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Quelle attitude face à un consommateur dans le DENI ?

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Bonjour, Mon mari est age de 57 ans. Il a été toxicomane pendant son adolescence, et a stoppé la consommation d’héroïne et de cocaïne à la trentaine. Il a toutefois continué à fumer du cannabis. Je me suis aperçue qu'il avait repris la cocaïne depuis quatre ans, sans en avoir la certitude (il gérait très bien sa consommation et je ne voyais pas grand chose dans son comportement). Au fil du temps, j'ai bien vu que quelque chose "clochait" et j'ai fini par comprendre ce qui se passait. J'ai essayé de lui en parler, et de toutes les façons possibles (lors d'une discussion tranquille, lors de disputes, etc....., il est dans un déni total. (je trouve les produits partout dans l'appartement : il dit que je délire. J'ai fini par espionner son téléphone pour en avoir le cœur net et les messages qu'il échange avec son cousin (et ami) sont éloquents. Ils consomment tous les deux de façon importante, et parfois, sur une journée, s'arrangent même pour "taper" ensemble à distance !!! Génial !!! De toutes façons, et malgré l'énergie qu'il dépense à essayer de me faire prendre des vessies pour des lanternes, j'ai bien constaté qu'il se lève le matin, agressif, prêt à mordre à la moindre remarque "tu me prends la tête", tourne en rond, met 45 mn a aller chercher le pain (un petit tour chez le dealer) n'arrive même plus à faire les courses correctement, n'achète que ce qui lui plait (je suis obligée d'acheter ma propre nourriture parfois) part dans la chambre des heures entières et revient calmé, traîne toute la journée, et se couche vers 4 H du matin dans la seconde chambre. Il est surtout très incohérent, dit tout et son contraire, part sur des projets, y passe des heures pour laisser tomber. Il devient aussi complètement obsédé par certains sujets d'actualité, radote, rabâche des propos racistes et haineux à longueur de journée, et lorsque j’essaie de lui faire comprendre que cela m'est pénible d'entendre à longueur de journée sa haine et son agressivité, il me répond qu'il me harcèle car "JE LES DEFENDS" ! C'est insupportable car je n'ai aucun argument devant tant de crétinerie. Je me sens terriblement seule et je sombre dans un monde d'incohérence et d'incompréhension. Au fil du temps, devant tant d'incongruités, je suis tombée en dépression, Je ne vois qu'un être totalement centré sur lui même, se comportant parfois comme un véritable pervers narcissique - manipulateur à l’extrême. Il utilise toutes mes petites défections ou les imperfections de ceux que j'aime (ma famille proche) et insulte à tour de bras. J' ai tellement entendu d’insultes que parfois il m'arrive de le provoquer pour voir jusqu’où il peut aller. Pour exemple, j'ai perdu ma mère au mois de juillet, elle avait 90 ans et sa fin de vie a été très difficile et douloureuse : le jour de son enterrement, il m'a dit qu il était content qu'elle ait souffert autant car c'était un salope; Que répondre à cela ? Je ne réagis plus par rapport aux énormités qu'il profère, cela ne me choque plus car je m'y suis accoutumée mais je ne comprends pas comment on peut se montrer aussi méchant, sans raison.. Je n'arrive plus à comprendre ce qui se passe dans son cerveau pour devenir aussi DÉBILE. Il devient un véritable monstre d’égoïsme, ne fait que ce qui lui plait, ne s'occupe plus rien dans la maison et se lance dans des projets sans tenir compte de moi (il vient d'acheter une maison, mais je vais devoir TOUT prendre en charge matériellement, car il est incapable de gérer quoi que ce soit.) Il a de gros moyens financiers et n'hésite pas à dire qu'il paye donc les autres sont ses larbins. Je voudrais le quitter mais je ne dispose pas de gros moyens financiers, je ne pourrais pas payer un loyer. De plus, il m'a tellement vidée que je suis paralysée, je me contente des miettes de tranquillité qu'il me laisse parfois pour récupérer un peu mais n'ai pas assez d'énergie pour tenir une position constante. je suis consciente de mon manque de réactivité, et cela me culpabilise mais je n'arrive plus à bouger. Je précise que je vois un psy - lui refuse de consulter : les psys sont des cons !!!! plutôt que prendre des anti dépresseurs, prends de la coke, c'est mieux ! voici le genre d'argument qu'il profère..... Certains matin, je pleure en me réveillant, s'il s'en aperçoit, j'ai droit à "pourquoi tu pleures ? C'est de ma faute c'est ça ? tu vas encore dire que c'est à cause de moi, que si tu es déprimée c'est de ma faute, si tu développes un cancer, ça sera moi, blabla....." arrête de te poser en victime, tu ne te remets jamais en question, tu te complais dans le négatif, tu ne veux pas être heureuse, tu ne seras jamais satisfaite...... Moi, j'essaie de refaire le chemin à l'envers pour ne pas devenir folle. Tout allait bien, pourquoi ce saccage ?.. On dirait qu'il prend un malin plaisir à faire le vide autour de lui. A chaque fête de famille, il me harcèle, sabote mes préparatifs, et lorsque les enfants arrivent, je suis au bord de l'explosion. Devant eux, il se montre calme et convivial et dès qu'il s'en vont, recommence à me pilonner ! Comment dois je réagir ? J'en suis arrivée au point où il me semble impossible d'essayer de maintenir une vie de couple harmonieuse et ma seule préoccupation est de ME maintenir à flot. J'étais une personne solide, énergique, sociable, agréable. Il m'a dit d'ailleurs que c'est ce qui l'a séduit lorsqu'il m'a rencontré. J'ai perdu toute ambition de redevenir celle que j'étais mais je voudrais au moins pouvoir être sereine dans mon foyer lorsqu'il est présent. Dois je faire comme si de rien n'était et m'adapter à ses incohérences de façon à ne pas le brusquer ? Dois je me battre contre lui espérant que malgré le fait qu'il "cache la poussière sous le tapis" , il a conscience que son attitude nous mène droit dans le mur et qu'un jour, il aura suffisamment de clairvoyance pour réagir ? Je suis triste, amère, et surtout en colère du constat. Toutes ces années perdues pour tomber dans un marécage toxique. J'ai travaillé toute ma vie (j'ai 60 ans) j'ai élevé mes enfants, je me suis battue et espérais avoir une vie sereine : je me retrouve face a un adolescent attardé prisonnier, manipulateur et violent verbalement. Je ne sais plus quoi faire.

