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Par Abysse

22 réponses


Abysse - 24/10/2021 à 20h05

Bonsoir Pépite,

J’espère que vous allez bien.
On est souvent déçu avec les addicts… je me souviens de cette phrase de Jean baskets. Encore des promesses de passer du temps avec moi ce week-end… pour au final le passer encore une fois seule ou avec mes copines… ça devient une habitude. Ça avait pourtant bien commencé... bref.
Ce soir je suis triste.
Et j’ai honte d’en parler. J’ai honte de me retrouver dans cette situation.

Bien à vous

Pepite - 25/10/2021 à 12h48

Bonjour Abysse,

On est habitué au mode interrupteur.
Qu'est ce que je fais lorsque j'ai besoin de lumière ?
J'appuie sur l'interrupteur.
Qu'est ce que je fais lorsque je veux de l'eau ?
J'ouvre le robinet.

C'est magique.

Tout cela ne demande pas (plus) d'effort et je crains que nous manquions de gratitude face à ce confort.

Alors pourquoi je vous raconte cela ?
Parce qu'avec l'humain c'est bien plus complexe. Et finalement c'est tant mieux.
Je ne rêve pas d'un monde où il suffira d'injecter une puce dans notre corps ou dans notre cerveau pour nous manipuler comme des robots et obtenir l'immédiateté comme cela se passe finalement avec les shoots.

Non, l'apprentissage passe par la répétition et les efforts qui demandent de surmonter les difficultés rencontrées. L'endurance est le graal de la confiance en soi.
Affronter c'est dépasser ses peurs.

Vous avez pris tpus les 2 des habitudes de fonctionnement et cela demande du temps, des étapes pour incorporer de nouveaux modes opératoires.

Quelle est son intention vis à vis de son addiction ?
Réfléchissez vous à vos possibles et à vos attentes ?
Quels sont vos liens d'attachement ?

Racontez nous cette honte.

A vous lire,

Pépite


Jean-baskets - 25/10/2021 à 13h30

Bonjour Abysse,

vous n'avez pas à avoir honte, ce n'est pas vous le problème, ni vos réactions, vous n'y êtes pour rien dans l'addiction de votre ami.
J'ai passé le même week-end ici, et les dimanches soirs tous tristes, je les connais bien aussi (c'est déjà pas terrible le dimanche soir, mais avec un addict qui passe plus de temps avec sa c. qu'avec nous, c'est franchement désespérant). Ici on parle sans honte, et c'est ce qui fait la différence avec nos proches.
Bref, vous n'êtes pas toute seule.

Bon courage et bonne semaine.

Abysse - 25/10/2021 à 22h08

Bonsoir Pépite, bonsoir Jean basket,

Et oui vous avez raison, c’est tout un cheminement de répétitions d’efforts, il faut être endurant donc patient, affronter ses peurs… j’ai peut être du mal avec le côté patience. Je me mets la pression de mon âge, 34, je me dis que si ça marche pas et si je ne construit pas avec lui, vite, je vais passer à côté de l’opportunité peut être d’avoir un enfant, une famille… et d’un autre côté je peux aussi imaginer ma vie sans enfant mais je sais pas… je suis perdue à ce niveau là je crois. Ça me fait du mal de plus pouvoir me projeter je crois aussi. Toute ma vie j’ai vécu au jour le jour, et pour une fois que je m’engage… je m’en veux un peu à ce niveau là je crois.

Je sais qu’il a envie d’arrêter, je sais qu’il en souffre, mais parfois j’ai peur qu’il n’y arrive jamais en fait. Je veux pas vivre ce combat des années encore, même pas des mois je crois…

Quand je dis que j’ai honte c’est vis à vis de ma famille et mes amis surtout, quand je dois mentir sur la situation. J’ai honte aussi parce que c’est le premier vraiment depuis ma vingtaine que je fais rentrer dans ma vie… et c’est en fait un cocaïnomane… je m’en veux d’un côté d’avoir honte de lui parce qu’il n’est pas que ça mais ça me pèse en fait.
Jean basket tu racontes quoi à tes proches quand t’es sans lui?

