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comment aider une ado cannabis-dépendante dans le déni de consommation ?

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Nous venons d'avoir confirmation de la consommation de cannabis de notre ados de 15 ans. Cela faisait deux ans qu'elle était suivi pour troubles du sommeil, et un éducateur pour cause de troubles scolaire associés ! Nous n'avons rien vu, rien suspecté !
C'est suite à une arythmie qui l'a envoyé à l'hopital avec bilan vital engagé qu'elle nous a dit avoir fumé un joint. Là, elle vient de me dire que d'après elle, ce n'est pas le cannabis qui est en cause vu qu'elle en consomme depuis deux ans ... et quotidiennement depuis deux mois
Elle est dans le déni
Estime qu'elle n'est pas accros, refuse de voir un psychologue, ne veut pas aller à son RDV en addictologie.
Ses notes ont chuté de manière catastrophique, zéro de moyenne à l'approche du brevet. Elle qui est une surdoué avec une mémoire d'éléphant !
Quand je refuse de la laisser sortir voir la bande de "'copains" le soir, et que le manque se fait sentir, elle est agressive, tape dans tout ce qui est à porté de pieds, casse le mobilier, dérape verbalement
Et est une crème dès qu'elle a sa dose
C'est dur pour moi et mon mari, nous nous demandons où nous avons fait une erreur,
qu'est-ce que je n'ai pas vu, entendu de souffrances cachées ?
C'est dur aussi pour son grand frère de 19 ans, Il était dans l'équipe SP de première intervention le soir de son malaise
Avant il ne la supportait pas du fait de son agressivité verbale, maintenant il y a une sensation de honte vis à vis des autres pompiers (nous sommes un village où tout le monde se connait)
Sa soeur de 13 ans angoisse pour elle
Les deux petits ne comprennent pas
Comment pouvons nous l'aider
Elle refuse toute aide, est dans le déni de sa consommation, déni d'addiction, déni de soucis scolaire à grand renfort de "je m'en bat les coui**"
Que faire

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2 réponses


Moderateur - 15/04/2016 à 11h52

Bonjour Pénéloppe67,

Tout d'abord votre fille n'est pas dans le déni de sa consommation puisqu'elle a pu vous dire ce qu'elle consommait. Ce n'est pas si courant que cela ce genre "d'aveu". C'est peut-être un appel au secours, c'est peut-être une provocation aussi où vous, ses parents, êtes convoqués pour lui démontrer que vous pouvez répondre à la situation bien qu'elle vous échappe. Car votre fille, qui grandit, est confrontée elle-même à l'angoisse de voir que vous, ses parents, êtes et serez de plus en défaillants pour vous occuper d'elle. Elle teste peut-être, en ce moment, votre solidité. Elle a peut-être peur de se prendre en charge elle-même, ce qu'elle sera pourtant amenée à faire de plus en plus souvent au fur et à mesure qu'elle grandit et ce vers quoi vous devez l'amener aussi progressivement.

Cependant votre fille est dans le déni que sa consommation de cannabis soit un problème. Elle ne veut pas que cela soit problématisé et c'est surtout à cela que vous vous heurtez. Elle ne le veut pas parce que cela lui procure un plaisir, elle ne veut pas parce que cela participe de l'appartenance à son groupe d'amis, à un âge où il est plus important que toute autre chose de se reconnaître dans d'autres groupes que la famille.

