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Notre fils notre bataille

Par Profil supprimé

Nous avons découvert en 2015 suite à un accident de voiture que notre fils alors âgé de 19 ans fumait régulièrement du cannabis et en vendait à des camarades. Il a pu nous dire fumer depuis l'âge de 17 ans et être également accro à la pratique des jeux d'argent.
Plusieurs signes auraient pu nous alerter mais nous avons pas su ou pas voulu les voir. Nous n'avions personnellement aucune expérience en ce domaine, n'ayant même jamais vu un joint de près.
Enfant très angoissé, grand sportif, en réussite ou échec scolaire selon la relation à l'enseignant, il est devenu très difficile à gérer à l'adolescence, ne respectant aucun cadre et ne supportant pas la frustration.
Il a interrompu sa scolarité brutalement quittant son lycée privé en première malgré un contrat sur mesure proposé par la direction de l'établissement (cours aménagés pour qu'il puisse travailler en parallèle)
Après plusieurs mois de cohabitation difficile, de pleurs et de conflits verbaux, il a claqué la porte de la maison pour aller chez un copain.
Mais il a en fait trouvé refuge chez ses grands-parents maternels très attachés à lui. Ils l'ont aidé à trouver un emploi dans l'animation puis dans un établissement spécialisé et la pression familiale nous a conduits à lui prendre un petit logement sur la commune de son lieu de travail, également lieu de domicile des grands-parents.
Durant deux ans, il a travaillé en continu sans jamais parvenir à payer son loyer. Nous avons mis à disposition une petite voiture afin qu'il tienne son emploi.
En 2017 il a beaucoup travaillé sans qu'il reste rien de ses salaires. Il jurait cependant avoir tout arrêté et s'était même fait interdire de jeux en ligne.
En janvier 2018, en réussite sur le plan professionnel et très soutenu par sa hiérarchie, il a été admis à un concours lui permettant d'entrer en formation durant deux ans.
Durant toute cette période, nos relations étaient chaotiques, alternant demandes et rejets de sa part alors qu'il restait en relations très étroites avec ses grands-parents qui nous donnaient des nouvelles.
En février 2018, pour ses 20 ans, nous avons mis à sa disposition une voiture d'occasion plus récente pour l'encourager dans son projet de formation.
Début juillet 2018, il a eu un accident avec ce véhicule qui est parti en épave ; il en est miraculeusement sorti indemne. Personne d'autre na été impliqué dans cet accident. Il avait beaucoup bu et a raté un virage.
Nous l'avons laissé alors faire face à cette situation. Privé de voiture , il s'est enfermé chez lui, nous rejetant avec beaucoup de violence.
Nous avons pu renouer un lien avec beaucoup de difficultés fin août 2018. Nous l'avons aidé à déménager plus près du lieu de formation et mis à nouveau à sa disposition une petite voiture. Les relations se sont apaisées durant quelques semaines. Il avait rencontré durant l'été une jeune fille de 22 ans, décrite comme exceptionnelle, "la femme de sa vie".
Rapidement, il a commencé à mettre en doute sa formation et à entrer en conflit avec les formateurs.
La situation s'est dégradée les mois suivants sans que nous puissions le mesurer, les dons financiers des grands-parents masquant une situation précaire.
Fin février 2019, le jour de son anniversaire, il est passé rapidement à notre domicile, visiblement sous l'emprise de produits (pupilles dilatées, discours incohérent...)
Il a montré une position de déni farouche sur une éventuelle consommation mais nous a jetés de sa vie avec une violence verbale très importante, qui m'était particulièrement adressée en tant que mère accusée de tous les travers.
Il a maintenu un lien irrégulier avec son père, en particulier pour des demandes financières.
A l'été 2019,
Em mars notre fils a informé la famille de l'arrêt de sa formation et de son souhait de travailler en intérim, ce qu'il a affirmé faire pendant plusieurs mois.
A l'été 2019, face à des grands-parents qui commençaient à s'inquiéter des sommes d'argent remises et de comportements très variables (colères, effondrement, négligences corporelles et vestimentaires...) nous avons tenté d'intervenir.
Malgré diverses aides dont nous avions pu bénéficier (Maison des ados, psychothérapie individuelle, groupe de parents en structure spécialisée sur les addictions...) la honte et la culpabilité ont longtemps été des freins à nos interventions.
Mais en août 2019 nous avons enfin pu parler de la situation à d'autres membres de la famille, en particulier mon frère.
Lors d'une rencontre avec notre fils où il s'est présenté tendu et prêt à me frapper, nous avons tenté l'apaisement et pu discuter jusqu'à découvrir une situation très dégradée. Il a quitté sa formation avant la date annoncée, se trouvant en dette auprès de l'employeur pour des heures payées mais non effectuées. Il n'a travaillé que quelques jours en intérim et plus du tout depuis début mai.
Début septembre notre fils a laissé penser à ses grands-parents qu'il allait attenter à ses jours, après qu'ils aient refusé pour la première fois de lui donner de l'argent. Une intervention en urgence au domicile n'a pas permis de le trouver mais il nus a tranquillement répondu au téléphone être chez un copain.
Après des demandes répétées d'argent et des insultes durant la semaine, nous avons tenté d'intervenir à son domicile le week-end suivant pour l'aider à aller vers du soin. Le SAMU contacté suite à son refus d'ouvrir la porte n'a pas pu intervenir contre sa volonté, car il ne manifestait "pas de pensées suicidaires". Nous avons dû quitter les lieux sans résultat, après avoir cependant récupéré les clés de la voiture l'informant qu'il ne pourrait l'utiliser que lorsqu'il aurait mis en place un dispositif de soins.
Depuis la situation se dégrade. Lors d'un moment d'apaisement il a pu nos contacter et confier qu'il n'avait jamais arrêté de fumer et de jouer depuis 6 ans et qu'il souffrait d'un profond mal-être dont il donne des raisons très personnelles.
Ses grands-parents qui découvrent le monde totalement inconnu pour eux de l'addiction sont totalement effondrés mais viennent encore de lui donner de l'argent malgré nos recommandations.
Nous avons régularisé sa situation administrative (mutuelle, RSA...) et créé un groupe d'échange familial réduit pour discuter et tenter de tenir des positions communes.
C'est extrêmement dur et nous vivons des moments d'angoisse très importants. Nous savons qu'il va mal et ne veut pas se faire aider. Nous avons perdu le sommeil, l’appétit... même si nous tentons de maintenir une vie sociale et professionnelle régulière.
Très soutenus par certains amis et membres de la famille avec qui la parole s'est libérée, nous nous sentons cependant très démunis face à cette lourde problématique. Nous sommes très inquiets pur notre fils dont la personnalité s'est modifiée.
Les avis et le soutien de nos proches et de professionnels nous confirment cependant qu'il est fondamental de ne pas rester seuls et d'oser parler sans culpabilité ni regrets stériles.
Nous avons réécrit à notre fils que nous serions là pour lui malgré tout dans le souci de le protéger.