Merci encore pour les échanges ça fait du bien.
Belle soirée à vous

Chaes - 26/10/2021 à 21h46

Bonjour Abysse et bonjour à tous,

Je suis dans même situation et je viens de lire votre message, je me suis tout de suite identifiée,
Mon copain depuis bientôt 4 ans est retombe dans la C. Pendant le confinement ( il a eu des problèmes étant plus jeunes mais était clean depuis 8 ans )
Jai aussi honte vis à vis de ma famille et mes amis qui me disent de le quitter.
Je suis dans la même situation , 32 ans, amoureuse mais à peur qu’il ne se soigne jamais , de passer q côté de ma vie et ne jamais avoir d’enfant .
C’est une situation très difficile car j’ai l’impression que mon entourage rêve que je le quitte mais au fond ce n’est pas mon envie.
Hier il a eu une grosse rechute … très dur. Il est suivi par un psy , veux sen sortir , mais je me pose la question si réellement c’est possible ?

Courage à vous .

Jean-baskets - 26/10/2021 à 23h55

Hello Abysse,

ahhhh comme je te comprends... :/ C'est exactement la même chose ici, avec mes 30 ans, ma vie au jour le jour, cette volonté de construire des choses ensemble mais sur cette base qui est fragile et je dirais même pourrie.
Par contre, je suis moins bienveillante que toi : oui il a envie d'arrêter...lorsqu'il est en gueule de bois. Le reste du temps, il reprend comme si de rien n'était et ce, même quand je lui formule une demande expresse (ex : lui demander de ne pas en prendre la veille de mon premier jour dans une nouvelle boîte où je suis hyper stressée, ou pour ce WE, la veille de notre départ à l'étranger - j'espère qu'il en prendra jeudi, comme ça je partirai l'esprit tranquille avec quelqu'un d'autre à côté de moi qu'un cadavre samedi matin...).
Et oui, moi aussi j'ai honte de lui, honte d'avouer à mes proches qu'il est comme ça. Au début, c'était surtout pour lui, pour ne pas "le balancer", maintenant c'est vis-à-vis de moi. J'ai peur d'être la paumée qui essaie de faire sa vie avec un camé. Je l'aime, mais sa façon de vouloir oublier le monde et sa vie en général le temps d'une soirée, ça me dépasse - ça m'est arrivé avec l'alcool à des moments bien difficiles de ma vie, je le concède, sauf que pour lui c'est une façon d'être généralisée : il n'aime pas sa vie, il ne doit pas s'aimer, et quid de moi ? Je préfère ne plus trop m'arracher les cheveux, ça me fait trop souffrir.
Pour ce que je dis à mes proches : je fais croire à certains qu'il est solitaire, à d'autres qu'il déteste rester à table (ce qui n'est pas faux du reste), ou encore à d'autres qu'il est sauvage, leur faisant comprendre par là qu'ils ne le rencontreront jamais. C'est pourri de mentir à tout le monde pour quelque chose dont on n'est pas responsable, mais je préfère encore ça à assumer le fait que je sors avec un drogué, qui ne vit - presque - que pour ça.
Au début je l'excusais, et je comprenais qu'il est difficile de sortir d'une addiction. Maintenant, je ne le plains plus : il se fait mal tout seul, mais aussi il me fait mal à moi - les week-ends ù on avait prévu quelque chose, les soirées que je passe seule, les moments où j'avais besoin de lui.

Ce soir, je suis sortie avec des amis, et quel bonheur de ne pas baigner dans cette ambiance glauque où l'excitation se mêle à la mélancolie et au désarroi. J'ai failli le quitter à cause de ça ce matin, et il ne s'en est même pas rendu compte... :/

Bonne soirée quand même happy

Pepite - 27/10/2021 à 14h38

Bonjour à vous toutes,

Je vous trouve fabuleuses et je vous invite à continuer à exprimer ici vos ressentis et vos émotions.

