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Par Profil supprimé

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Profil supprimé - 07/01/2011 à 21h54

Bonjour à tous. Je suppose que c'est le seul endroit où je peux m'exprimer et savoir que des gens comprennent. Mon père a pris de l'héroïne quotidiennement pendant plus de quinze ans. Il s'est désintoxiqué définitivement quand j'avais sept ans. C'est à cette époque que l'hépatite C dont il était jusqu'alors porteur sain s'est déclenchée. Deux ans dans l'enfer. Je croyais que mon père allait mourir. Mais il s'en est sorti. Pendant plusieurs années, il a mené une vie la plus normale possible, a trouvé une petite amie, une jolie maison. Il s'occupait peu de moi, mais j'en avais l'habitude. Je ne savais alors pas qu'il était toxicomane. Je soupçonnais un passé l'alcoolique. Mon père a toujours vécu entouré des fantômes de son passé, courbé sous le poids d'une culpabilité terrible: celle d'avoir survécu, alors que son meilleur ami est mort du Sida à 27 ans. J'ai dix neuf ans. Je sais la vérité sur son passé depuis mes douze ans. Pendant sept ans, j'ai été fière de cet homme qui s'en était sorti. J'avais même la présomption de croire que c'était un peu pour moi, qu'il avait réussi à quitter le monde du trafic. Depuis quatre ans, il est revenu sur son ancien lieu de vie. Je n'ai pas immédiatement compris le danger. Et puis, il y a deux mois, il m'a téléphoné, paniqué. Un ancien "ami" du milieu lui avait proposé un rail. il avait failli accepter. Je l'ai vu il y a deux semaines. Je n'ai pas reconnu mon père. Il a maigri. Il n'était pas rasé. Ses cheveux étaient beaucoup trop longs. Ses yeux étaient rouges, ses pupilles dilatées. Il était d'une humeur exécrable. Il était différent. Il riait d'histoires terribles. Il m'a avoué qu'il prend 8 Xanax (anxiolytique puissant, qui provoque très vite une effet de dépendance) par jour. J'ai la certitude, au vu du dosage, que ce n'est qu'un substitut. Après quatorze années de normalité, mon père a replongé. Il m'a de nouveau abandonnée. Je n'ai même pas la force de lui en vouloir. Il me dégoûte. Je ne pourrai plus jamais l'aimer. Je ne pourrai plus rien lui pardonner. Parce que je sais tout de son passé. Y compris ce que la drogue a engendre de plus immonde dans son comportement. Je lui ai pardonné d'en avoir vendu. Je lui ai pardonné d'en avoir pris. Je lui ai pardonné le fait d'aimer ses fantômes, plus qu'il ne m'aimait, moi. Je lui pardonné de n'avoir pas été là. Je lui ai pardonné de m'avoir frappée. Lui, il ne s'en souvient pas. Je lui ai tout pardonné parce qu'il avait réussi à s'en sortir. Parce qu'il était revenu d'entre les morts. Mais comment lui pardonner ça? Comment lui pardonner de m'avoir abandonnée, encore? Comment me pardonner de n'avoir pas su remplir sa vie, pour qu'il n'ait plus besoin de cette saleté? Je ne lui pardonnerai jamais. Je ne me le pardonnerai jamais. Et maintenant? Comment construire ma vie, puisque j'ai honte de mon propre sang, puisque mon propre père me fait horreur?

Merci d'avoir pris le temps de me lire.

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