Mise en ligne le 31/12/2018

Bonjour,

La description que vous nous faites de votre situation, montre une réelle souffrance dans votre couple et votre quotidien. Nous comprenons très bien votre difficulté à trouver la bonne posture pour tenter de vous protéger face au comportement de votre mari.

Votre mari a connu toute sa vie des dépendances aux produits stupéfiants, de l’adolescence à aujourd’hui. Cela ne peut qu’attirer notre attention sur le fait qu’il y a certainement chez lui des raisons personnelles et intimes de l’ordre du mal-être qui pourraient expliquer toute une vie de consommation. Depuis 4 ans, il consomme de la cocaïne et malgré vos différentes tentatives d’approches pour lui faire prendre conscience de la situation, il nie et n’a pas le souhait de changer ses habitudes.

Une personne qui est dans le déni de sa dépendance n’est pas en mesure de reconnaitre sa difficulté. Vous le dites très bien au travers de votre récit, il va même jusqu’à vous provoquer en vous proposant de consommer vous-même de la cocaïne. Cette attitude ne laisse pas de place à la remise en question, par conséquent il est souvent épuisant et vain pour l’entourage d’aborder le thème de la consommation. Votre mari, pour l’heure, tire un certain bénéfice de cette consommation c’est pourquoi il ne souhaite pas entendre des propos pouvant le mettre face à sa problématique.

Nous sommes sensibles à ce que vous traversez, car finalement son comportement déroutant et vos conflits occupent tout votre espace intime et psychique au point que votre moral faiblit. Ce qui est très positif à notre sens c’est que vous ayez trouvé un espace d’écoute et de parole auprès de votre psychologue ou psychiatre. Vous vous posez beaucoup de questions sur l’attitude à adopter, mais il nous semble qu'il est important que vous puissiez évaluer vos propres limites. Jusqu’où cette situation est-elle envisageable pour vous ? Qu’êtes-vous encore en mesure d’accepter tout en préservant votre équilibre psychique ? Vous seule pouvez répondre à cela.

Peut-être qu’en plus du professionnel qui vous suit, serait il intéressant que vous puissiez aborder ces questions avec des professionnels en addictologie. Il existe des consultations confidentielles et gratuites dans des Centres de Soins d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA). Différents professionnels (médecin addictologue, psychologue, infirmier) accueillent également les proches de personnes dépendantes pour les écouter, les informer et les conseiller. Ils  peuvent vous aider à comprendre les mécanismes de la dépendance, du déni et vous apporter des clés de compréhension. Cela vous permettra de faire le point sur votre situation en prenant le recul nécessaire.

Il existe également des groupes d’entraide et de support concernant les proches des personnes dépendantes, certains CSAPA le proposent.

Vous trouverez un lien en bas de page sur les différentes aides possibles dont une rubrique vous permettant de trouver un CSAPA proche de chez vous.

De plus, il nous parait souhaitable que vous ne restiez pas isolée dans cette situation, parler avec vos proches peut vous permettre de bénéficier d'un réel soutien.

Enfin, sachez que vous pouvez nous contacter au 0 800 23 13 13 (appel anonyme et gratuit) tous les jours de 8h à 2h ainsi que par chat via notre site internet, 7 jours sur 7 de 14h à minuit.

N’hésitez pas car cela peut aussi vous permettre d’interagir avec un professionnel dans des moments où vous vous sentez en difficulté.

Bien cordialement.

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