Moderateur - 26/08/2019 à 19h07

Bonjour,

Vous n'avez toujours pas eu de réponse et c'est bien dommage.

Vos deux fils ont banalisé leur consommation de cannabis et refusent d'entendre parler d'un arrêt. C'est souvent le cas chez les fumeurs de leur âge. L'injonction parentale à arrêter est également très souvent inopérante. D'un côté c'est normal : s'ils cédaient ils abdiqueraient leur volonté à celle de leurs parents et perdraient en autonomie psychique à un moment où ils sont sensés devenir "adultes". Mais dans autre côté c'est évidemment regrettable car s'enclenche une dynamique négative entre parents et enfants autour de la consommation de cannabis. Cette dynamique contribue à sa manière à renforcer l'importance du cannabis pour eux et les empêche d'avancer dans le "bon" sens.

On sera bien d'accord avec vous sur le fait que ce n'est pas chasser un enfant de son toit qui fait qu'il va arrêter de consommer. Du moins dans un premier temps : libres, vos fils prendront moins de précautions pour fumer et leur consommation pourra s'intensifier.

Mais d'un autre côté c'est en étant autonomes et confrontés à eux-mêmes que des conditions seront réunies pour que vos fils commencent à faire un pas de côté vis-à-vis de leur consommation. S'ils doivent se gérer eux-mêmes cela peut changer bien des choses.

Cependant, les conditions pour qu'ils réfléchissent mieux par eux-mêmes pourraient aussi être réunies en restant chez vous si vous vous y preniez peut-être autrement. Donc l'enjeu ne se résume pas forcément au fait de les chasser de chez vous ou non mais plus aux possibilités et à votre capacité à créer un espace apaisé de dialogue.

Un conseil que nous pourrions vous donner c'est de moins vous focaliser sur leur consommation et la nécessité qu'ils arrêtent afin de ne pas en faire un enjeu de leur autonomisation. Cultivez vos bonnes relations avec eux, essayez de créer et trouver des moments apaisés pour les inviter à réfléchir sur eux, sur comment cela se passe pour eux et sur ce qu'ils veulent faire de leur vie. Dans ce cadre des questions comme "Le cannabis les aide-t-il à réaliser leurs ambitions ?" "Rester dans un cocon cannabis/jeux vidéos/foyer familial où papa/maman sont là correspond-t-il bien à leur ambition ?" C'est certes confortable pour eux mais est-ce vraiment comme cela qu'ils se voient dans 5 ou 10 ans ? Titillez-les avec ce genre de questions mais sans insister ou sans agressivité non plus.

C'est en faisant un "pas de côté" vis-à-vis de leur vie actuelle dont la consommation de cannabis fait partie que vos fils pourront commencer à remettre en cause leur comportement. C'est un processus qui peut être lent mais si les uns et les autres restez dans l'écoute et le respect, si vous leur faites bien comprendre que continuer ou arrêter leur appartient et non à vous, alors il peut y avoir du mouvement. Les choses se cristalliseront moins autour d'un enjeu d'autonomie et de pseudo rejet de la société et de ses règles. Il faut que vos fils puissent sentir qu'ils sont acteurs de leur propre vie et que ce qu'ils font a des conséquences avant tout pour eux.

Que vous décidiez de faire partir vos enfant ou pas, en tout cas essayez de privilégier une bonne relation avec eux et de les pousser à réfléchir par eux-mêmes pour eux-mêmes. C'est votre dernier cadeau de parent à leur faire avant leur pleine vie d'adulte.

Quant à votre dernier n'en faites pas un sujet tabou s'il est au courant. Vous ne pourrez pas l'empêcher lui aussi de consommer du cannabis s'il en rencontre au collège ou au lycée ou via ses frères. Mais vous pourrez l'aider à dire non ou à ne pas en faire un mode de vie si vous lui expliquez les enjeux et les risques de tomber dedans et si vous lui apprenez à prendre soin de lui avant tout.

Cordialement,

le modérateur.

PS : discutez-en avec votre mari. Parler d'une même voix est préférable. Il ne faudrait pas que ces problèmes vous éloignent. Il n'y a pas de position idéale : sa proposition comme vos réticences ont leur légitimité. L'important c'est de faire des choix assumés et, vous l'aurez compris, de ne pas couper les ponts et de maintenir une dialogue apaisé avec vos fils.