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e.martin - 21/09/2011 16:05:21

Bonjour Elorapal,

C'est le modérateur.

On vous aurait ainsi annoncé que votre fils serait schizophrène, mais sans plus de précisions : "impossible de dire à ce stade" aurait dit le psychiatre. Effectivement, un diagnostic de schizophrénie nécessite plusieurs mois d'observation pour pouvoir être porté. Ce psychiatre a donc eu raison de réserver sa réponse, d'autant plus que votre fils fait usage de drogues. Il présente actuellement des symptômes le montrant coupé de la réalité et en grande souffrance psychologique. Mais ce qu'il faut déterminer encore c'est s'il s'agit chez lui d'une crise passagère ou d'un état psychologique durable. Ce n'est pas la même chose et c'est pour cela qu'il faut du temps pour poser un diagnostic.
Comme le rappelle utilement Bluenaranja, l'usage intensif de drogues peut provoquer des crises psychologiques qui se résorbent ensuite relativement rapidement (en quelques semaines ou mois). Ces crises, même si elles laissent un souvenir "cuisant" (elles sont traumatisantes) à l'usager et à son entourage, n'empêchent pas ensuite de retrouver un équilibre et une vie normale.
En revanche, la persistance des symptômes et du mal-être sans réelle amélioration dans le temps peuvent signaler une maladie psychologique plus durablement installée et probablement donc une schizophrénie. Le terme "schizophrénie" est relativement fourre-tout dans la mesure où cela peut recouvrir des états et des symptômes très variables. Si "être schizophrène" signale une véritable fragilité psychologique et l'existence d'une structuration psychique pas entièrement "adaptée", cela n'empêche pas forcément de s'intégrer dans la Société et de mener une vie "normale" (avec de gros guillemets). Là aussi tout dépend du type de symptômes dont souffre le schizophrène et des domaines de sa vie qu'ils touchent. Chez certains les symptômes sont vraiment lourds mais chez d'autres un équilibre peut être retrouvé.
Dans tous les cas, crise passagère ou schizophrénie avérée, la prise en charge psychiatrique, les traitements et la psychothérapie sont déterminants pour obtenir une évolution favorable.

Si personne ne peut faire pour l'instant de véritable pronostic pour le futur de votre fils, je trouve tout de même que vous donnez quelques éléments encourageants.
- Il a par exemple un comportement différencié entre son grand-père et vous. C'est qu'il garde tout de même les pieds sur terre.
- Il est aussi actuellement pris en charge et sous traitement : comme je vous le disais c'est un facteur d'évolution très positif.
- Il manifeste des envies et donc des projets. Même s'il doit apprendre encore à temporiser et à mieux organiser ses désirs, cela montre néanmoins qu'il est dans une dynamique où il veut changer.
Il y a sans doute encore d'autres éléments encourageants que je ne connais pas. La remontée pour votre fils peut être lente comme elle peut au contraire être rapide si de bonnes choses lui arrivent, s'il arrive à réaliser à court ou moyen termes quelques projets qui lui donnent un peu confiance en lui. L'idée à retenir c'est en tout cas que votre fils est sans doute déjà en train de commencer à remonter la pente.

Maintenant parlons un peu de vous. Je crois tout d'abord que vous manifestez largement ce qu'on appelle ailleurs un "burn out" : vous êtes arrivée au bord de l'épuisement psychique et physique à force de vouloir vous occuper de votre fils, d'être angoissée par lui et vous ne pouvez plus rien faire de bon pour lui ni pour vous dans cet état là.
Vous aussi vous faites des efforts pour vous reconstruire et, chose importante, vous semblez avoir entendu l'idée de prendre soin de vous avant tout. Suivez cette piste car, d'une certaine manière, vous aussi vous êtes "malade" et avez besoin de soins, d'aide, de bienveillance et de soutien.
Vous nous expliquez bien pourquoi vous ne vous sentez pas trop d'aller en hôpital ou clinique psy. Il n'y a pas d'obligation en la matière bien entendu et le premier principe à poser est que vous puissiez choisir vous-même ce qui vous convient le mieux. Si rester chez vous vous permet de vous faire du bien alors continuez.
J'ai pu noter cependant votre relative solitude (vous vous êtes fâchée avec votre famille notamment) et pour le coup je ne pense pas non plus que rester la plupart du temps seule vous soit favorable. Investissez des activités sociales susceptibles de vous plaire et qui vous permette de nouer des liens. Sortez, faites du bénévolat, de la marche, du sport, des visites culturelles, des voyages, etc. Tout ce qui vous est accessible et qui vous permet aussi de sortir un peu de chez vous sans que cela soit pour aller penser ou vous occuper de votre fils.
En parallèle, j'insiste mais c'est important, trouvez-vous un soutien psychologique. Pas dans 6 mois, maintenant. Vous avez vu l'infirmière "psy" et c'est déjà bien. Mais instaurez quelque chose de régulier avec un professionnel avec lequel vous avez un bon contact (cette infirmière ou une autre personne). Faites-vous conseiller par exemple par votre médecin généraliste qui a l'air d'être votre alliée. J'ai du mal à croire qu'il n'y ait un psy disponible que dans 6 mois. C'est peut-être le cas dans la structure psychiatrique que votre fils ou vous-même fréquentez, mais à ce moment-là allez voir ailleurs, par exemple dans le privé. Il est important que vous ayez chaque semaine un espace à vous, pour vous, où une oreille attentive et bienveillante est à votre écoute.

Vous nous dites également à un moment que votre fils vous réserve son agressivité. Je crois que cela signale une relation "spéciale" entre vous deux, où il se sent peut-être stressé, ou menacé, par votre propre stress à son égard, par votre propre malaise, par le regard aussi - peut-être - que vous portez sur lui. Par exemple il me semble que vous angoissez et anticipez le pire à son égard. Vous manifestez aussi que vous ne lui faites pas confiance. Vous avez peut-être raison, je ne sais pas, puisque vous le connaissez mieux que quiconque. Mais en tout cas avoir un parent soit "malade" soit qui ne vous fait pas confiance, est de nature à vous empêcher vous-même d'aller bien. Je crois que votre fils et vous-même devez "divorcer" par consentement mutuel pour l'instant. Je sais que l'image est forte et j'en suis désolé mais je crois aussi que vous avez compris déjà que vous devez mettre de la distance entre vous deux. Tous les deux vous avez besoin de respirer. Une fois que vous irez mieux vous pourrez vous retrouver. Dans une relation différente que celle qu'elle est aujourd'hui.

Cordialement,

Le modérateur.

Profil supprimé mercredi 21 septembre 2011 14:05:21