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3 réponses


Moderateur - 09/10/2019 à 11h27

Bonjour,

Merci pour votre long témoignage. Vous avez mie en place un dispositif pour désormais mieux réagir et vous faire aider. Cela devrait changer certaines choses.

Avec la distance qui est la mienne et ma compréhension partielle de la situation, j'ai l'impression que votre fils, bien qu'étant en conflit et rejetant vos interventions en est aussi très dépendant. A la fois despotique - tout tourne autour de lui, de son comportement, de son "problème" - et demandeur d'attention. Il a su aussi jouer des différentes positions des uns et des autres, vous mettant en défaut en passant par ses grands parents. Dès lors la discussion familiale et l'objectif d'essayer de tenir une même position est de nature à l'empêcher de jouer de vos divisions.

Le "chantage au suicide" est un comportement classique qui essaie de provoquer chez vous la panique pour renverser les limites que vous essayez de mettre et vous culpabiliser. L'épisode où vous paniquez et volez à son secours après qu'il ait annoncé vouloir se suicider alors qu'en fait il était "tranquillement chez un copain" est typique.

Un conseil serait aussi d'avoir recours à une thérapie familiale incluant les grands-parents. Il y a un système familial à élucider, des rôles à éclaircir.

Le modérateur.

Profil supprimé - 04/11/2019 à 10h48

Bonjour à tous,
Je ne peux pas apporter de réponse ni de soutien à Jojo. Sa situation, nous la vivons nous aussi.
Notre fils est un jeune adulte de 29 ans aux portes de la précarité et du suicide, d'après ses dires. Il croule sous les dettes et impayés divers : impôts, assurances, loyers, téléphone. Plus de travail (licencié en juillet) plus de mutuelle. A la dérive complète.

Ses addictions : jeux vidéo et cannabis. Il se coupe de tout le monde par honte. Il dit vouloir s'en sortir mais fabule en permanence. Il n'honore pas ses rendez vous en CSAPA, ni ailleurs.