Concernant vos conjoints, ils sont prisonniers de leur addiction mais leur prison mentale n'a pas de sens pour vous parce que des moyens existent pour s'en libérer.
Alors vous avez honte de cette relation parce que vous acceptez de vivre cela.

Pour vous c'est l'amour qui cimente votre couple.
B Cyrulnik dit que tomber amoureux est délirant car on mise tout sur une personne qu'on ne connait pas.
Il explique aussi qu'on crée ensuite des liens d'attachement et que certains couples vivent des histoires très difficiles.
Selon moi le couple fait sens à son histoire respective. On ne se choisit pas par hasard.

Alors je vous invite à vous centrer sur vous, à regarder ce qu'il y a dans votre cœur. Des peurs, des blessures, des manques, des failles, des croyances, peut-être même des traumas.

J'ai moi-même traversé plusieurs crises dans mon couple avec une séparation de 3 ans parce que je lui avais mis des limites. On ne peut surmonter ce genre d'épreuves qu'à 2 mais jamais seul.
Toutes les fois où j'ai exprimé clairement mes besoins, il y a eu une évolution parce qu'il avait compris qu'il était vital pour moi et qu'il se ferait sans lui. La sincérité paye.

Dans tout cela, vos amis ont certainement acquis des facteurs de vulnérabilité liés à leur enfance. Une thérapie les aiderait ainsi qu'un entourage bienveillant mais surtout solide. Donc avec des personnes qui sont bien dans leur vie et un milieu protecteur et sécurisant.


On ne peut gravir la montagne qu'avec des prérequis et un bon guide.

Bien à vous,

Pépite




Abysse - 04/11/2021 à 16h37

Bonjour Pépite et Jean basket,
J’espère que vous allez bien?

Vous avez raison pépite, se recentrer sur soi et prendre soin de soi est la clé je pense. Ça aide aussi à trouver des réponses sur ce que l’on veut, ce que l’on est prête à accepter ou pas. Finalement on est toutes différentes et il n’y a pas de règles. Une vraie thérapie peut être une bonne idée. Car je sais que moi aussi j’ai mes traumatismes et mes peurs.

J’ai arrêté de le plaindre aussi Jean basket… je lui ai répété plusieurs fois qu’au final il faisait ce qu’il voulait et pouvait mais que moi tout ça pour l’avenir ça me disait rien…
Je me prépare aussi au fait que je n’aurai peut être pas d’enfants et ce n’est pas grave. Ce que je veux c’est une famille en fait, pas juste un enfant.
Parfois quand ça ne va pas je m’imagine sans lui. C’est dur mais je me mets des projets en mode solo, comme prendre mon propre cheval tout ça… donc je me dis que quoiqu’il se passera entre nous, ma vie continuera d’avancer avec de beaux projets.

Cela dis depuis 1 semaine il tient bon… étonnamment il a rien touché depuis plusieurs jours, est avec moi le soir, on cuisine ensemble… on se retrouve un peu. Il me dit qu’il se sent mieux sans, que ça le dégoûte presque quand il y repense. Qu’il veut tenir bon! Et qu’il est fier de lui. Alors je l’encourage… je ne crie pas victoire car je sais que les rechutes arrivent vite mais je trouve ça positif en tous cas.

Belle soirée, hâte de vous lire.

Pepite - 04/11/2021 à 18h05

Bonsoir Abysse,

C'est un plaisir de vous lire. Je sens à travers votre récit un lâcher prise et une certaine sérénité.

Certainement aussi que vous communiquiez sans opposition, sans stress, sans reproches, ce qui est important pour avancer. Etre capable de s'exprimer et de s'écouter est primordial.
Est-ce cela ?

Je vous souhaite le meilleur à vous 2. Cuisinez, partagez, vivez.

Avec tout mon soutien,

Pépite

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