ans que nous sommes ensemble, pacsé, deux filles de 8 et 5 ans, une situation professionnelle plutôt correct, épanouissante en tout cas.
Qu'est ce qui m'a sauvé?
Mon travail qui a donné un sens à ma vie.
Quand j'étais hospitalisé souvent je discutais avec une dame âgée en fumant des cigarettes le soir, un jour elle m'a dit "c'est quoi ton rêve au juste?" Elle me voyait rebelle.
"Mon rêve c'est être libre"
Elle m'a fait comprendre qu'il fallait posséder un minimum d'argent pour avoir un minimum de liberté dans ce monde et j'ai réalisé que je ne serai jamais heureux si je ne serai pas épanoui dans ma vie professionnelle et ce n'est pas avec un bep de tourneur fraiseur que je serai heureux.
Qu'est ce qui me fait vibrer, la musique, la culture, l'art, je partirai travailler dans le spectacle, l'événementiel et l'audiovisuel.
Aujourd'hui je travail sur de gros festival et concerts durant toutes l'année, je dirige des équipes d'une vingtaine de personnes.
Je me suis réalisé par le travail et ça a donné un sens à ma vie, je me suis aimé et senti aimé grâce au travail, mais parce que j'ai la chance d'avoir un job qui me passionne. .
Tout ça pour vous dire que même au plus profond des abysses on peut quand même encore gravir des sommets mais eu seul peuvent le faire, vous n'allez pas porter leur sac à leur places et leur montrer le chemins qu'ils devraient prendre, ils sont les seuls à pouvoir faire ces choix, vous pouvez seulement les encourager et accepter que dans l'erreur il apprendront, l'échec fait grandir pas la réussite, la réussite elle, permet de s'aimer.
Vous ne pouvez pas forcer quelqu'un à ce soigner si il ne le veux pas.
Soigner l'addiction ne sert à rien.
L'addiction n'est qu'un symptômes.
Ce qu'il faut identifier c'est la cause de ce symptôme.
Ça permettra de peut-être comprendre son craving (je vous laisse vous renseigner sur le mot craving sinon on est encore parti pour 50 lignes)
Sans connaître la cause de ce symptôme il ne se passera jamais rien, attendez vous a tout.
Vous avez bien conscience qu'il faudra sans doute des années.
Vous ne pouvez que l'accompagner sans jamais l'obliger.
Il a des excès de violence car les drogues en général amplifie votre état de conscience du moment, si vous êtes heureux vous êtes trés heureux, si vous êtes en colère vous êtes très en colère, si vous êtes triste vous êtes très triste, l'excès méne à l'excès.
L'important c'est de garder le lien quoi qu'il en soit sans jamais l'obliger, garder l'espoir quoi qu'il en coûte car si il vous voit perdre espoir il n'aura aucune raison d'avoir envie d'aller mieux.
Malgré sa violence il vous aime, la seul chose qui n'est pas de l'amour c'est l'indifférence, en se mettant en colère contre vous il vous porte de l'attention, sans doute pas celle que vous souhaiteriez mais ça reste de l'attention malgré tout
La communication est très importante (le problème de notre siècle) proposez la communication sans jamais l'imposer, le mot, le lieu et le moment ont toutes leur importance, ce qui vous semble idéal ou vous correspond ne l'est pas forcément pour lui en tout cas peut être pas à ce moment là ou pas avec ces mots ou pas à cet endroit, je sais c'est compliqué, mais soyez patiente au risque de faire des erreurs dans la précipitation.
Vous pouvez peut-être essayer de créer ce moment en proposant une activité qu'il aime, a partager en tête à tête, pour essayer d'ouvrir le dialogue, lui faire part de vos angoisse si il est prêt à les accueillir, qu'il verra comme une preuve d'amour, si vous en arrivé la vous pourrez peut-être même lui proposez ou lui demander de se serrer dans les bras pour ne pas seulement avoir un lien verbal, que vous le serriez dans vos bras ou inversement, ouvrez le dialogue sans jamais l'imposer.
L'imposition n'est pas respectueuse et vécu comme une agression, si vous l'aimez vous devez le respecter et faire preuve d'indulgence comme il doit en faire également preuve avec vous, on est pas tous en capacité des mêmes choses à certains moments.
Ça risque d'être long je vous l'ai dis.
Garder l'espoir est le plus important pour tout le monde.
19 ans on me vire de la clinique, je part me faire suivre dans un centre de soin d'addictologie (j'avais pas encore réellement compris que c'était qu'un symptôme je crois), on remplace tout mes traitements par un médicament de substitution pour l'héroïne.
21 ans j'arrive à arrêter ce médicaments, j'arrête de me faire suivre car j'ai la haine contre le corps médical qui j'estime m'a shooté et pas aidé à l'époque, je retourne consulter il y a 10 ans sur les conseil de ma femme.
Il y a 4 ans on me diagnostique cyclothymique, depuis je suis traité avec un thymorégulateur.
La cyclothymie, de toute les pathologie psy et celle ou on retrouve le plus de comportement addictif, je ne suis pas addicte seulement à des produits, je suis également addicte à des comportements.
Aujourd'hui je ne suis pas complètement sorti d'affaire, j'ai arrêté le cannabis il y a quelques mois après avoir fumé quotidiennement pendant plus de 20 ans, je bois encore régulièrement, je consomme de la cocaïne encore régulièrement, car hélas je consomme dans le cadre du travail beaucoup, je travail dessus et j'ai espoir un jour d'y arriver mais le craving est encore fort (craving, allez vous renseigner).
Mon travail et mon craving son hélas lié, la solution radical serait de changer de travail et d'environnement mais je n'en ai nullement envie étant donné que mon job est aussi une passion.
Désolé pour ce trés trés long messages.
J'espère qu'il vous permettra de garder espoir, et pourquoi pas d'échanger si vous avez des questions.
Dans l'état de votre situation, ce qui m'aurait aidé à l'époque je pense et qui aurait également aidé ma mère ce sont les groupes de paroles, ensemble ou l'un sans l'autre et vous permettre de rencontrer d'autre parents, consommateurs, ex consommateurs, des inconnues, des tiers personnes ou il n'y a aucun enjeux, ça m'aurait beaucoup aidé je pense.
Avoir le ressenti d'un parent qui pourrait être le votre en tant que consommateur, avoir le ressenti d'un jeune qui pourrait être le votre en tant que parent.
N'ayez pas honte, devrait on avoir honte d'un symptôme qu'elle qu'il soit, même si peut-être vous pourriez en être la cause, accepter l'échec, accepter l'erreur, même si c'est rude, vous n'en ressortirez que plus grandes.
Aprés l'échec viendra la réussite et vous serait fière et forts
J'espère que je n'aurais pas écrit tout ça inutilement.
????
Au plaisir de vous lire et d'échanger.
Vous imaginez bien que les larmes ont eu le temps de coulé plus d'une fois à la rédaction de ce message.
Aujourd'hui je suis presque heureux.
Bonne journée.
Benoit
Ben38 mardi 15 juillet 2025 10:28:15