bluenaranja - 10/10/2011 11:25:18

Bonjour !

Je suis vraiment contente pour toi !! C'est vrai, quand la vie est dure, et qu'elle nous offre un petit bonheur, il faut savoir le prendre et le déguster pour ce qu'il est, sans se prendre la tête à penser à demain.
Je connais exactement ce dont tu parles !!
Pendant des années, j'ai eu l'impression de faire du sur place, malgré toute l'aide apportée, et quand enfin, en donnant naissance à mon fils, j'ai pu renaître à moi-même - c'est vraiment comme ça que je l'ai vécu, comme une deuxième vie - et bien, toutes les "graines" qui avaient été plantées ont pu germer...

Et ce site m'a apporté bien plus que je ne le pensais !! Et quand je dis ce site, c'est au modérateur, à toi et à ceux qui prennent la peine de répondre que je pense...
Déjà, d'une certaine manière, cela me consolide dans mon statut d'ex tox, ensuite, aider les autres permet de valoriser toutes ces expériences négatives, mais aussi de les revivre dans un autre contexte.
Sortir ces souvenirs, à la lumière de qu'est ce qui pourrait aider les autres là dedans, aide à mieux les ranger et à prendre de la distance.

J'ai toujours voulu écrire sur ce que j'avais vécu, mais me servir de cette matière pas pour faire un témoignage, mais un roman, quelque chose de sublimé.
Ou j'ai suffisamment de recul pour jouer à distance avec les perso et les émotions.
Et je n'y arrivais pas... C'était toujours dégoulinant de pathos, et ce n'est pas cela que je voulais faire.

Et depuis que je viens là, j'y arrive, j'ai pris suffisamment de recul !! Pour moi, c'est magique !! Comme si une porte s'était ouverte !

Et quelque chose de super important, dont je n'ai pris conscience que depuis quelque jours...
En fait quand j'ai eu mon fils, cela m'a reconnectée directement à mon enfance, une enfance que je ne souhaite à personne, pas même à mon pire ennemi.

J'ai géré au mieux - et chaque Noel heureux chaque anniversaire réparait un peu la petite fille en moi.
Parce qu'avant, pour moi, le mois d'octobre, c'était le mois de l'horreur, fêter le jour de ma naissance mais quelle idée !! Mon père, par ses crises exacerbées ce jour là, m'avait vaccinée. Noel idem.
Rien que ces mots et l'angoisse montait.

Bizarrement, je me rends compte que j'avais tellement peur de replonger, je voulais tellement changer, j'ai complètement zappé toutes ces années - de 15 à 24 ans, et aussi, ce qu'elles m'avaient apportées, une aptitude à me défendre.
C'est comme si, à titre perso - en tant que Maman je gérais - j'étais redevenue cette petite fille trop gentille car insecure. Sans carapace. Qui se prenait la moindre remarque de plein fouet.

J'utilise les termes de Cyrulnik, car ils correspondent tout à fait, et pourtant je viens de lire les vilains petits canards, et grosse déception : je n'accroche pas.
Autant Freud et Dolto me sont apparus comme des lumières dans la nuit, autant lui il ne s'est rien passé, sauf qu'il m'a offert trois mots pour nommer : insecure, clivage et résilience, mais le reste est bancal.
Déjà, je lui reproche d'avoir basé son livre, les vilains petits canards, sur d'autres livres - dont j'ai lu certains, livres écrits " quand on s'en était sortis" et forcément sublimés. Et pas sur son expérience avec ses propres patients.
IL me semble qu'il a su reconnaitre certains états, mais pour l'avoir vécu, qu'ils manquent des éléments pour les relier les uns aux autres.

J'avais déjà commencé à renouer tous les fils de ma vie, mais c'était laborieux, et là, j'ai fait un pas de géant.
En acceptant l'idée que cette période de ma vie est belle et bien terminée, je peux m'en servir pour l'incorporer à la trame de fond.
Et du coup, piocher les éléments positifs pour m'en servir aujourd'hui.

Je crois aussi que garder un lien avec ma mère me ramenait constamment à cette petite fille malheureuse, puisqu'elle ne me donnera jamais ce que j'attends - juste être traitée à l'égal de ses autres enfants, et avoir tranché ce lien - même si ce fut très douloureux, puisque quelque part, je renonce à l'espoir qu'elle se révèle un jour, par miracle, comme une mère pour moi, me fait avancer. Ou comme une grand mère pour mon fils - même ça, cela m'aurait suffit...

Ce qu'elle ne me donne pas, je le trouverai ailleurs.

amitiés ^-^
blue