Profil supprimé - 10/05/2011 à 19h52

Bonjour Bluenaranja,

Merci pour ton message d'espoir.
Je suis nouvelle sur ce site.
Mon fils est totalement dépendant de la drogue dure, mais aussi de médicaments.

En lisant les messages de ce forum, je constate qu'il est extrêmement difficile de sortir de cet enfer.

Des messages comme les tiens donnent un peu d'oxygène à ceux, qui comme moi, sont dans le désespoir.

Merci à toi, rien que le fait de lire ton message me redonne une once d'espérance !

bluenaranja - 11/05/2011 à 11h45

Hello soleil456 !

J'admire les parents qui s'investissent, je n'ai pas eu cette chance, c'est l'état sous la forme de soignants, hôpital psy, etc qui m'a aidé. Même les psy m'ont dit que mes parents étaient toxiques et qu'il valait mieux faire une croix dessus, c'est dire !
A présent que je suis mère d'un fils de treize ans, que j'aime et élève de mon mieux, je comprends mieux la douleur et la culpabilité que l'on doit ressentir. Quand on est mère, on se demande toujours si on a pas loupé quelque chose... Mais cette culpabilité est malsaine, ronge plus qu'autre chose.
J'ai vu deux sortes de parents, deux extrêmes, qui n'ont pas donné de bons résultats à long terme : d'un côté, ceux qui ne se remettaient pas du tout en question, limite s'en fichaient. Du genre mon enfant est majeur c'est son problème. J'ai d'autres enfants à élever qu'il se démerde. Et l'autre extrême, la mère copine super culpabilisée, qui donnait des sous à sa fille sachant qu'elle allait se payer de la came avec. Qui acceptait tout de sa fille.
C'est pour cela, pour trouver le juste milieu, et être aidé, que je suggère à tous les parents qui s'investissent de demander l'aide d'un psy. Mais le bon psy ! J'ai croisé le chemin de plein de docs avant de trouver le bon !

Et surtout, soleil, gardez espoir. Un des psys m'a dit qu'il m'aurait donné une chance sur un million de m'en sortir.
J'ai même repris la fac et passé un deug d'anglais deux ans après avoir arrêté la came.
J'ai mis des années à m'en sortir, mais finalement, de rechutes en rechutes, à chaque fois on apprend quelque chose. Et construit un peu plus la fois où on y arrivera pour de bon.
A chaque fois que j'ai voulu arrêter, que ce soit pour de bonnes ou de mauvaises raisons, l'hôpital psy m'a ouvert ses portes. Certains soignants en avaient marre : pff encore elle, la casse-couille mais d'autres m'ont toujours prise au sérieux. Ceux là m'ont aidé.
Mais pour eux aussi c'est compliqué ! Soigner des toxs c'est comme essayer de construire un mur qui s'effrite de tous les côtés. Le mur se casse la gueule, mais faut quand même continuer de monter les briques... Jusqu'au jour où ça fonctionne.
Il y a des gens qui s'en sortent, j'en connais plusieurs, mais pour mieux s'intégrer, ils n'en parlent pas. Surtout depuis qu'il y a le subu et la métha. Cela a quand même changé les choses. En mieux, il me semble.

Donc gardez espoir, oubliez la culpabilité, et faites de votre mieux.
Vous êtes une maman, pas un psy ni un docteur, gardez cette place là, c'est déjà suffisamment compliqué !
Courage !

bluenaranja

Profil supprimé - 12/05/2011 à 19h57

Merci une fois de plus, Bluenaranja pour ta réponse pleine de bon sens et de sagesse !
Le témoignage d'usagers qui s'en sont sortis est si précieux !

Tu as raison, la culpabilité est inutile et ne fait avancer personne;

Tu as encore raison quand tu dis qu'une maman ne doit pas se substituer aux médecins, ni aux psy.

Tu as d'autant plus de mérite de t'en être sortie sans ta famille. Encore bravo, bravo !

J'espère arriver à ce que mon fils se fasse hospitaliser, car par sa conduite qu'il ne sait plus maîtriser, il prend des risques tous les jours. Des risques vitaux !

Une maman, tout simplement !

bluenaranja - 24/05/2011 à 09h24

Hello soleil !