Avec mon épouse, nous sommes épuisés. Car cela fait 11 ans que ça dure. A 18 ans et le fait de quitter le foyer familial pour ses études, notre fils a découvert LA LIBERTÉ. Et en profité pour tout essayer le plus vite possible. Depuis avec peu de hauts et beaucoup de bas nous l'avons ramené à la surface avec persévérance et amour. Mais ce coup ci c'est la fois de trop. Et il le sait.

Nous nous sommes renseigné un peu de partout pour faire face à cette situation : psy, assistantes sociales communales ou départementales, docteurs, associations et j'en passe.

Tous nous ont répondu à peu près la même chose et c'est terrible. On ne peut rien faire !!! Il faut l'entendre pour le croire n'est ce pas ? On ne peut rien faire. Ils sont majeurs nos petits et il est hors de question de les contraindre à quoi que ce soit. La liberté individuelle est légalement intouchable.

Alors on attend l'accident. L'élément déclencheur qui va faire, enfin !, intervenir quelqu'un : les pompiers, le samu, la gendarmerie ..? Et on prie pour que ce ne soit pas trop grave et qu'après ça il soit suivi et soigné.

Il parait aussi qu’il faut impérativement que l’on continue à vivre. Faire l’effort de passer outre ce cancer qui nous ronge et regarder vers NOTRE avenir. Tout du moins celui qui nous reste, parce qu’on commence à se faire vieux. Regarder autour de nous ceux qui ont besoin de notre attention, sa sœur notamment, et continuer, pour elle, pour eux, pour nous.

Courage. Bien à vous !

Moderateur - 04/11/2019 à 20h00

Bonjour Xoucla,

Bien que nous soyons aussi de ceux qui peuvent dire que c'est à lui de reconnaître son problème et d'accepter de se faire aider, que sans cela "on ne peut rien faire", nous comprenons aussi tout à fait votre frustration voire colère face à cette réponse. Elle est terrible et tend à confronter chaque proche à une forme d'impuissance. Elle peut donner l'impression que l'on laisse tomber les personnes et que l'on attend "l'accident". Pour autant, de fait, personne n'a de baguette magique.

Mais de quoi s'agit-il ?

De soins. On ne peut pas le soigner contre son gré ou à sa place. Ni les médecins, ni les psys, ni vous. Il est déjà pas toujours simple d'arrêter quand on le veut, cela devient impossible si l'on intègre une structure de soin à reculons ou contre son gré.

Est-ce que cela veut dire que vous ne pouvez rien faire ?

Non, définitivement non. Vous pouvez faire des choses mais ce n'est pas directement l'amener à se soigner. Ce qui est difficile c'est qu'il n'y a pas de manuel tout fait pour vous dire exactement ce que vous pouvez faire encore. C'est pour cela qu'on ne vous l'explique pas, ou pas souvent. Ce que vous pouvez faire dépend notamment des circonstances particulières qui ont amené votre fils là, de son et de votre histoire, de vos valeurs...

Une suggestion : mettez moins l'accent sur le problème et sa "solution" et plus sur sa relation aux autres. Reconnaissez ses mérites lorsqu'il en a car il a besoin de reprendre confiance en lui. Essayez de passer de bons moments, légers, avec lui. Invitez-le, provoquez des sorties, des rencontres d'anciens camarades. S'il joue en ligne avec d'autres joueurs peut-être faut-il l'encourager à rencontrer ces joueurs dans la vie réelle ?

Pour vouloir arrêter ou modifier ses conditions de vie une personne dépendante a besoin de faire un pas de côté. En créant des ouvertures autour de lui (sorties, rencontres, visites), en réussissant de temps en temps à le faire participer à d'autres activités que le jeu ou la fumette, vous maintenez un lien essentiel avec la réalité et vous créez des ouvertures. Si cela ne détermine pas tout seul un changement, cela y contribue.

Soutenez la moindre initiative positive que votre fils puisse avoir. "Pardonnez-le" aussi, d'être comme cela aujourd'hui et croyez en sa capacité à changer. Peut-être pouvez-vous l'inviter à venir sur le forum pour les consommateurs pour lire ce que disent les autres personnes dans une situation comparable ? Il sera peut-être tenté de contribuer à son tour. Cela fait du bien.

Faites-vous aider si vous en ressentez le besoin. Je sais que vous avez déjà vu beaucoup de monde. Il s'agirait cependant maintenant qu'un professionnel vous guide dans votre relation avec votre fils. Ceci dans l'objectif de vous permettre de favoriser le changement chez lui. Normalement les professionnels en CSAPA peuvent vous recevoir dans cette optique.

Cordialement,

le modérateur.

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