Vous n'allez pas résoudre le problème en un instant. Il est important que vous ne lâchiez pas votre fille, cela ne veut pas dire que vous devez la harceler avec cela, mais plutôt que vous ne devez pas paniquer, que vous devez faire face en maintenant vos valeurs, votre écoute et votre solidarité avec elle. La solidarité c'est très important. Elle ne doit pas devenir le petit mouton noir de la famille même si c'est ce qui semble se passer actuellement. Il est par exemple relativement anormal et toxique que cela soit la "honte" qui prévale chez son frère sur le lien fraternel. Son frère ferait mieux d'endosser son rôle d'aidant et la défendre : elle en a besoin. D'accord elle inquiète tout le monde (et elle a peut-être besoin de cela pour se sentir exister) mais pour autant elle conserve un avenir, elle a des qualités qu'il convient de soutenir pour qu'elle s'y reconnaisse, prenne appui dessus pour prendre confiance en elle. Votre fille ne s'en bat pas les coui*** malgré ce qu'elle dit, c'est tout le contraire : cela la préoccupe beaucoup de savoir qui elle est et ce qu'elle vaut réellement. Vous faites d'ailleurs allusion au fait qu'elle soit "surdouée" : bien des surdoués, mis sur un piédestal, sombrent à l'adolescence car c'est une lourde responsabilité pour eux de se sentir différents des autres. Au moment de l'adolescence ce statut "à part" les met au plus mal car ils ont besoin de se reconnaître au contraire dans les autres.

En d'autres termes la situation qui semble complexe, qui comporte ses dangers dont vous ne pouvez pas entièrement la protéger, mérite surtout de réaffirmer que vous, ses parents, ses frères et sœurs, ne la jugez pas et restez solidaire. Vous devez maintenir votre cadre, qu'elle transgresse parce qu'elle en a besoin (mais c'est relativement normal), tout en l'interrogeant pour trouver par quels biais vous pouvez aussi "faire autrement" pour lui donner les moyens de se prendre en main, les outils qui lui permettront de passer ce cap. Dans cet instant délicat, avoir à portée de main un cadre réflexif est important car cela vous permettra de trouver les modalités d'action que vous avez à votre disposition, de comprendre ce que vous pouvez faire.

Mon conseil est donc que vous rencontriez, votre mari et vous, les professionnels d'une Consultation Jeunes Consommateurs (CJC). En effet ces CJC, qui reçoivent les jeunes, reçoivent aussi les parents. En quelques entretiens un bilan de la situation sera fait et vous aurez sans doute des pistes d'action à essayer. S'il s'avérait que la situation est plus complexe encore qu'il n'y paraît et nécessite une aide spécialisée, alors les professionnels de la CJC passeront le relais vers les structures adaptées. Tout cela est gratuit et vous trouverez les coordonnées de la CJC la plus proche en entrant votre ville ou votre département dans le formulaire de recherche au bas de cet article qui présente justement ce que sont les CJC : http://www.drogues-info-service.f...-aide-aux-jeunes-et-a-leur-entourage

Cordialement,

le modérateur.

Moderateur - 15/04/2016 à 12h06

Re-bonjour,

J'ai oublié de préciser aussi que vous n'avez pas fait d'erreur particulière dans votre éducation pour en arriver là. Ce genre de situation arrive strictement dans toutes les familles. Cela tient aussi bien aux rencontres que fait votre fille qu'à sa position dans la fratrie qui rend difficile pour elle de savoir ce qu'elle est ou qui rend nécessaire pour elle de se construire "en opposition" au modèle du grand frère par exemple. Le statut "spécial" que lui ont peut-être conférées ses capacités intellectuelles "hors normes" est peut-être aussi vécu douloureusement par elle à un âge où l'on veut s'identifier à d'autres. En d'autres termes n'endossez pas toute la responsabilité de la situation car il y a beaucoup de raisons indépendantes de votre volonté et de vos actions qui font aussi que votre fille en est là aujourd'hui.

Ce dont vous devez vous sentir responsable désormais c'est de ce que vous faites réellement, maintenant que vous connaissez la situation, pour comprendre votre fille et lui donner les moyens de ne pas sombrer. Malgré les apparences vous restez, votre mari et vous-même, ses piliers encore aujourd'hui. Ne l'enfermez cependant pas, donnez-lui les bonnes ailes pour voler et être elle-même.

Bonne continuation.

Le modérateur.

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