Ton fils a-t-il essayé la substitution ?C'est quand même une bonne solution d'urgence.
Moi, j'ai eu la chance de tomber sur un super psy qui m'a porté à bout de bras pendant quelques temps, m'a fait prendre en charge par le juge pour enfant et une association type dass. Au lieu de m'envoyer en post-cure, m'a envoyé dans une super famille d'accueil avec qui j'ai toujours des liens, et un contact régulier, 15 ans après ! Je suis passionnée par l'art et la création sous toutes ses formes, il m'a trouvé une super famille d'artistes potiers où j'ai pu travailler la terre tout en étant super soutenue. Le but était de me faire voir ce qu'était "une vraie famille".
J'ai tenu sept mois, à la fin, tout ce bonheur, je ne supportais plus. J'avais besoin d'être constamment sur le fil, limite en danger de mort, pour me sentir vivre.
Retour à la rue et rechute... Et pourtant, j'ai appris énormément de choses durant cette période, sur la façon de communiquer, qu'on peut élever les enfants sans leur taper dessus, etc...
Souvent les soignants et les familles - et le tox - sont épuisés par les rechutes. L'impression qu'on y arrivera jamais. Et pourtant, chaque tentative apporte quelque chose, qui permettra, le moment venu de s'en sortir vraiment.

Souvent, j'avais l'impression que me battre ne servait à rien. Mais c'est faux. Toutes ces séances de psy, ces cures, ces rechutes étaient comme des brouillons. Ces expériences comme des graines que je gardais dans ma poche, sans le savoir, jusqu'au jour où elles ont toutes germées peu à peu.

Par exemple, un truc tout con, mais j'ai mis du temps pour l'intégrer. A chaque fois que j'arrêtais la came, au bout d'un moment, je me sentais forte. Je me disais ça y est, c'est fini. Et je croisais un pote qui m'offrait une ligne de coke - moi j'acceptais. Et 15 jours plus tard, j'étais à fond dedans.
Aujourdhui, ça fait treize ans que j'ai arrêté, je reste très humble et méfiante vis à vis du monde de la came.
Je sais que pour moi, c'est tout ou rien, et ce sera rien.

J'ai eu la chance de tomber sur un service d'hôpital psy super, dès que je me pointais à leur porte, que ce soit pour trois jours ou deux mois, ils me préparaient un lit. Et tentaient de m'aider. Alors que je leur ai fait des coups pendables parfois... Et que je les aie détestés ! Mais ils savaient bien que c'était la drogue qui parlait à travers moi, heureusement.

Par contre pour trouver le bon psy dur dur ! Il m'en a fallu du temps, et de la chance.
C'est un long voyage.
Courage !!

Ps : vous en êtes où, toi et ton fils ?

Bluenaranja

Profil supprimé - 07/06/2011 à 21h20

Coucou!
Merci pour ton aide. je salut ton investissement sur ce forum.

Vu du bout du nez de mon tout pti pb de dépendance, ton intérvention est un grand soutien.
Ca brise le tabou, on a le droit ici d'être embêté par des soucis "dont on ne parle pas".
On a aussi le droit de s'épancher, c'est rare. Sans honte, ça aide beaucoup à accépter que si si, on a quand même un truc à régler, que non non, on n'est pas juste en visite sur ce forum, comme si on n'était pas vraiment concerné, comme étranger à sa propre démarche.
Continues blue, ne nous plante pas!

bluenaranja - 08/06/2011 à 13h51

Hello !

Merci beaucoup pour ton message de soutien et tes contributions ! Puis tu sais, y'a des petites et des grandes addictions, mais ça reste une galère quand même... Et puis ici, y'a de la place pour tout le monde, ça enrichit le débat, et ça aidera peut être ceux qui n'osent pas poster ou ne font que "passer pour voir" à se lancer !
En tous cas, je suis bien contente que tu tiennes !
J'ai pensé à un truc, si tes angoisses sont récurrentes, tu pourrais peut être en parler à ton médecin traitant, qu'il te propose un truc "doux", de l'homéopathie ou des tisanes, s'il s'y connait. Ou ton pharmacien, vu que c'est sans ordonnance. Il y a aussi des dictionnaires des plantes en ligne. Cela aide, tout en restant soft et "nature", et surtout pas addictif !

Bonne journée !

Bluenaranja